TEXTES DIVERS EDITES

Informations générales
  • ES-0777
  • TEXTES DIVERS EDITES
  • REGLEMENT DE VIE.
  • Ecrits Spirituels, p. 771-787.
  • A 21; CO 157; CO 158.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANEANTISSEMENT
    1 ANGES
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 CHRETIEN
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONNAISSANCE DE SOI
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 ESPRIT CHRETIEN
    1 ESPRIT D'INDIFFERENCE
    1 ESPRIT DE FRANCHISE A L'ASSOMPTION
    1 EVANGILE DE JESUS-CHRIST
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 FONCTION SACERDOTALE
    1 FORMATION DES JEUNES PROFES
    1 FORMATION DES NOVICES
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MARTYRS
    1 MORTIFICATION
    1 OUBLI DE SOI
    1 PATIENCE
    1 PENITENCES
    1 PRETRE
    1 REFUGE LE
    1 REGLEMENT DE VIE DU P. D'ALZON DE 1845
    1 REGNE
    1 RELIGIEUX
    1 SALUT DES AMES
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 UNION DES COEURS
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE CHASTETE
    1 VERTUS DE L'APOTRE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE SPIRITUELLE DU PRETRE
    1 VOCATION RELIGIEUSE DU PERE D'ALZON
    1 VOIE UNITIVE
    1 ZELE POUR LE ROYAUME
    2 ADAM
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 GAREISO, JOSEPH
    2 RANCE, ABBE DE
    2 TESSAN, JEAN-CHARLES DE
  • décembre 1845.
La lettre

Les pensées qui me préoccupent depuis quelque temps, la vocation à laquelle je me crois appelé, me font un devoir de rentrer en moi-même pour m’imposer une règle de vie plus exacte et plus conforme à ce que je crois que Dieu exige de moi. Je dois me considérer: 1° comme chrétien; 2° comme prêtre; 3° comme religieux; 4° comme supérieur de communauté.

1° COMME CHRETIEN.

Je suis fils d’Adam et de Jésus-Christ.

Fils d’Adam, je suis pécheur et je dois connaître mon péché. Ce m’est une obligation très grande de me connaître sous ce point de vue: 1° pour acquérir un vrai mépris de moi-même; 2° pour apprendre, dans l’observation de mes défauts et de mes vices, la miséricorde pour les défauts et les vices des autres, et trouver, dans les remèdes qui m’auront été utiles, une expérience utile au salut de mes frères dont la responsabilité m’est imposée.

Comme fils d’Adam, je suis condamné à gagner mon pain à la sueur de mon front, et malheur à moi si j’oublie un seul jour cette loi de mon existence.

Comme fils de Jésus-Christ, j’ai à acquérir son amour et à me pénétrer de son esprit. Je me souviendrai que je dois le porter partout, selon ce que cet esprit doit être pour moi.

L’esprit de Jésus-Christ doit être pour moi un esprit de dévouement absolu, d’égalité d’âme immuable, d’amour envers m[es] f[rères] comme lui-même les a aimés.

L’amour de Jésus-Christ doit être l’âme de toutes mes actions, car si son esprit doit me porter à faire tout ce qu’il eût fait, s’il eût été à ma place, son amour me portera à faire toutes mes actions avec le plus de perfection possible et sera pour moi un perpétuel aiguillon qui me pousse vers la sainteté de ‘état auquel je suis appelé.

Je ne dois pas me dissimuler que l’esprit de Jésus-Christ est très jaloux dans ses demandes et qu’en l’écoutant je m’expose à avancer dans une voie effrayante pour la nature. L’amour de Jésus-Christ m’adoucira la rigueur des épreuves, et c’est pour cela que je m’appliquerai à le développer en moi par la dévotion au Saint Sacrement, puisque j’ai observé l’influence sensible qu’exerce sur moi Notre-Seigneur dans l’Eucharistie, par la différence de dispositions où je me trouve selon que je prie à la chapelle ou ailleurs.

L’esprit de Jésus-Christ m’aidera à sanctifier mon travail et l’élèvera jusque à la dignité du devoir. Je travaillerai non comme l’esclave, non comme le mercenaire qui sont ad oculum servientes, mais comme fils de la grande famille dans laquelle Jésus-Christ, mon modèle, a voulu fournir sa part de travail.

