ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.236
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  • ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE
  • Le Pèlerin, N. S., IV, n° 189, 15 août 1880 p. 1355-1358.
  • TD 8, P. 236.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE MARIE
    1 ANGES
    1 APOTRES
    1 APPARITIONS DE LA SAINTE VIERGE
    1 BENEDICTION
    1 CIEL
    1 COEUR DE MARIE
    1 COMBATS DE L'EGLISE
    1 DEVOTION A LA SAINTE VIERGE
    1 DIEU LE FILS
    1 EUCHARISTIE
    1 GRACE
    1 JESUS-CHRIST
    1 MARIE
    1 MARIE NOTRE REINE
    1 MERE DE L'EGLISE
    1 MORT
    1 PAUVRE
    1 PECHE ORIGINEL
    1 PRETRE
    1 PURETE DE MARIE
    1 PURGATOIRE
    1 REINE DU CIEL
    1 SACRIFICE DE LA MESSE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SALUT DES AMES
    1 SATAN
    1 TRINITE
    1 VEUVES
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 ADAM
    2 ASSUERUS
    2 DAVID, BIBLE
    2 ESTHER
    2 ETIENNE, SAINT
    2 EVE
    2 HABACUC
    2 JACOB
    2 JEAN, SAINT
    2 JUDITH, BIBLE
    2 MACCABEES
    2 MICHEL, SAINT
    2 PAUL, SAINT
    2 RACHEL
    2 REBECCA
    2 SARA
    3 BABYLONE
    3 JERUSALEM
    3 JUDEE
    3 MONT SION
  • 15 août 1880.
  • Paris
La lettre

Marie, après la consommation du sacrifice du Calvaire, passa le reste de sa vie sur le mont Sion. C’est sur ce mont, dont le nom signifie aridité, sécheresse, que la B. Vierge délaissée a souffert en compagnie de saint Jean, enfant du second enfantement et représentant l’Eglise tout entière.

Marie est alors privée de son Fils et de son Père, car Jésus-Christ, le Verbe est fils de Marie dans le temps selon la chair, mais comme Créateur il est son père; elle est privée de son époux, car l’Esprit étant consubstantiel au Fils, tout est perdu comme présence sensible pour Marie, et David inspiré semble parler d’elle lorsqu’il dit: Viduam ejus benedicens benedicam. Je comblerai de bénédictions cette veuve privée de tout, cette grande veuve dans la force du terme. Les veuves sont chères aux enfants bien nés; elles ont droit, à cause de leur douleur, à un amour plus tendre. Il faut entendre les veuves selon saint Paul, qui portent, comme la mère des Maccabées, un esprit viril dans un coeur de femme. Comme la mère des Maccabées, la grande veuve veillait sur ses enfants; peut-être assistait-elle au martyre de saint Etienne; en tout cas elle soutenait et fortifiait de sa présence l’Eglise naissante.

Mais le temps approchait où Marie devait recevoir le comble des bénédictions. Elle avait 72 ans, nous dit la tradition, lorsque son coeur se prit d’un violent désir de revoir son Fils. Elle se livra à la douleur que lui causait son amour et répandit une grande abondance de larmes. Alors un ange lui apparut au milieu d’une merveilleuse lumière: « Salut, Marie, lui dit-il, toi qui as reçu la bénédiction de Celui qui a donné le salut à Jacob. Je t’apporte une palme cueillie dans les jardins du paradis; ordonne qu’on la porte derrière ton cercueil le troisième jour après ta mort, car ton fils t’attend ».

Il l’assura en même temps que Celui qui fit autrefois transporter par les cheveux le prophète du fond de la Judée à Babylone, rassemblerait les apôtres pour assister à la visite de son Fils et célébrer ses funérailles. Et Jésus-Christ vint en grande compagnie d’anges, parmi lesquels se trouvait saint Michel qui prit son âme, après que l’amour l’eut séparée de son corps.

Mais il ne convenait point que la chair immaculée participât au sort de la chair qui a corrompu sa voie. Aussi trois jours après sa mort, le Seigneur, du haut des cieux, l’appela doucement: « Lève-toi, ma colombe, tabernacle de gloire, vase de vie, temple céleste;. conçue sans péché, tu n’as point en concevant connu la souillure; ton sépulcre sera glorieux et ne connaîtra pas la corruption ». Alors l’âme de Marie se réunit à son corps, et elle fût enlevée dans les cieux. Mère et reine de tous les saints, elle prit possession de son royaume et entra dans la Jérusalem du ciel, comme la reine de l’Ancien Testament était entrée dans la Jérusalem de la terre, avec une suite nombreuse. Des milliers d’anges, les ailes ouvertes, différant de splendeur et d’attitude, lui faisaient fête; Sara, Rébecca, Rachel, Judith et toutes les femmes qui l’avaient figurée se mêlaient aux jeux et aux chants des hiérarchies célestes; et la beauté de la reine était la joie de tous les saints.

