OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME
  • PENSEE DE L'ETERNITE
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 115-119.
  • CO 4
Informations détaillées
  • 1 CHATIMENT DU PECHE
    1 CONSCIENCE MORALE
    1 DEVOIR
    1 DON DE CRAINTE
    1 ENERGIE
    1 ESPRIT FAUX
    1 ETERNITE
    1 LACHETE
    1 MAUVAISES CONVERSATIONS
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 REFORME DU COEUR
    1 SALUT DES AMES
    1 SCANDALE
    1 VERITE
  • 1875
La lettre

Memorare novissima tua et in aeternum non peccabis(1). Dieu est chassé de partout. Il faut au moins maintenir r son idée en nous, et, en effet, rien de plus propre que la pensée de l’éternité. Pensée de crainte et de terreur sans doute, mais quand l’homme ne veut pas être traiter avec la tendresse pour un fils, il lui est bon d’être mené parle fouet de l’esclave. Or la pensée de l’éternité, dans les terreurs qu’elle inspire, est la source: 1° des idées vraies; 2° de l’énergie dans le devoir; 3° de la puissance de vaincre le monde.

I. Source d’idées vraies.

Que sont les idées contre lesquelles nous allons nous heurter? La plupart sont formées soit par les passions et leurs entraînements: nous nous laissons emporter par elles et la raison perd son empire; -soit par les intérêts: et à quels avilissements ne descendons-nous pas, sous prétexte de prudence? -soit par les influences: et nous devenons esclaves sans nous en douter.

La conséquence, c’est un jugement faux sur les questions qu’il m’importe le plus de résoudre dans la vérité. Des remords étouffés, quand ma conscience et mon intérêt humain sont en présence; la conscience est en général bien vite vaincue. La persévérance dans la vie du mensonge. Si je jette les yeux autour de moi, n’est-ce pas ce qui m’apparaît d’une manière frappante? Si je me considère dans mon fond, n’est-ce pas ce que je retrouve au plus intime de mon être?

Il faut dompter les passions. Quoi de plus fort que la crainte des châtiments éternels! Il faut mettre mon faux intérêt à sa place. Hélas! quelle folie de sacrifier à l’intérêt qui passe les grands intérêts de l’éternité. Il faut dissiper les illusions; leurs ténèbres disparaîtront en face du jour qui ne finira pas.

Oh! mon Dieu, Dieu éternel, que seront mes mensonges, dans la lumière de votre éternité. Envoyez-en par avance un rayon dans ma conscience, et que je ne voie rien désormais qu’à travers votre vérité éternelle.

II. Principe de l’énergie dans le devoir.

Je ne saurais trop gémir sur les ravages que fait en moi cette maladie si commune: le ramollissement des caractères. Le sel de la terre s’affadit, et tous sont ingénieux à se justifier de ne rien faire. On s’affaisse, et on se prouve par des prétextes sensés légitimes que l’on fait bien de s’affaisser. Quels efforts ai-je faits sur moi depuis bien longtemps? Je suis le courant, je trouve cette manière de faire plus commode, La volonté paresseuse fait un pacte avec l’intelligence, intéressée à l’obscurcir, et voilà les devoirs abandonnés, les obligations les plus rigoureuses dédaignées. Mais non, on ne se fait pas illusion, on y voit clair. Seulement, la force manque et l’énergie fait défaut. Mais quoi, la mort frappe à la porte. Le redoutable tribunal est dressé, la porte de l’abîme est ouverte. Ah! l’éternité, l’éternité est là, et je resterais dans la paresse, dans la torpeur! et la crainte du juste Juge ne me ramènera pas à mes devoirs!

O Dieu! je suis donc descendu bien bas pour que votre crainte ne perce plus mes chairs et que je ne tremble plus à la pensée de vos sentences.

III. Puissance de vaincre les influences extérieures.

S’il ne s’agissait que de moi, dit-on, j’en aurais bientôt fini; mais voyez le milieu où je me trouve.

Je le sais bien, et combien de fois n’ai-je pas moi-même tenu ce langage. En d’autres termes, je suis en relations avec des gens en train de se damner, et je trouve bon de me damner avec eux. Ah! qu’il importe de me hâter, d’envisager mon éternité selon toute la réalité de ce qui m’y attend. A quoi m’auront servi les mauvais exemples qui m’ont scandalisé, les mauvaises conversations qui m’auront séduit, les relations énervantes qui m’auront rendu incapable de tout généreux élan?

Seigneur, Seigneur, apparaissez-moi comme mon Juge, afin que je comprenne et la nécessité de me convertir, et le bonheur d’une âme, brisée comme la mienne, de se jeter, tandis qu’il en est temps encore, dans le sein de votre miséricorde! Oh! pensée de l’éternité, je veux vous méditer sans cesse, afin que vous ne me soyez pas une douleur sans terme, mais la joie de posséder Dieu sans fin.

Notes et post-scriptum
1. "Rappelle-toi tes fins dernières, et tu ne pécheras jamais." (Eccl. VII, 40.)