ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|ARTICLES DIVERS

Informations générales
  • TD 8.342
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  • LES SOEURS DE SAINTE SCHOLASTIQUE QUI REPANDENT LES SECRETS DE DIEU DANS LE MONDE.
  • Le Pèlerin, N. S., IV, N° 166, 6 mars 1880, p. 984-986.
  • TD 8, P. 342.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 AME EPOUSE DE JESUS CHRIST
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 ECRITURE SAINTE
    1 ERMITES
    1 FAUSSE SCIENCE
    1 FONDATIONS
    1 GRACES
    1 GUERISON
    1 MALADIES
    1 MIRACLE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MOINES
    1 MONASTERE
    1 MONIALES
    1 SAINTETE
    1 THEOLOGIE MYSTIQUE
    1 VIE CONTEMPLATIVE
    2 BENOIT, SAINT
    2 BERNARD DE CLAIRVAUX, SAINT
    2 BONIFACE, SAINT
    2 DAVID, BIBLE
    2 EUGENE III
    2 GERTRUDE, SAINTE
    2 GREGOIRE I LE GRAND, SAINT
    2 HILDEGARDE, SAINTE
    2 MECHTILDE, SAINTE
    2 OUDIN, EDITEUR
    2 SALVADO, RODESINDO
    2 SCHOLASTIQUE, SAINTE
    2 TERTULLUS
    2 WALBURGE, SAINTE
    3 ALLEMAGNE
    3 ANGLETERRE
    3 MONT CASSIN
    3 OCCIDENT
    3 SAINT-RUPERT, ABBAYE
    3 SAN GERMANO
    3 SOLESMES
    3 SUBIACO
  • 6 mars 1880.
  • Paris
La lettre

Le 9 février 1834, je descendais les rampes du Mont-Cassin, au son des cloches du monastère annonçant les premières vêpres qu’on allait célébrer pour la soeur de S. Benoît. Le matin, je m’étais agenouillé devant la tombe de cette illustre vierge, à qui le ciel avait, avant de mourir, donné raison contre le grand patriarche des moines d’Occident; j’avais visité le petit sanctuaire, érigé, dit-on, sur les ruines de la chaumière où Benoît et Scholastique avaient eu leur dernière entrevue sur la terre, et où, en s’entretenant du ciel, Benoît avait préparé Scholastique à prendre son vol vers la patrie. Ce souvenir m’est toujours présent, et il m’est très difficile de penser au fondateur du Mont-Cassin sans que la virginale figure de sa soeur ne se présente à ma pensée.

Ste Scholastique fut-elle vraiment religieuse ou simplement une pieuse fille? Je laisse l’examen de la question aux chercheurs de difficultés. Habita-t-elle, selon la tradition, près du village de San-Germano, au pied de la montagne Bénédictine, ou était-elle restée dans le voisinage de Subiaco quand S. Benoît quitta ses premiers couvents pour chercher un asile dans les bois que lui avait donnés le sénateur Tertullus? A quoi bon ces discussions, quand une tradition constante, corroborée par l’autorité de S. Grégoire le Grand, nous montre la descendante de la gens Anicia une vraie religieuse?

Non seulement elle fut religieuse, mais elle devint, comme S. Benoît, la mère d’une multitude d’âmes consacrées à Dieu et dont l’influence a été considérable sur le monde qu’elles ont quitté.

Nous racontons aujourd’hui, dans le supplément de la Vie des Saints, la vie de Ste Scholastique, mais, faute de place, nous n’avons pu saluer comme il convient cette merveilleuse postérité donnée à la soeur de S. Benoît.

Nous ne croyons offrir un meilleur couronnement à la vie de notre sainte que de la représenter au milieu des quatre grandes abbesses bénédictines qui ont illustré les siècles suivants et par lesquelles des grâces extraordinaires sont descendues sur le monde, puisque par elles N.-S. a multiplié ses révélations.

En notre gravure, Ste Scholastique (543) tient la règle où sont les inspirations venues du ciel, et de ce livre, plein des choses qui remplissent l’âme de la sainte, semble s’échapper la colombe sous la forme de laquelle le patriarche vit l’âme de sa soeur le précéder au ciel.

Mais cette colombe peut marquer aussi les célestes entretiens des filles qui l’entourent avec le divin Epoux.

