OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME
  • ESPRIT DE SACRIFICE
    1º SES CAUSES; 2º SON SUJET; 3º SON ESPRIT.
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 142-144.
  • CO 4
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 CHATIMENT DU PECHE
    1 DROITS DE DIEU
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REDEMPTION
    1 RENONCEMENT
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 ABRAHAM
    2 ISAAC
  • 1875
La lettre

1° Ses causes; 2° son sujet; 3° son esprit. I. Cause du sacrifice.

Le sacrifice peut être offert à Dieu par moi comme une adoration, mais il implique toujours un cachet d’expiation. Un sacrifice est nécessaire pour expier les péchés des hommes. Si je ne me sacrifie pas, il faut qu’un autre se sacrifie. Je suis de moi-même incapable d’expier, car celui à qui le sacrifice est offert est Dieu. Qui dira les droits de Dieu sur l’homme créé par un acte de son amour? Qui dira la colère de Dieu, irrité par le péché de l’homme? Qui dira la justice de Dieu, offensé dans sa sainteté par les souillures du pécheur? Puissance, amour, justice éternelle attaqués. Le péché nécessite donc expiation. Impossibilité pour la créature de l’offrir, telle est, ô mon Dieu, la situation de l’humanité; telle est la mienne si j’ai eu le malheur de commettre un péché mortel. D’une part, la profondeur de mes fautes, de l’autre la profondeur de vos perfections; l’immensité de vos droits et l’immensité de ma dette.

II. Sujet du sacrifice.

Ubi est victima holocausti(1)? demandait Isaac portant le bois du sacrifice et ne voyant pas la victime. Nous aussi, nous pouvons chercher, et nous n’eussions jamais trouvé si Dieu n’eût tellement aimé le monde qu’il eût donné son Fils. Il a envoyé son Fils. De toute éternité Dieu prévoyait le péché, de toute éternité il voyait son Fils victime, de toute éternité il voulait, malgré sa justice, nous racheter dans sa miséricorde, ou plutôt uni la miséricorde à la justice, et quand la plénitude des temps est venue, il a envoyé son Fils, et la parole d’Abraham à son fils a été une très rigoureuse prophétie:  » Dieu y pourvoira, mon fils. »(2) Et aussitôt que le grand sacrifice a été accompli, que le sang de la victime a coulé sur la terre, la création tout entière a été purifiée, l’humanité réconciliée, la génération des saints commencée; et les chrétiens baptisés dans le sang de Jésus-Christ ont été renouvelés pour le sacristie. Ils ont pu à leur tour devenir victimes, et la terre est devenue un autel d’où est partie la voix du sang de Jésus notre Frère, demandant non vengeance, mais pardon. Et le sang des martyrs, et les larmes des pénitents, et la pureté des vierges, et le grand cri des hommes apostoliques a été comme la continuation de ce sacrifice, à laquelle tous sont invités à prendre part.

III. Esprit du sacrifice.

Il est dans, la volonté et l’amour. La volonté répare sans cesse en offrant la création tout entière. En offrant je donne et ne retiens plus rien pour moi. C’est ainsi que je paye ma dette en donnant tout ce que j’ai. Et plus je donne, plus je sacrifie. J’offre mon corps par le travail et la pénitence; j’en fais une victime, je donne quelque chose de moi. Je me donne moi-même, car si je donne mon corps à en mourir, je me suis donné tout entier. Je donne mon âme elle-même par la contrition et, par la consécration de toutes mes facultés à Dieu. Mais cela ne suffit pas. Il faut que je donne avec amour, et, à proprement parler, l’esprit du sacrifice, c’est l’amour.

Oui, Seigneur, c’est l’amour qui vous a conduit au sacrifice comme il vous a conduit à la croix, comme il vous retient au tabernacle. Seigneur, que ma vie, à votre exemple, soit un sacrifice perpétuel; que, par le sacrifice, j’aime votre justice pour l’apaiser, votre miséricorde pour la bénir, votre sacrifice pour le partager autant qu’il dépendra de moi, et être un religieux sacrifié.

Notes et post-scriptum
1. "Où est la victime pour l'holocauste?" (Gen. XXII, 7.)
2. *Deus providebit..., fili mi*. (Gen. XXII, 8.)