2° COMME PRETRE.

Je dois me pénétrer, autant qu’il dépendra de moi, du caractère de médiateur et de sacrificateur, à l’imitation de mon modèle.

Comme prêtre, je dois m’exercer à la prière pour les autres.

Dès lors, je dois, dans la récitation de mon office et dans la célébration de la Messe, m’unir à la grande prière de Jésus- Christ. Je dois me rendre compte de la pureté nécessaire pour tenir la place d’un pareil pontife; mais parce que le sacerdoce n’est institué que pour l’Eglise, je ferai mes efforts pour me pénétrer de l’amour le plus grand pour cette épouse de Jésus-Christ, qu’il a acquise par son sang, qu’il a choisie pour être la dépositaire de toutes ses grâces et en qui il réconcilie tous les hommes à son Père.

La cause de l’Eglise sera l’objet de tout mon zèle, et c’est à procurer son triomphe que je consacrerai toute mon existence. Je me représenterai l’honneur que je reçois d’être admis à combattre pour la cause de Dieu et de ce qu’il a de plus cher, car Dieu n’aime et ne peut rien aimer plus que son Eglise. L’Eglise me sera d’autant plus chère que je la verrai plus persécutée. Ses humiliations seront pour moi, sans doute, un sujet de douleur, mais aussi le motif le plus puissant de lui donner sur la terre, selon ma faiblesse, toute la gloire dont je puis l’entourer.

3° COMME RELIGIEUX.

Je m’emparerai de la pensée de M. de Rancé et je me rappellerai qu’un religieux doit être ange, martyr, apôtre.

a) Ange par la pureté de tout mon être. Puisque je suis appelé â l’honneur de parler de Dieu, il faut que je le connaisse et ceux-là seuls qui ont le coeur pur verront Dieu. Ange, je dois faire la volonté de Dieu, qui millet angelos suos spiritus. Je dois donc me pénétrer de la disposition la plus absolue à faire tout ce que Dieu voudra, quand il le voudra et comme il le voudra.

b) Martyr. -Mes persécuteurs sont mes passions et, pour les combattre, je dois accepter la souffrance qui résultera de la lutte. Les passions sont les fausses divinités qui réclament l’adoration de mes sens et des facultés de mon âme. Il faut, si je veux être sauvé, que je les mortifie, et, tant que je ne mettrai pas en pratique cette vérité, je perdrai mon temps.

Un religieux doit être pénitent, comme Jésus-Christ l’a été sur la croix, et il doit souffrir, non seulement pour lui, mais pour les autres, comme Jésus- Christ est mort pour le salut des hommes. Si donc ma mortification ne s’étendait qu’à ce qui m’est personnel, j’aurais une idée fort étroite de ma vocation et je courrais grand risque de tomber dans un certain égoïsme de dévotion, qui est l’une des plaies les plus funestes de la véritable piété.

La nature humaine étant par elle-même et par l’effet du péché extrêmement lâche, je ferai tout ce qui dépendra de moi pour faire triompher en moi la vie de l’esprit, et ce ne sera pas là une de mes moindres mortifications. Il me faudra me tenir, autant que possible, habituellement dans une atmosphère supérieure de pensées et de sentiments, prenant garde, comme je l’ai tant recommandé à d’autres, de ne pas poser le pied dans la boue des sentiments et des pensées de la terre.

La mortification sera pour moi une purification, une expiation, une éducation: [une] purification, en ce qu’elle me dépouillera de mes vices; une expiation, en ce qu’elle apaisera la colère de Dieu contre moi ou contre les autres; une éducation, en ce que son but serait manqué, si elle ne me rendait pas meilleur.

c) Apôtre, je dois faire connaître la vérité, je dois l’étudier, et je ne me dissimulerai pas mes obligations à cet égard, afin d’avoir le courage de les rappeler aux enfants qui me sont confiés.

Apôtre, j’aimerai la vérité, dont le principe est Jésus-Christ, parole éternelle de Dieu, Dieu lui-même. Mes études, quelque partagées qu’elles doivent être, seront pourtant pour moi un sujet d’attention capitale, et si j’ai peu de temps pour étudier, je me souviendrai que je dois travailler autant et aussi bien qu’il me sera possible.