Ste Gertrude (1334), qui a reçu les révélations les plus magnifiques que le coeur de N.-S. ait données jusqu’à ce jour à la terre, est sur la droite, tenant à la main son coeur embrasé.

Elle mourut à 33 ans, remplissant bien plus le monde par les révélations qu’elle lui apportait que par l’éclat du trône. (Fête le 17 mars).

A côté et avec un livre à la main est sa soeur Ste Mechthilde, qui la précéda dans le tombeau, et qui eut pour confidente de ses entretiens avec le ciel Ste Gertrude, en sorte qu’on se demande à laquelle des deux soeurs il a plu à N.S. de faire les révélations, dont la science constitue une véritable théologie mystique (1).

La troisième des abbesses est Ste Walburge; à droite de Ste Scholastique, elle tient la plume et la fiole.

Walburge, venue d’Angleterre en Allemagne pour se sanctifier, fut comme S. Boniface une apôtre illustre de ce pays, et N.S., qui se plaît à confier à des instruments faibles les plus hautes missions, lui donna des lumières pour éclairer les païens, pour multiplier les monastères comme à l’infini.

Longtemps après sa mort, en récompense sans doute de ses courses apostoliques, son pied laissa couler une miraculeuse liqueur, comme une huile, qui guérissait les malades. C’est pour cette circonstance que l’iconographie lui place une fiole dans les mains.

Enfin à gauche, Ste Hildegarde, née en Almagne (1098), consacrée à Dieu dès l’âge de huit ans, et à qui la recluse à laquelle ses parents l’avaient confiée n’enseigna que les Psaumes de David.

C’est à cette enfant, qui n’avait aucune science humaine, que la voix de l’Epoux se fit entendre pour lui demander de mettre par écrit toutes les choses qu’il lui ferait connaître, et, quoiqu’elle n’eût jamais su écrire, elle fit un livre de révélations; le pape Eugène III l’ayant lu en présence de S. Bernard, de cardinaux et d’illustres prélats, il n’y eut personne de cette savante compagnie qui ne bénît la bonté de Dieu de s’être communiqué d’une manière si rare et si admirable à une simple fille. Le pape lui ordonna, malgré sa répugnance, de continuer à écrire, et S. Bernard la consulta et la dirigea tour à tour.

Elle dut former une grande abbaye à S. Rupert pour recevoir les filles qui voulaient vivre sous sa conduite.

Elle résuma presque toutes ses révélations dans les trois livres: Science des voies de Dieu. Elle y rapporte qu’étant âgée de 42 ans 7 mois, un feu céleste, d’une clarté admirable, entra subitement dans sa poitrine et son coeur, et que, s’échauffant sans le brûler, il éclaira en un moment son esprit des vérités des Psaumes, des Evangiles et des autres livres de l’Ecriture sainte, quoiqu’auparavant elle n’en sût nullement l’interprétation.

Elle composa aussi des livres des oeuvres divines, des mérites de la vie, des causes des maladies du corps humain et de leurs remèdes, de la vertu des herbes et un petit commentaire de la règle de S. Benoît.

Mais les universitaires, les médecins et les savantasses vont se récrier si fort que je préfère m’arrêter.

Je les engage cependant à prier beaucoup Ste Hildegarde le 17 septembre, jour de sa mort et de sa fête, et à subir un peu l’influence que cette pauvre religieuse exerça sur son siècle.

A l’heure de son décès qu’elle avait prédite, on vit sur la montagne de S. Rupert deux arcs-en-ciel se croisant l’un sur l’autre sur tout l’hémisphère, vers les quatre parties du monde, et au point de jonction un globe d’où sortait une croix, d’abord petite, et ensuite s’élargissant et s’environnant de cercles lumineux chargés aussi de croix éclatantes; toute la montagne en était illuminée.

Notes et post-scriptum
1. Les PP. Bénédictins de Solemes ont fait paraître en latin une double édition des *Révélations* des deux saintes, et l'éditeur, M. Oudin, rue Bonaparte, on a fait faire une traduction en 4 vol. in-12 à 14 fr. qu'ont pour titres: t.1 et 2, *Ste Gertrude*, le héraut de l'amour divin; t.3, *Ste Mechthilde*, le livre de la grâce spéciale; t. 4, *Ste Mechthilde;*, la lumière de la divinité.