OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME
  • RECUElLLEMENT
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 129-131.
  • CO 4
Informations détaillées
  • 1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REFORME DE L'INTELLIGENCE
    1 REFORME DU COEUR
    1 VOIE UNITIVE
    2 JEAN, SAINT
  • 1875
La lettre

Le recueillement a certaines conditions: Il consiste à se séparer: 1° des créatures; 2° de ses pensées; 3° à se placer sans cesse sous la présence de Dieu.

I. Séparation des créatures.

J’ai promis à Dieu de me détacher de tout, mais que de créatures auxquelles je tiens encore; peut-être à mille objets qui touchent aux aises de la vie. Je m’y enfonce, et quand j’y suis, plongé, je les savoure, et alors comment puis-je goûter Dieu? Mes affections ne sont-elles pas trop humaines? Même en les supposant honnêtes, n’emportent-elles pas malgré [moi] mes pensées? Je suis obligé de me séparer sans cesse de ces liens. Que dirai-je de la manière dont je m’occupe des choses de ce monde et dont je me laisse absorber? Les préoccupations matérielles ne me prennent-elles pas bien du temps?

II. Séparation de mes propres pensées.

Je me crée au fond de l’âme un double monde, celui de mes pensées, celui de mes sentiments. Celui de mes pensées survient de l’ordre d’idées le plus conforme à ma nature; il vient de mon imagination, que je peuple à ma façon. Que de choses vulgaires où je m’enfonce! Que de choses impossibles à réaliser où je me perds! Pourtant, le temple s’écoule, et le monde imaginaire me tire, sans aucun fruit, du monde réel. Quant aux sentiments, comment puis-je comprendre le cri de l’Eglise: Sursum corda! quand tout est en moi attaché aux affections inférieures? Je m’y complais, et je trouve extraordinaire que, perdu dans les pensées et les sentiments qui en découlent, je ne puisse penser à Dieu.

II. Se placer sous le poids de la pensée de Dieu.

Ah! voilà l’effort:Si terrena dixi vobis et non creditis, quomodo si dixero vobis coelestia credetis(1)? Il y a dans le recueillement plusieurs degrés, et à proprement parler, on ne peut rien faire sans lutte, et la grande lutte du recueillement religieux consiste à se placer sous le poids de Dieu, c’est-à-dire sous la pensée de ses jugements, de ses intentions providentielles, de ses justices, de sa miséricorde, de son amour. Tout cela devrait sans cesse nous être présent, mais qui peut savoir toutes les faiblesses de l’intelligence humaine, toutes les infirmités de notre coeur? Aussi, au lieu de me nourrir de ces pensées fortes, fécondes, substantielles, divines, je m’entretiens de tout ce qui me détourne de Dieu. Mon temps se perd, et peu à peu j’arrive, de distraction en distraction, à avoir déserté presque d’un bout de la journée à l’autre la présence de Dieu.

Ainsi, Seigneur, vais-je me dissipant, et mon âme demeure vide, affamée, parce qu’elle ne se recueille pas. Seigneur, qu’il n’en soit plus ainsi et que désormais, préoccupé de vous et délivré des pensées humaines, j’aille à vous, je vous cherche et je vous trouve dans un recueillement vainqueur des créatures, de mes pensées terrestres et de mes sentiments humains.

Notes et post-scriptum
1. "Si je vous ai parlé des choses de la terre sans que vous ayez cru, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel." (Ioan. III, 12.)