OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME
  • LE PECHE
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 113-115.
  • CO 4
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 HAINE CONTRE DIEU
    1 INGRATITUDE
    1 LIBERTE
    1 LOI DIVINE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PECHE
    1 PECHE MORTEL
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SAGESSE DE DIEU
    2 JEREMIE
    2 MATTHIEU, SAINT
  • 1875
La lettre

Scito et vide quia malum et amarum est dereliquisse te Dominum Deum tuum(1) -Le péché est une attaque contre la puissance, la sagesse et la bonté de Dieu.

I. Crime contre la puissance de Dieu.

Qu’ai-je fait toutes les fois que j’ai péché? J’ai dit à Dieu: « Vous me commandez, je ne vous obéirai pas. Vous êtes le Tout-Puissant, je vous prouverai par ma révolte que je suis aussi puissant que vous. Or, du moment qu’il y a un être aussi puissant que vous, qui êtes-vous, vous qui vous vantez d’une puissance infinie? O Dieu, vous n’êtes pas Dieu, vous êtes le mensonge, vous êtes le mal. » Voilà le blasphème qui s’échappe de tout péché mortel, et j’ai encore le courage de le commettre, et je ne comprends pas quel châtiment je mérite de la puissance infinie outragée.

II. Désordre en face de la Sagesse éternelle. O Dieu, vous êtes infiniment puissant, mais vous êtes également infiniment sage. Votre sagesse a dicté aux êtres des lois conformes et à l’ordre général de votre Providence et à leur nature particulière. Les êtres sans raison obéissent aveuglément et comme fatalement. Les êtres raisonnables obéissent avec liberté, et c’est l’adhésion de leur volonté libre qui fait en même temps et leur mérite et leur gloire. Mais quand mon intelligence, douée de liberté, s’oppose à l’exécution de vos lois, que se passe-t-il sinon une perturbation profonde, et d’autant plus profonde, que l’être en révolte contre vos lois, étant doué de qualités plus exquises, devrait mieux comprendre vos ordres et y adhérer plus entièrement. Vous avez tout disposé, ô mon Dieu, avec une sagesse admirable, et vous m’appelez, par le concours de ma liberté, à vous aider dans l’exécution des plans de votre sagesse, et je refuse cette faveur, cette merveilleuse dignité. Non seulement je ne veux point être votre collaborateur, mais, par mon opposition, je veux être le destructeur de vos oeuvres; pur désordre où je prétends les plonger en m’y précipitant moi-même. O Dieu, suis-je assez insensé?

III. Ingratitude envers la Bonté infinie.

Oui, mon Dieu, vous êtes infiniment bon, vous êtes la bonté par excellence, et vous me voulez tout le bien que je suis capable de recevoir. Certes, en me créant, en me rachetant, en m’accordant à chaque instant des grâces nouvelles, vous me prouvez combien vous êtes bon pour moi. En échange, je ne vous rends que des ingratitudes. O Dieu, quel délaissement de votre part ne mérité-je pas? Et votre amour si prévenant, si persévérant, ne finira-t-il pas par se changer en haine rigoureusement méritée? Seigneur, je suis un ingrat. Prosterné à vos pieds, je vous conjure de ne pas vous rebuter encore. Patientiam habe in me(2). Je compte, Seigneur, que vous ne me rebuterez pas, bien que je le mérite. O puissance, ô sagesse, ô amour, commandez, disposez, attirez. Je veux vous obéir, je veux vivre dans votre sagesse, je veux me sanctifier par votre amour.

Notes et post-scriptum
1. "Sache et vois que c'est une chose mauvaise et amère d'avoir abandonné le Seigneur ton Dieu." (Jer. II, 19.)
2. "Ayez patience envers moi." (Matth. XVII, 26.)