OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE TEMPS DE LA SEPTUAGESIME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE TEMPS DE LA SEPTUAGESIME
  • DIMANCHE DE LA SEPTUAGESIME
    [LA CREATION]
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 157-159.
  • CO 5
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE GRACES
    1 CREATION
    1 ETERNITE DE DIEU
    1 HUMILITE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
    1 SOUVERAINETE DIVINE
  • 1875
La lettre

I. In principio creavit Deus coelum et terram(1). -Je n’étais pas, aucune créature n’était, Dieu était. Dieu est de toute éternité dans son infinie puissance, sa sagesse, son amour infini trouvant dans la connaissance de lui-même un amour infini, un infini bonheur, n’ayant besoin de personne ni des biens de qui que ce soit: il était, et quand il a voulu créer nul ne l’y a contraint. Qui était avant Dieu, et quelle créature de Dieu était pour s’opposer à lui avant qu’il ne la tirât du néant? Et quand il a tiré les êtres du néant, ils ont existé, mais pas auparavant. Dieu a créé parce qu’il l’a voulu. Personne ne lui a dit: Pourquoi ne crées-tu pas? ou: Quand donc te résoudras-tu à créer?

Qu’était l’éternité avant le temps, avant la durée des êtres? Quelle est la durée de Dieu? Qui le dira? Mais Dieu a fait les siècles par son Verbe: Per quem fecit et saecula(2). Et au commencement des temps, il a tiré le monde du néant, et le temps a commencé avec la création, et tout cela est sorti du néant par la puissance, la sagesse, l’amour de Dieu.

A qui cela peut-il appartenir, sinon à celui qui l’a fait? Quand donc Dieu a créé, au commencement, le ciel et la terre, il en est devenu le Maître suprême. Il l’était auparavant, mais à ce moment, la créature intelligente a pu comprendre qu’au-dessus d’elle il y avait un propriétaire souverain de qui elle était le domaine. Vainement certains êtres sortis des mains toutes puissantes qui les ont fabriqués diront au souverain Dominateur: Nous ne vous connaissons pas. Elles sentiront de toute nécessité son empire. Au contraire, il est naturel que, créés pour participer au bonheur, tous les êtres se perdent dans une action de grâces incessante envers celui qui a appelé l’univers à l’existence.

II. Je me prosterne, ô mon Dieu, aux pieds de votre infinie majesté. Que suis-je? Un néant par mon origine. Qu’ai-je que je n’aie reçu de vous? Quand l’ai-je reçu? Il y a quelques instants à peine. Il semble qu’il y a si peu de temps que je n’étais pas, que je devrais me souvenir de mon néant, si le néant était quelque chose. Mais le néant n’est pas quelque chose, le néant, c’est rien.

O Dieu, j’insiste sur cette pensée pour me montrer à moi-même mon rien, mon néant. Pourtant j’existe, je suis quelque chose, mais je le suis par vous. Je vous dois l’être, la matière, la forme, l’intelligence, la volonté, l’amour, la sensibilité de mon être; je vous dois de penser, d’agir. O mon Dieu, tout cela vient de vous, et doit se tourner vers vous dans le plus profond sentiment de dépendance.

Quelle folie dès lors, puisque je sors de vous par la création, de ne pas me maintenir sous la plus absolue dépendance à votre égard!

Mon Dieu, faites que ces pensées si simples, si évidentes, président aux quelques instants que je dois passer sur la terre. Vous avez créé le monde, il est à vous. Je suis un grain de poussière dans le monde. Eh bien! cette poussière sait qu’elle est poussière, et qu’elle est votre propriété. Je veux entièrement, absolument, uniquement, dépendre de vous, ô mon Créateur, et marcher en tout et pour tout selon les ordres de votre puissance, les dispositions de votre sagesse, les miséricordes de votre amour.

Notes et post-scriptum
1. "Au commencement Dieu créa le ciel et la terre." (Gen. I, 1.)
2. Hebr. I, 2.