OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME
  • LUTTE CONTRE SOI-MEME
    (DEUXIEME MEDITATION)
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 110-113.
  • CO 4
Informations détaillées
  • 1 AFFRANCHISSEMENT SPIRITUEL
    1 ATTENTION
    1 LEGERETE
    1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 PARESSE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REFORME DE L'INTELLIGENCE
    1 REFORME DU COEUR
    1 TRAVAIL
  • 1875
La lettre

Militia est. Je veux revenir sur la lutte contre moi-même et considérer dans mon fonds une autre espèce d’ennemis: 1° la dissipation: 2° l’ennui; 3° les attaches humaines.

I. La dissipation.

Où ne m’emporte pas ma légèreté? Je vais, je viens selon le caprice de mes pensées, je ne m’attache à rien; si je ne lutte pas, je deviens peu à peu incapable de me fixer à quoi que ce soit. Aucune impression profonde ne me reste; tout vient, tout va, tout fuit, et quand j’ai commis quelque faute, je crois donner une excellente excuse en affirmant que je n’y avais pas pensé. De là tant d’hommes sans sérieux, sans consistance, sans acquis. Ne suis-je pas au premier rang de ces hommes-là? Fixer son attention est un travail, un châtiment. Le front sue à faire attention. Mais quel travail utile sans attention? Le châtiment ne se transforme ici en expiation qu’autant qu’il est accepté avec effort.

Oh! quand serai-je un homme attentif, sérieux, réfléchi comme il convient à un chrétien et à un religieux?

II. L’ennui.

Je commence une foule d’excellentes choses avec enthousiasme, mais combien n’en suis-je pas vite dégoûté! Pourquoi cela? Parce que ce qui me plaisait hier me dégoûte aujourd’hui. L’ennui est survenu, mon penchant a changé. Je suis un tout autre homme. Ce qui avait pour moi des charmes me cause des nausées. Pourquoi cela? Ah! qui pourra le dire? L’inexorable ennui s’abat sur moi, je ne suis plus capable de rien. La vie devient lourde. Je me suis insupportable à moi-même. Hélas! ai-je pris seulement la peine de songer combien je suis insupportable aux autres? Il faut combattre ce poison. D’abord, par l’occupation.. L’oisif s’ennuie et n’a que ce qu’il mérite. L’homme occupé trouve peu de temps pour s’ennuyer. Ensuite, par le sentiment du devoir. Malheur à moi si ce sentiment que Dieu m’impose n’est pas un levier suffisant pour soulever le poids, si lourd qu’il soit, de mes ennuis.

III. Les attaches humaines.

Heureux le coeur libre de tout lien, excepté de ces belles chaînes que célébrait le psalmiste: Funes ceciderunt mihi in praeclaris(1). Mon coeur est-il maître de lui-même? Sa liberté est-elle absolue? Certes, j’ose espérer que les attaches qui le retiennent ne sont que des fils imperceptibles, mais enfin ce sont des liens. L’homme enchaîné est l’esclave de sa chaîne. Quelle est la mienne? puis-je la briser? Et si je ne suis pas libre, pourquoi ne me suis-je pas encore hâté de sortir d’un pareil état? Qu’est-ce qui m’y retient? J’en connais les prétextes. Quant aux raisons, je sais bien qu’il n’y en a point. Alors, pourquoi attendre? Pourquoi ne pas m’élancer vers vous, ô mon Dieu, car c’est vous qui êtes le terme de toutes mes aspirations?

Oh! Seigneur venez, rendez mon coeur entièrement libre et il s’envolera vers vous, et je pourrai vous dire avec le psalmiste: Dirupisti vincula mea, tibi sacrificabo hostiam laudis(2).

Notes et post-scriptum
1. "Le corbeau est tombé pour moi, en des lieux magnifiques." (Ps. XV, 6.) -Métaphore pittoresque pour désigner les lots de terrain qui furent distribués à chacun, lors du partage de la Terre promise,, après avoir été mesurés au cordeau.
2."Vous avez rompu mes liens, je vous sacrifierai une hostie de louange." (Ps. CXV, 16, 17.)