Le mystère de l’Assomption est particulièrement doux à l’heure de la mort; ceux-la le savent et peuvent le dire qui, au milieu des maux de la vie présente, ont voulu trouver le soulagement, le soutien ou la guérison à l’ombre de ce mystère. Nous ne citerons qu’un trait de la Légende Dorée.

Un clerc qui avait beaucoup de dévotion pour la Sainte Vierge l’honorait en disant chaque jour: « Salut, Mère de Dieu, Vierge sans tache; salut, toi qui as été comblée de la joie des anges; salut, toi qui as engendré la lumière éternelle; sois notre éternelle protectrice ». Etant tombé gravement malade et se trouvant près de mourir, il fut saisi d’une extrême crainte, et la Vierge lui apparut et lui dit: « Pourquoi, cher enfant, as-tu tant d’effroi, toi qui m’as si souvent rendu hommage? Réjouis-toi, car tu auras avec moi part aux joies et aux gloires du paradis ».

Marie au ciel partage la puissance avec son Fils Jésus-Christ. Elle est magnifiquement figurée par Esther. Assuérus échauffé par le vin, figurant l’ivresse du sang de Jésus-Christ, offre la moitié de son royaume à Esther, non pas qu’il veuille abdiquer, mais il veut partager avec sa royale épouse l’exercice de la souveraineté; il en est de même de Marie au ciel, elle partage avec Dieu la souveraineté du monde comme dispensatrice des libéralités divines. L’Ecclésiastique nous donne l’étendue du royaume de la Vierge; Gyrum coeli circuivi sola, et profundum abyssi penetravi, in fluctibus maris ambulavi, et in omni terra steti, et in omni populo, et in omni gente primatum habui. Seule j’ai parcouru le cercle des cieux, j’ai pénétré la profondeur des abîmes, j’ai marché sur les flots de la mer; je me suis assise dans tous les lieux de la terre et parmi tous les peuples, j’ai eu l’empire sur toutes les nations.

Elle règne dans le ciel, et seule elle parcourt les cieux, parcequ’elle est unique dans l’ordre créé, comme le Christ est unique dans l’ordre divin. Comme il n’y a pas plusieurs Christ, que plusieurs hommes ne sont pas Dieu, ainsi le fils de Dieu n’a pas plusieurs mères selon la nature, sa prérogative est incommunicable, voilà pourquoi seule elle fait le tour des cieux.

Elle règne sur la profondeur des abîmes, parce que par sa puissance elle a écrasé la tête du démon orgueilleux. Eve avait attiré Adam au fruit défendu; Marie attire Dieu à elle par des charmes incomparables, et le Verbe incarné consomme la ruine de Satan.

Elle marche sur les flots de la mer: les flots conviennent aux peines du purgatoire qui passent comme les flots, mais comme les flots de la mer en raison de leur amertume. Or la Vierge délivre de ces flots ses fidèles et dévots serviteurs.

Enfin elle règne sur la terre pour convertir les pécheurs, porter les tièdes à la ferveur, entretenir la grâce de Dieu dans les coeurs.

Considérée en elle-même et dans ses relations avec les enfants de son second enfantement, la grande veuve du mont Sion a mérité le comble des bénédictions, et les générations doivent l’appeler bienheureuse. Viduam ejus benedicens benedicam.

Pauperes ejus saturabo panibus: Je rassasierai ses pauvres de pains. Sans doute, c’est Notre-Seigneur qui donne la vie; mais il est écrit de la Bienheureuse Vierge; Qui me invenerit, inveniet vitam, et hauriet salutem a Domino.

C’est dans l’Eucharistie que les pauvres sont rassasiés, qu’ils puisent la vie spirituelle du coeur et de l’âme, et c’est le corps de Jésus-Christ qui devient le principe de la vie. Cependant Jésus-Christ est déposé après la descente de la croix dans les bras de Marie, et c’est là que nous devons prendre la chair vivifiante de Jésus-Christ: Pauperes ejus saturabo panibus.

Sacerdotes ejus induam salutari; mais si le peuple chrétien va chercher cette chair, il faut que le sacrifice se continue, il faut que les prêtres se perpétuent, il faut de nouveaux prêtres pour le nouveau sacrifice, des prêtres revêtus du salutaire ou de l’Esprit-Saint; et les chrétiens se réjouiront d’une allégresse merveilleuse, et sancti ejus exultatione exultabunt.

O Vierge, nous vous demandons dans ce jour de la célébration de votre triomphe de venir en aide à votre famille, qui demande comme Judith dans le combat de chaque jour la force de Dieu pour l’heure présente et un regard favorable pour l’oeuvre de ses mains. Après ces grâces de la vie, ô Vierge de l’Assomption, nous vous demandons la grâce qui couronne toutes les autres, la grâce d’une sainte mort. Que cette dernière grâce nous soit gardée dans ces trésors de votre coeur, où se conservent les grands secrets de la gloire de Dieu et du salut de vos enfants.

Notes et post-scriptum