OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR LA CHAIRE DE SAINT PIERRE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR LA CHAIRE DE SAINT PIERRE
  • 22 JANVIER
    ETENDUE DU POUVOIR DES CLES
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 92-94.
  • CO 3
Informations détaillées
  • 1 ADMINISTRATION DES SACREMENTS
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 EGLISE ET ETAT
    1 POUVOIR DES CLEFS
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SACREMENT DE PENITENCE
    1 SALUT DES AMES
    2 MATTHIEU, SAINT
    2 PIERRE, SAINT
  • 1875
La lettre

Quodcumque ligaveris super terram(1). -Voilà l’étendue du pouvoir de Pierre: Quodcumque. On discute beaucoup pour savoir jusqu’où s’étend le pouvoir de Pierre, mais il n’y a pas d’autres limites que celles posées par Pierre lui-même. Y a-t-il au-dessus de lui un pouvoir pour les déterminer? Jésus-Christ est-il le fondateur des royaumes? Sans doute, les rois règnent par lui. Mais à qui Jésus-Christ a-t-il donné un pouvoir semblable à celui de Pierre? Il lie et délie. Il lie les membres de l’Eglise, il délie avec la même autorité, et ce qu’il peut pour tous les individus, il le peut pour les agrégations d’individus, il le peut pour les familles, il le peut pour les Etats. Question immense, et dans laquelle j’aperçois des devoirs bien grands.

I. Le cercle des attributions de l’Eglise est immense, pourtant il a les limites que Pierre se posé à lui-même en se conformant à la loi de Dieu, dont il est l’interprète, et j’ai l’obligation de connaître les principes qui président à la fixation de ces limites. Aujourd’hui, à certains égards, ce n’est pas difficile. Les pouvoirs humains ont tellement cherché à limiter les droits de l’Eglise, qu’on peut bien dire qu’ils sont à peu près tous de vrais usurpateurs; mais que de catholiques ne le vient pas et ne veulent pas le voir! Et quelle obligation d’études sérieuses pour ouvrir les yeux les plus aveuglés. On est de bonne foi, mais on ne voit pas. Il faut porter la lumière, et la plus vive lumière en toute patience et en doctrine. A cet égard, j’ai un examen très sérieux à faire. Je parle de ce que je ne sais pas assez. Dès lors, je ne défends pas la vérité avec les armes qui lui sont propres, et si elle ne triomphe pas, c’est à moi seul que je dois m’en prendre.

II. Pierre a le pouvoir de lier et de délier. -Il indique ce qu’il lie et ce qu’il délie. Il lie les simples particuliers, il lie aussi les rois. Or, en dehors de la question politique, j’ai aujourd’hui l’obligation de poser la question générale des droits de Pierre, sur les représentants du pouvoir. Est-ce que les gouvernants n’ont pas une âme qui sera jugée? Et si elle doit être jugée, c’est qu’ils auront à rendre compte des péchés qu’ils auront commis contre la loi de Dieu. Y a-t-il une distinction entre les péchés, péchés des particuliers qui peuvent être absous, péchés des puissants, des législateurs, des souverains qui n’ont pas besoin d’absolution? Etrange erreur que je suis obligé de dissiper.

III. Pouvoir des clés dans toute la société. -Ah! si ce pouvoir pénétrait partout, quelle action purificatrice n’exercerait-il pas, soit pour pardonner les pécheurs pénitents, soit pour écarter les pécheurs endurcis! Et qu’il est facile à la paresse d’un religieux de ne pas l’exercer! Tous n’y sont pas appelés, et il y a des ministères divers; mais quel que soit le mien, si je cherchais, dans la limite où ce pouvoir m’est confié au tribunal de la Pénitence, à l’employer pour le bien de l’Eglise et des âmes, je ferais un incontestable bien.

Seigneur, qui, bien au-dessous de Pierre et par lui et [par] les évêques institués par lui, m’avez donné quelque chose du pouvoir des clés, accordez-moi de l’exercer saintement pour moi, utilement pour les autres, de telle façon que déliant les pécheurs, je ne me lie pas moi-même par mon indulgence, et que par ma sévérité, en refusant le pardon quand il pouvait être accordé, je ne me condamne pas par mes propres paroles.

Notes et post-scriptum
1. "Tout ce que tu lieras sur la terre." (Matth. XVI, 19.