OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME

• OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME
• AMOUR DE DIEU
• Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 144-147.
• CO 4

• 1 BEAUTE DE DIEU
  1 CHARITE ENVERS DIEU
  1 CONCUPISCENCE DE LA CHAIR
  1 CONCUPISCENCE DES YEUX
  1 FIDELITE A LA GRACE
  1 ORGUEIL DE LA VIE
  1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
  1 REFORME DE LA VOLONTE
  1 THOMAS D'AQUIN
  2 JEAN, SAINT
  2 PAUL, SAINT
• 1875

Maior autem horum est caritas(1). Rien de plus parfait que la charité. C’est elle qui fait les saints, c’est elle qui les récompense, et pourtant l’homme a une répulsion comme invincible envers la charité. 1° J’examinerai les motifs de cette répulsion; 2° je chercherai à étudier la loi de la charité.

I. Obstacles à la charité.

1° La concupiscence de la chair. Dieu est un pur esprit. Depuis le péché, je suis tombé sous le joug de mes sens: Caro concupiscit adversus spiritum(2). Je sens cette guerre, j’y suis sans cesse vaincu. Hélas! Hélas! quelles -chaînes et quelle honte! Infelix ego homo! quis me liberabit de corpore mortis huius(3)? Quel prodige, si en pareil état je suis incapable d’aimer Dieu!

2° La concupiscence des yeux. La convoi-. tise de tout ce qui frappe les sens, la richesse, les honneurs, la fausse gloire, la fausse science, la vaine curiosité: quelles distractions qui m’empêchent de penser à Dieu, de désirer Dieu! Oh! Seigneur, je vous dirai avec le psalmiste: Averte oculos meos ne videant vanitatem(4), et, affranchi de tous ces vains objets, je pourrai vous aimer librement.

3° Superbia vitae(5). Je me fais centre, je me contemple, je m’admire, je me replie sur moi, je me complais en moi, je suis à moi-même mon Dieu. Je commets le péché de Satan quand il fut précipité du ciel. Uniquement préoccupé de moi, où trouverai-je, mon Dieu, le temps de vous aimer?

Ecartez, Seigneur, ce triple obstacle, et mon amour s’écoulera vers vous comme la source vers l’Océan.

II. Notion de la charité.

1° L’amour de Dieu cherche Dieu pour lui-même. C’est la grâce qui nous montre quelque chose de cette bonté, de cette beauté infinie et l’âme adhère à Dieu: Adhaesit anima mea post te(6). Elle est saisie et se laisse enfin saisir sans résistance: Me suscepit dextera tua(7). C’est une amitié, dit saint Thomas, par laquelle nous voulons du bien à Dieu. Vouloir du bien à Dieu, est-ce possible? Oui, par la grâce de Dieu. Dieu est mon but, l’objet vers lequel je tends. Incapable de l’atteindre, Dieu me prend de sa main droite et me met dans son coeur: Me suscepit dextera tua.

2° Si l’objet de la charité est Dieu, le sujet est la volonté. En dehors des qualités naturelles, la volonté, sous l’action de la grâce, se dépouille de sa faiblesse, s’éclaire, s’échauffe ou s’attiédit et s’obscurcit. Où en est ma volonté? S’accroît-elle? Se dissipe-t-elle?

3° Et par la grâce de Dieu encore, cette volonté, dirigée vers Dieu, peut devenir méritoire; il ne dépend que de moi. L’amour me presse, Jésus-Christ le met dans mon coeur. Quand céderai-je à cette tendresse? Quand, d’un regard, envisageant tes dons, les avances de Dieu, m’écrierai-je avec saint Jean: Nos ergo diligamus Deum quia ipse prior dilexit nos(8).

Oh! Dieu, je vous aime et je veux que vous soyez ma vie, et dans ce monde à travers les épreuves, et dans le ciel au sein de l’éternelle joie.