ARTICLES

Informations générales
  • TD 9.233
  • ARTICLES
  • LE CRUCIFIX
  • La Croix, I, decembre 1880, p. 611-612.
  • TD 9, P. 233.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 AUSTERITE
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 CONTRITION
    1 COUCHER
    1 CRUCIFIX
    1 DEVOTION A JESUS CRUCIFIE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 EPREUVES
    1 FORMATION DE JESUS CHRIST DANS L'AME
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DU PARDON
    1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
    1 LACHETE
    1 LEVER
    1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
    1 ORAISON
    1 ORGUEIL
    1 PARESSE
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PECHES CONTRE LE PROCHAIN
    1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
    1 PRIERE POUR L'EGLISE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 PURIFICATION
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 SPIRITUALITE TRINITAIRE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    2 PAUL, SAINT
  • [Aux Religieuses de l'Assomption].
  • décembre 1880.
  • Paris
La lettre

Mes chères filles, avez-vous un crucifix et comment vous comportez-vous à son égard? Quittez-le le moins possible; mettez-le sur votre table quand vous écrivez, sur vos genoux quand vous travaillez, afin de le regarder de temps en temps, et, quand vous vous endormez, laissez-le entre vos mains. Certes, rien n’est plus sanctifiant que la communion fréquente et l’adoration du Saint-Sacrement; mais on ne peut toujours avoir N.-S. substantiellement présent dans le coeur, on ne peut être constamment à ses pieds; on peut toujours avoir son image sur soi et cette image vous dit bien des choses. Si, le matin, en vous levant vous baisez votre crucifix avec amour et vous promettez à N.-S. de porter votre croix tout le long du jour; si, pendant votre méditation, vous tenez la croix entre vos mains et vous proposez de vous immoler sur l’autel du sacrifice de Jésus; si, pour réveiller votre ferveur, vous portez de temps en temps la main sur votre crucifix; si vous le serrez fortement dans les moments d’angoisse, de peines, de luttes, de tentations; si, au moment de partir pour quelque bonne oeuvre, vous l’adorez en vous rappelant que c’est encore J.-C. que vous allez secourir dans la personne des pauvres et des petits; si, au moment de pratiquer quelque austérité, vous basez les plaies divines qui sont les fontaines de la vie de l’Eglise et les sources de notre purification; si, le soir, vous allez à ses pieds rendre compte de votre journée, de votre orgueil devant ses abaissements, de vos vanités devant ses humiliations, de votre lâcheté devant ses angoisses, de votre paresse en présence de la sueur de sang répandue sur ce corps divin, de votre égoïsme en face de cet amour infini, de votre impatience, de vos dépits, de votre défaut de charité en face de ses longues attentes de votre coeur; Ah! mes filles, il me paraît bien difficile que votre crucifix ne devienne pas pour vous un ami, un confident. N.-S. vous aimera, vous instruira, vous fortifiera à travers son image et dans un commerce plus continuel, unies à votre époux par cet intermédiaire muet, vous sentirez comme une transformation, de tout votre être; ce ne sera plus seulement le bois, le métal qui reproduira pour vous les traces du Sauveur, ils se graveront d’une manière plus vivante dans votre âme. Vous sentirez l’action plus immédiate de Celui qui, pour vous, a été attaché à la Croix. Vous voudrez vous transformer en lui et dire comme saint Paul: Vivre pour moi, c’est Jésus-Christ. Et votre vie prenant un caractère nouveau, vous découvrira de nouveaux horizons dans la science chrétienne, si vous vous laissez emporter par l’amour, et toute vie, toute science, tout bonheur se résumeront pour vous dans ces deux mots: Jésus-Christ crucifié.

Vous avouerai-je en toute simplicité que le meilleur moment pour moi est surtout le soir, avant de m’endormie. Il ne faut pas beaucoup d’efforts pour se laisser aller à penser à ce bon Maître dont on tient l’image entre les mains. On lui dit qu’on l’aime; on lui demande pardon de ses sottises; on est tout à coup frappé de ce pardon qui tombe du haut de la croix comme un remords; on songe au mal que le péché lui a fait, au temps que l’on a perdu, aux grâces que l’on a reçues. On le remercie de ses bienfaits; on lui fait des promesses enflammées; on rougit d’être dans un bon lit, quand il est mort sur le gibet; on s’excite à l’amour, à réparer le temps perdu; on adore Dieu le Père en lui présentant son Fils; on invoque le Saint-Esprit qu’il nous a envoyé; on prie pour l’Eglise qui naquit sur le Calvaire; on a honte d’être si mauvais chrétien; puis on prend courage dans la pensée de l’amour et de la puissance de Dieu, et si le sommeil n’est pas venu, on trouve le temps court en pareille compagnie.

Voilà, mes chères villes, quelques idées, je le désire, vous porteront à lier un commerce intime avec votre crucifix. Il vous rendra Jésus présent à l’esprit et au coeur; que voulez-vous de plus? Priez la Sainte-Vierge qu’elle vous apprenne comment vous devez coller vos lèvres sur les plaies de son divin Fils, et y prendre le courage et l’ardeur qui doit distinguer des vierges, épouses d’un Dieu. Que la croix soit votre bien, votre espoir, votre vie, votre récompense.

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum
Revue *La Croix*, Paris, décembre 1880, p.611. Extrait d'une lettre de 1897, répandu par l'Association de Saint-François de Sales, sur le titre: L'ami de tous les jours.Revue *La Croix*, Paris, décembre 1880, p. 611. Extrait d'une lettre de 1897, répandu par l'Association de Saint-François de Sales, sur le titre: L'ami de tous les jours.