Apôtre, je me souviendrai du respect que je dois toujours avoir pour la parole de Dieu et je m’imposerai une pénitence, toutes les fois qu’il pourrait m’arriver d’y manquer. L’apôtre étant chargé de porter aux hommes les ordres de Dieu, ce lui est une obligation de les porter de manière à les faire accepter, et cette vérité devra toujours me guider dans mes rapports avec les âmes, soit en public, soit en particulier. Je prêcherai Jésus-Christ. Mais comme Jésus-Christ a été enfant, homme fait, pauvre, roi, pontife, docteur, en un mot qu’il a passé par tous les états de la vie, en le faisant connaître, je le présenterai par le côté qui le fera plus facilement accepter. Ceci implique, de ma part, l’obligation la plus absolue de l’étudier, autant que j’en suis capable, selon tout ce qu’il est.

L’apôtre n’est rien que par celui qui l’envoie, et il est d’autant plus apôtre qu’il accomplit mieux ce qui lui est prescrit. C’est pourquoi je ferai tous mes efforts pour être un apôtre obéissant. L’obéissance, dans ce qu’elle a de plus vrai, établit l’âme immédiatement sous l’action de Dieu, et je ne serai vraiment apôtre qu’autant que cette action pénétrera tout mon être. L’apôtre aime celui qui l’envois, mais il doit aimer celui vers qui il est envoyé, puisqu’il a une mission d’amour, de miséricorde. Je me pénétrerai de ces sentiments envers les âmes surtout des enfants qui nous seront confiés, et des diverses personnes envers qui j’aurai à exercer une mission apostolique.

Mais les âmes, pour qui j’aurai la plus vive affection, seront les âmes que j’aurai à conduire comme supérieur, et c’est par où j’entre dans la considération du quatrième point de vue de mon règlement.

4° S’il est vrai que Dieu veuille me permettre de travailler pour sa gloire, si Notre-Seigneur ne me regarde pas comme un ouvrier indigne de procurer l’extension de son règne dans les âmes, si, de plus, comme directeur de la maison, je suis appelé à être dans les commencements supérieur de la petite communauté que nous voulons former, je dois me convaincre avant tout des vérité suivantes:

1° Personne ne doit me connaître mieux que moi-même, puisque, si c’est une obligation pour moi comme simple chrétien, c'[en] est une bien plus grande comme supérieur.

2° La connaissance que j’ai de moi m’éclairant sur mes défauts et ayant été, bien longtemps, un des motifs les plus puissants qui m’empêchaient de me livrer à l’oeuvre à laquelle je me crois appelé, je dois être dans la disposition absolue de me placer au rang de simple religieux, dès que mes Frères m’en témoigneront le désir ou que j’aurai l’évidence qu’un autre fera mieux.

3° Comme l’oeuvre repose sur certaines idées surnaturelles, puisqu’elles ne sont que l’application des vérités de la foi, ce m’est une obligation très grande de rendre ces idées pratiques pour tous mes Frères.

4° Rien ne doit être capable de me faire renoncer à l’oeuvre, excepté la seule autorité qui, sur la terre, a reçu de Notre Seigneur le pouvoir de lier et de délier.

5° Encore que ce soit peu de donner ma vie pour ce qui peut procurer la gloire de Dieu, je l’offrirai tous les jours entre les paroles de la consécration du pain et celles de la consécration du vin, afin qu’au moment le plus solennel de son sacrifice, Notre-Seigneur veuille bien m’accepter pour victime entièrement sienne et ne me permette plus de retourner à moi-même.

6° Toutes mes prières, tout le peu de bonnes oeuvres ou de mortifications que je puis faire, n’auront pas d’autre but que de demander à Dieu les grâces nécessaires pour une pareille entreprise.

7° La prière métant plus nécessaire qu’à tout autre, encore que je sois plus souvent dérangé, j’assisterai, autant qu’il dépendra de moi, aux exercices de la communauté, surtout à la récitation de l’office, et, à moins que je ne sois malade, je réparerai toujours, avant de me coucher, le temps qui aura pu être pris par des occupations obligées sur mes exercices religieux.

