OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME
  • SINCERITE
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 131-134.
  • CO 4
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ENVIE
    1 FRANCHISE
    1 HUMILITE
    1 MENSONGE
    1 PECHES CONTRE LE PROCHAIN
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REFORME DU CARACTERE
  • 1875
La lettre

Je dois être sincère: 1° envers moi-même; 2° envers le prochain; 3° envers Dieu.

I. Sincérité envers nous-mêmes.

Que d’illusions je me fais du matin au soir, soit par rapport à ma valeur personnelle, soit par rapport à ce que je crois dû à mon mérite, soit par rapport à mon ambition. Quelles illusions sur mon caractère, ma portée, ma capacité! Et si l’on soulève le voile qui couvre mes défauts, comme je me hâte de fermer les yeux pour ne pas les voir! J’aime bien mieux vivre dans l’illusion.

Je manque de sincérité quand j’exagère, et dans combien de circonstances ne me suis-je pas livré à l’exagération de toute sorte! Si j’avais à me justifier, j’exagérais les défauts des autres ou les mauvais procédés dont je me croyais la victime. Je n’étais pas sincère, et je faisais d’autant plus de mal que ce que je disais reposait sur un fond de vérité, mais altéré par l’exagération. La vérité faisait passer le mensonge.

Que de fausses situations l’exagération ne prépare-t-elle pas! On a blâmé avec exagération et on a nui à la réputation du prochain. On a exagéré les mérites d’un protégé, et on l’a aidé à acquérir une position due à un autre. Quelle responsabilité!

II. Sincérité envers le prochain.

La faiblesse de caractère m’a bien souvent exposé à manquer de sincérité; sous prétexte de charité, j’ai tu bien souvent des vérités utiles.. Sans doute, il ne faut être ni rude, ni âpre, ni sec, ni brusque, ni violent, mais pourquoi ne pas être sincère avec humilité et douceur? En l’étant ainsi, je sauverais mon âme. Mais non je préfère les voies obliques pour renverser un rival, je me livre à toutes sortes de petites combinaisons, les pièges tendus à tel concurrant ne me sont point désagréables. Au fond, quel est le principe de toutes ces habiletés? La jalousie, qui veut à la fois se cacher et frapper ses coups. Je suis jaloux, je ne veux pas le paraître, je deviens tortueux. De là au monde des mensonges, il n’y a qu’un pas, et tel est bien l’ordre habituel de ma vie. Je vois des mensonges autour de moi. Je me crois autorisé à user de cette arme, et sous prétexte que les autres en font autant, je me mets sans scrupule à mentir.

III. Sincérité envers Dieu.

Quelle terreur n’ai-je pas de la vérité qui est Dieu, et si Adam coupable se cache devant le Seigneur, que ne sera-ce pas de moi, qui veux conserver mes fautes de tous les jours! Je les commets comme à plaisir, et puis je les dissimule sous de faux prétextes. Mais au milieu de cela, je prie Dieu. Je m’éloigne de lui tout en voulant avoir l’air de le servir. Voilà une situation impossible, et il faut que j’en sorte.

Je ne suis pas sincère envers Dieu parce que j’ai peur de voir ce qu’il veut de moi. Que de sacrifices, que de luttes! Et tout cela m’épouvante, et je fais comme si Dieu ne voulait pas de ce que je sais pourtant qu’il exige quand je rentre sincèrement au fond de ma conscience.

Seigneur, faites qu’enfin je sois sincère.

Notes et post-scriptum