OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|SUJETS DE MEDITATIONS POUR LE TEMPS ENTRE LE 14 JANVIER ET LA SEPTUAGESIME
  • PENITENCE
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 147-151.
  • CO 4
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 AUGUSTIN
    1 CHATIMENT
    1 CONTRITION
    1 FRANCHISE
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MORTIFICATION CORPORELLE
    1 PECHE ORIGINEL
    1 PECHES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VERTU DE PENITENCE
    2 ADAM
    2 BOSSUET
    2 TERTULLIEN
  • 1875
La lettre

Nous sommes tous condamnés à souffrir. Hélas! que de chrétiens souffrent inutilement et augmentent leurs péchés par leurs plaintes, car, dit saint Augustin, il faut considérer non ce que l’on souffre, mais dans quel esprit on souffre, et pour pénétrer plus profondément cette vérité, je veux méditer aujourd’hui: 1° sur la nécessité de la pénitence; 2° sur les conditions de la pénitence.

I. Nécessité de la pénitence.

1° Parce que je suis fils d’Adam: Natura filii irae(1). Et conçu dans le péché, j’y suis né tout entier, comme disaient les pharisiens à l’aveugle de naissance. Or, la pénitence joue le rôle de la colère de Dieu: Poenitentia Dei indignatione fungitur, dit Tertullien(2). Me suis-je rendu compte des droits de cette colère divine?

2° Parce que je suis pécheur. Dieu consent à s’en rapporter à moi, pourvu que je procède avec loyauté: Ascendit homo adversum se tribunal mentis suae, dit saint Augustin(3). L’homme est invité par Dieu à « monter sur le tribunal de sa raison », et il sera lui-même son juge. Mais il faut que je me juge raisonnablement. Quelle misère si j’abusais de la bonté de Dieu, qui veut s’en rapporter à moi!

3° Parce que je suis chrétien disciple d’un Dieu crucifié marqué du signe de la croix, racheté par le sang d’un Dieu faisant pénitence pour moi sur la croix. Or, « l’esprit du Sauveur Jésus, dit Bossuet, est un esprit vigoureux qui se nourrit de douleurs et qui fait ses délices des afflictions ». Ah! sans doute, les balances des hommes sont menteuses: Mendaces filii hominum in stateris(4), mais les balances des fils des saints! Mon Dieu, qui avez voulu mourir sur une croix pour me donner l’exemple de la plus terrible pénitence, faites que je n’oublie jamais que vous avez voulu être, par votre mort et par votre pénitence, l’Auteur de mon salut, et que, comprenant la nécessité de faire pénitence à votre exemple, par votre sang j’obtienne, que votre père apaise sa justice et me fasse miséricorde.

II. Conditions de la pénitence.

1° La pénitence doit s’adresser à l’orgueil de mon esprit par l’humiliation: Et baiulans sibi crucem exivit in eum qui dicitur Calvariae locum(5). Quelle humiliation pour celui qui, quelques jours auparavant, entrait à Jérusalem en triomphateur, d’en sortir dans la tenue d’un condamné! Il aecepte pour moi cette humiliation, ah! la plus grande de toutes, en face de Dieu, des anges, des saints, l’humiliation du péché. Seigneur, qu’à votre exemple j’accepte les humiliations, et qu’elles fassent comme la base de ma pénitence, quelque révolte qu’elles puissent me coûter!

2° La pénitence pénètre le coeur par la contrition. Quand donc comprendrai-je les tristesses du coeur de Jésus-Christ en face des ingratitudes de l’homme? Dieu a placé sur les épaules de son Fils, comme un lourd fardeau dont il est écrasé les iniquités de nous tous: Posuit Dominus in eo iniquitatem omnium nostrum(6); mais pourquoi n’en prendrais-je pas ma part, et ne briserais-je pas mon coeur par le regret de mes fautes? Après tout, c’est moi qui les ai commises; il est bien juste que je les expie dans les regrets. « Le caractère propre de l’enfer, dit Bossuet, ce n’est pas seulement la peine, mais la peine sans la pénitence. »

3° La pénitence exige du corps la douleur. Le corps a été l’instrument des péchés de l’âme. A cause de l’âme, il faut que le corps soit châtié. Ah! Seigneur, quand je refuserai la pénitence des sens, que je me rappelle que le prophète contemplait votre corps ne formant qu’une douloureuse plaie; que je considère votre flagellation, vos clous, et que j’en tire les conséquences.

Notes et post-scriptum
3. Augustin. *Enarr. in Ps. XLIX*. -Les paroles citées ici par le P. d'Alzon semblent tirées du beau commentaire sur le verset 2: *Existimasti inique quod ero tui similis: arguam te et constituam contra faciem tuam*, où saint Augustin, après avoir exhorté le pécheur à ne pas dissimuler ses fautes derrière son dos, mais à se mettre en face de sa propre iniquité, lui dit: "*Ascende tribunal mentis tuae, esto tibi iudex*; monte sur le tribunal de la raison, sois ton propre juge." Comme cette pensée revient assez souvent dans les oeuvres de saint Augustin, il est possible qu'elles se trouve ailleurs dans la forme que lui donne le P. d'Alzon; mais nous n'avons pas su la découvrir.1. "Par nature enfants de colère." (Eph. II, 3.)
2. Tertullien.*De Poenit.* IX. Les mots que cite le P. d'Alzon forment une proposition subordonnée dans une phrase où Tertullien décrit les effets de la pénitence et sont exactement les suivants:... *ut in peccatorem ipsa pronuncians pro Dei indignatione fungatur*.
4. "Les fils des hommes sont des menteurs dans leurs balances." (Ps. LXI, 10.)
5. "Et, portant sa croix, il vint au lieu appelé Calvaire." (Ioan. XIX, 17.)
6. Is. LXXX, 6.