8° Mes mortifications seront réglées par ma qualité même de supérieur. Elles se rapporteront surtout à ce qui me facilitera l’accomplissement de ma charge. Ainsi la privation de sommeil, qui me donne du temps, sera préférée à d’autres qui pourraient irriter mes nerfs et me faire perdre de l’légalité d’humeur, que j’ai si peu et que je dois pourtant travailler à acquérir. J’offrirai quelques austérités pour obtenir de Dieu les grâces dont je saurai que mes Frères pourraient avoir besoin.

9° Ce qu’était Notre-Seigneur au milieu de ses apôtres, je devrai l’être au milieu de notre communauté, tant que j’aurai l’honneur de la diriger.

Or, Notre-Seigneur, pendant les trois ans qu’il a vécu au milieu d’eux sur la terre, nous apparaît avec ces divers caractères:

a) Il les appelait et les cherchait;

b) Il ne leur cachait aucun sacrifice qu’ils avaient à faire: Laissez les morts ensevelir leurs morts;

c) Il ne se laissait pas décourager par les apparences;

d) Il les instruisait peu à peu et tantôt devant les Juifs, tantôt avec les 12, tantôt seulement [avec] les 12, tantôt plus particulièrement comme lorsqu’Il prit Pierre, Jacques et Jean, tantôt plus intimement comme lorsqu’Il prenait saint Pierre ou saint Jean.

e) Il leur parlait toujours le langage de la foi;

f) Il les écoutait avec une grande patience;

g) Il les prépara peu à peu à la nouvelle que son royaume n’était pas de ce monde et qu’ils auraient beaucoup à souffrir;

h) Il parlait toujours comme leur maître et disait en même temps: Non veni ministrari sed ministrare;

i) Il leur témoignait beaucoup de confiance;

j) Il leur laissa son pouvoir et même celui de faire des prodiges plus grands que les siens.

Ces divers caractères que je remarque dans la conduite de Notre-Seigneur envers ses apôtres, doivent être manifestés dans ma conduite envers mes Frères.

1° Je les attirerai à Dieu autant qu’il dépendra de moi, et je m’efforcerai de les prévenir en faisant disparaître, autant que je le pourrai, cette raideur et rudesse de caractère que l’on me reproche avec tant de raison.

2° Je les pénétrerai de l’esprit de sacrifice et je leur répéterai sans cesse que la vie du religieux doit être une vie de séparation, et qu’il faut prendre le parti ou de rentrer dans la vie ordinaire, ou d’être tout de bon dans un état d’immolation.

3° Les caractères difficiles sont la plaie des communautés. En remerciant Notre-Seigneur de m’avoir mis en relation avec des hommes dont j’ai tant à me louer sous le rapport du caractère, je ne me dissimulerai pas qu’un jour nous pourrions voir arriver des hommes d’une humeur fatigante. Voici quelle serait ma conduite. Je ne me lasserai jamais du premier coup, me persuadant que ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu. La patience sera l’arme la plus puissante que j’emploierai; j’attendrai autant que Notre-Seigneur eût attendu. Que s’il ne se corrige pas, je serai comme Notre-Seigneur envers les Capharnaîtes, je le laisserai se retirer, persuadé que les défauts des Frères qui sont une occasion de vertu pour le supérieur peuvent être une occasion de scandale pour la communauté, ce qui ne doit en aucun cas être toléré.

Mais encore un coup, comme Notre-Seigneur, je ne me laisserai pas effrayer par les apparences, et c’est pour cela que je lui demanderai avec instance le don du discernement des esprits.

4° La franchise et l’ouverture de coeur devant être un des caractères de notre oeuvre et l’une des armes les plus puissantes dont nous ayons à nous servir, cette franchise et cette ouverture je la prêcherai d’exemple dans tous mes rapports avec mes Frères, mais de telle sorte cependant que je m’applique attentivement à voir ce qui doit être dit en public et ce qui doit être dit en particulier. Ce qui peut faire du bien aux uns ferait du mal aux autres. Tous ne sont pas, non plus, appelés à la même perfection. L’alliance de la prudence et de la charité devant me conduire en ceci, le plus grand bien des âmes sera pour moi une règle que je devrai avoir toujours présente.

