- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE TEMPS DE LA SEPTUAGESIME
- MERCREDI DE LA SEPTUAGESIME
DOMAINE DE L'HOMME SUR LA CREATION. - Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 165-167.
- CO 5
- 1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 CREATURES
1 PECHE ORIGINEL
1 PENITENCES
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 SEPTUAGESIME
1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
1 VERTU DE PENITENCE
1 VIE DE SACRIFICE
2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT - 1875
Replete terram et subiicite eam(1). -Dieu donne à l’homme le domaine universel sur la terre. Pourquoi cette dignité, sinon pour que l’homme, en faisant sur la terre les fonctions de roi, remplisse en même temps les fonctions de prêtre, prête en quelque sorte sa voix aux êtres dépourvus de raison, prie, loue, remercie pour eux. Telle était la mission du premier homme. Depuis le péché, il est déchu; mais, relevé par Jésus-Christ, il peut encore être le médiateur entre la créature et le Créateur.
I. Les choses sont changées. Sans doute, la création est révoltée contre l’homme, comme l’homme est révolté contre Dieu; mais, quoique roi amoindri, il a un certain domaine qu’il peut reconquérir par la pénitence; il ne dépend que de lui. Tout est pour lui une cause de souffrance: les intempéries des saisons, la stérilité de la terre, la dureté des travaux, les mécomptes dans les produits des champs. On n’en finirait pas, mais tout cela humblement accepté est une utile pénitence.
II. Allons plus loin. L’homme cherche à user, d’une manière injuste, des débris du domaine que Dieu lui a laissé dans le monde, et il abuse des créatures en tournant bien souvent contre le Créateur l’emploi qu’il lui était permis d’en faire. Ici se présente une grande et belle mission: arrêter cette source de désordres par l’abstention des biens permis, par la privation des jouissances légitimes procurées par les créatures. Que de grandeur à reconquérir, en s’appliquant à faire rentrer les choses dans l’ordre, en les ramenant à la dépendance envers Dieu! L’homme, par son péché, a en quelque sorte profané la création; l’homme, par sa pénitence, travaille à lui rendre sa beauté primitive.
III. L’homme peut faire davantage. Naturellement il cherche à posséder le plus possible, afin de jouir le plus possible; or, il ne peut accroître son bien qu’en diminuant celui des autres. Mais il peut se priver, s’exercer à jouir moins, sacrifier ses droits, et dans cette abdication trouver le principe du retour à l’ordre. Il montre que le bonheur n’est pas dans les jouissances terrestres; il regarde plus haut. En se dépouillant, il prouve qu’après tout, ce qui est terrestre, est de peu de valeur; il retourne vers son principe d’où il s’était éloigné, mais en dédaignant la terre il reprend son empire sur elle comme saint François d’Assise qui, par son extrême pauvreté, était devenu si puissant sur les choses du dehors.
Quand redeviendrai-je le souverain de la création? D’abord en la méprisant dans ce qui me regarde, en lui demandant le moins possible, en m’en servant pour mes frères et en rapportant tout à Dieu.