OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE TEMPS DE LA SEPTUAGESIME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE TEMPS DE LA SEPTUAGESIME
  • MARDI DE LA SEPTUAGESIME
    CREATION DE L'HOMME.
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 162-165.
  • CO 5
Informations détaillées
  • 1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 DON D'INTELLIGENCE
    1 FOI
    1 HOMME CREE A L'IMAGE DE DIEU
    1 MEMOIRE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SEPTUAGESIME
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 TRINITE
    1 VIE CONTEMPLATIVE
    1 VOLONTE
  • 1875
La lettre

Faciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostram(1). Tous les êtres matériels portent, dit saint Thomas, les vestiges de Dieu(2). Mais l’homme porte son image et sa ressemblance. Quelle est cette image divine dans son corps? Je n’y insisterai pas. En son âme je trouve une image très imparfaite de la Trinité. En Dieu, il y a l’essence divine, la sagesse divine, l’amour infini comme la sagesse. Le principe, qui est appelé le Père, se connaît dans le Fils, s’aime dans le Saint-Esprit, et le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit ne font qu’une seule essence, un seul Dieu en trois personnes, et c’est un mystère où ma raison se perd, mais que la foi me présente, auquel j’adhère par le plus intime de mon être. En moi il y a non trois personnes, mais trois facultés: la mémoire, l’intelligence, la volonté.

I. La mémoire.

L’âme est créée, elle a reçu l’être et la puissance d’accroître en quelque sorte son être par les vérités dont elle se nourrit. Comment lui viennent ces vérités? Là est le secret sur lequel disputent les philosophes. Enfin, elle a la possibilité de recevoir. De même que ma poitrine a la faculté de respirer, mon oeil de voir la lumière, mon oreille d’entendre les sons: mon âme a la possibilité de recevoir la vérité et de vivre intellectuellement par la vérité. Elle est d’une autre façon que mon corps, elle a la faculté de comprendre.

O mon Dieu, donnez à mon intelligence de vivre dans la vérité, d’y adhérer, de s’en nourrir et de croître par la participation à cet admirable aliment.

II. [L’intelligence.]

L’âme qui reçoit la vérité ne l’a pas plutôt reçue qu’elle la fait en quelque sorte sienne par l’intelligence qui l’appréhende, la saisit, la conçoit, quelquefois même la comprend. Seulement, ce que Dieu fait par un acte instantané -s’il y a des instants en Dieu,l’âme le fait successivement. Quoi qu’il en soit de ces problèmes, où les philosophes chrétiens eux-mêmes peuvent discuter, c’est par mon intelligence que je puis connaître Dieu. Dieu a versé la vérité dans ma mémoire; mon intelligence la saisit, l’affirme, la proclame, et, ne pouvant comprendre, croit. Oh! quelle ne doit pas être ma foi en Dieu, du moment qu’il se montre à moi autant que je suis capable de le connaître ici-bas! Par lui, j’ai l’être spirituel; par lui, j’ai l’intelligence pour le connaître. Quelle occupation: connaître Dieu, le connaître tous les jours plus parfaitement; que puis-je désirer de plus?

III. [La volonté.]

Ce que je puis désirer après l’avoir connu, c’est de l’aimer. Les démons croient et tremblent, moi je crois ce Dieu révélé à mon intelligence et je l’aime. O folie de l’homme qui n’emploie pas toute sa puissance d’aimer, à aimer Dieu.

O Seigneur, je vous aimerai, vous êtes ma force, ma lumière, mon tout, mon bonheur. En vous aimant je vous posséderai, et quand on aime Dieu, que peut-on désirer, sinon, en devenant de plus en plus son image, de lui être de plus en plus uni dans l’obéissance, la connaissance et l’amour?

Notes et post-scriptum
1. "Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance." (Gen. I, 26.)
2. Sum. theol., Ia pars, q. XLV, art. 7.