5° Un moyen que je n’oublierai pas, comme des plus efficaces pour former des religieux, sera de les mettre toujours en présence d’eux-mêmes et de Jésus-Christ. S’ils ont la conviction qu’ils ne sont gouvernés que par lui et que je ne suis que son écho, s’ils s’aperçoivent que je n’ai d’autre pensée que de les introduire dans le monde supérieur des réalités divines, ils accepteront bien plus facilement mes paroles, quelque sévères qu’elles puissent être, et en profiteront beaucoup mieux.

6° Quoique les hommes aient moins besoin d’épanchement, je me souviendrai que l’on guérit bien des maux de l’âme seulement en écoutant le récit qu’en fait celui qui en est atteint. Devant exiger de mes Frères une confiance absolue, comment l’obtiendrai-je, si je ne suis pas prêt, toutes les fois qu’ils auront à me confier quelqu’une de leurs peines, à me consulter sur quelques[-uns] de leurs combats, si inévitables dès qu’on veut entrer sérieusement dans la vie intérieure?

7° Ce n’est que par degrés que je puis espérer de former ceux qui ne le seraient pas encore à cette vie tout entière de dépouillement, de mort perpétuelle à soi-même, sans laquelle il ne saurait y avoir d’esprit religieux. Mais c’est là surtout que la faiblesse doit être ménagée et que la patience me sera nécessaire. Si la vie religieuse est un vrai crucifiement, dois-je trouver étonnant que ceux qui veulent l’embrasser éprouvent quelquefois, au moment du sacrifice, les angoisses de Notre-Seigneur à son agonie?

8° Notre-Seigneur parlait toujours en maître et pourtant lavait les pieds de ses apôtres. C’est ainsi que je devrai constamment m’appliquer à rendre à mes Frères tous les services par lesquels je croirai pouvoir les attirer à Dieu et les convaincre de ma bonne volonté à leur égard. Mais dans tout ce qui concernera ma responsabilité, comme c’est sur moi que pèsera la charge de rendre compte à Dieu, j’agirai avec une indépendance qui résultera de la nécessité d’atteindre un but voulu, malgré les obstacles qui pourraient servir rencontrer sur mes pas.

9° Ce à quoi je devrai le plus veiller, ce sera sûrement à l’esprit d’union. L’union ne subsiste que par la confiance. Je leur en témoignerai beaucoup, en la leur faisant apprécier autant qu’il dépendra de moi, et je les porterai à comprendre que je ne déteste rien autant que ce qu’on appelle les cachotteries. La confiance, qui est une preuve d’estime, élève toujours ceux à qui on la témoigne; et ce que je dois chercher toujours, c’est d’élever mes Frères dans l’ordre de la foi et de les rendre grands en Jésus- Christ, non par l’orgueil, mais par la pratique de la loi de Dieu.

10° Enfin, je ne serai pas jaloux de mon autorité, et ce que je pourrai faire par eux, je ne le ferai pas par moi-même. En tout ceci, il faut les hommes pour l’oeuvre et non l’oeuvre pour une oeuvre. Il faut que l’oeuvre elle-même en toutes ses parties servir résume en Jésus-Christ: Instaurare omnia in Christo.

Pour réaliser ce but, je me souviendrai que, fils d’Adam, je suis condamné au travail; fils de Jésus-Christ, ce travail devient une expiation pour moi, si je l’élève par le sentiment du devoir.

Prêtre, je ne m’appartiens plus, mais je suis à Jésus-Christ.

Religieux, je suis dans une voie de perfection oû je dois tous les jours avancer.

Supérieur, ma sanctification personnelle ne peut servir réaliser qu’autant que je procurerai celle de la communauté à laquelle j’appartiens.

En un mot, je dois être saint, et je ne le deviendrai qu’autant que je reproduirai en moi la vie de Jésus-Christ.

Les pratiques que j’ai à m’imposer sont:

1° L’accomplissement du règlement de la maison, autant que les dérangements auxquels je suis sujet me le permettront;

2° L’attention à ne jamais laisser passer un jour sans prier, au moins autant que le reste de la communauté;

3° Ne pas dormir plus de six heures;

4° Adorer, autant qu’il me sera possible, Notre-Seigneur en moi;

5° Conserver habituellement, autant que j’en suis capable, la présence de Dieu.

Notes et post-scriptum