OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
  • MERCREDI DES CENDRES
    L'ESPRIT DE SOLITUDE.
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 187-190.
  • CO 6-7
Informations détaillées
  • 1 AMOUR-PROPRE
    1 BIEN SUPREME
    1 CAREME
    1 DROITS DE DIEU
    1 ETUDE DES PERFECTIONS DE DIEU
    1 LEGERETE
    1 MERCREDI DES CENDRES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SOLITUDE
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOIE UNITIVE
    2 JEREMIE
    2 MARC, SAINT
    3 JERUSALEM
  • 1875
La lettre

Venite seorsum, in desertum locum et requiescite pusillum(1). -Le Carême doit être pour moi un temps de plus grande solitude et de pénitence. J’étudierai aujourd’hui la nécessité de la solitude.

La solitude m’est nécessaire:

1° pour examiner ce que je dois fuir;

2° pour méditer sur les moyens de me rapprocher de Dieu.

I. Examen de ce que je dois fuir.

Tout ce qui m’éloigne de Dieu, et je trouve: 1° Mes idées habituelles. -Que sont-elles? Un composé de riens, de futilités. Je pense à tout, excepté à Dieu. Je me fais des horizons agréables, je m’y perds, j’y erre en quelque sorte au milieu des nuages. Supposé que ces idées ne soient pas mauvaises, elles sont tout au moins inutiles à mon éternité, et elles me sont nuisibles, puisqu’elles m’écartent de Dieu. Ierusalem, Ierusalem, convertere ad Dominum Deum tuum(2).

Ma légèreté. -Combien de fois ai-je passé dix minutes à penser constamment à une idée du ciel? Ah! si j’ai été vexé, humilié, contrarié, ma pensée est devenue fixe. Si la passion m’a entraîné, je sais encore mettre quelque chose d’immuable dans mon esprit. Mais habituellement, où en suis-je? La plume qui vole, la feuille qui tombe, la fumée qui se dissipe, tout cela n’est pas plus volage, fluide que ma pensée. Il faut que je la rende plus ferme, et pour cela que je rentre dans la solitude où Dieu, plus près de moi, me parlera et me forcera à l’écouter.

Mes affaires. -Je devrais n’en avoir pas de plus grande que celle de mon éternité.

Hélas! il n’en est pas ainsi.

J’ai mille préoccupations, mille soins qui m’absorbent et m’empêchent, de profiter de l’invitation de saint Paul: Ut vestrum negotium agatis(3).

Seigneur, je veux m’occuper de ma grande affaire, et pour cela rentrer, autant qu’il dépendra de moi, dans une vraie solitude.

II. Moyens de me rapprocher de Dieu.

Ces moyens sont:

L’étude de Dieu. -Quoi de plus beau! Mon intelligence, dans son infirmité, ne peut le contempler et le saisir d’un regard simple, comme les anges, mais je puis l’étudier et, dans la méditation, apprendre chaque jour quelque chose de ses perfections. Oh! Seigneur, quand vous connaîtrai-je ici-bas autant que j’en suis capable? Ce sera quand, dans la solitude, séparé de tout et de moi-même, je ne chercherai que vous.

La méditation des droits de Dieu. -Oh! Seigneur, je frémis. Qu’êtes-vous pour moi, que suis-je pour vous? Vous, Seigneur, vous m’êtes tout: Deus meus et omnia(4). Moi je ne suis rien: substantia mea tanquam nihilum ante te(5). Vous avez sur moi tous les droits de la puissance, de la sagesse et de l’amour infinis.

Quand les reconnaîtrai-je ces droits? Quand agirai-je conformément à tout ce qu’ils exigent de mon néant, de mon péché, de mes ingratitudes, de mes révoltes?

L’effort pour entrer dans la vie surnaturelle. -L’homme animal ne comprend pas. Que d’hommes en sont là! N’y suis-je pas moi-même? J’ai besoin de la grâce, sans doute, mais aussi de tout l’effort de ma volonté pour m’élever vers Dieu. Cela est dur à l’âme dissipée, mais si elle le veut, elle le peut. La grâce lui est accordée: Ecce nunc tempus acceptabile(6). Rien de plus aisé si je profite généreusement de la solitude de ces saints jours.

Seigneur, je ferai effort et j’arriverai par votre grâce à vivre avec vous.

Rapports intimes avec Dieu. -Ce sera le couronnement. Je vivrai en vous, Seigneur, et je n’aurai besoin de rien. Vous serez mon Bien-Aimé par excellence, je n’en voudrai pas d’autres.

Chastes délices de l’âme unie à son Dieu, vous coulerez en moi, et alors je comprendrai ce qu’est la solitude où Dieu parle au coeur de sa créature, à qui il communique son inénarrable amitié!

Notes et post-scriptum
1. "Venez à l'écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu." (Marc. VI, 31.)
2. "Jérusalem, Jérusalem, convertis-toi au Seigneur ton Dieu." Exhortation par laquelle l'Eglise termine les lamentations de Jérémie pendant les trois derniers jours de la Semaine Sainte.
3. "Occupez-vous de votre affaire." (I Thess. IV, 11.)
4. "Mon Dieu et mon tout." (Imit. de J.-C., I, III, ch. XXXIV, n° 1.)
5. "Mon être est comme un néant devant vous." (Ps. XXXVIII, 6.)
6. "Voici maintenant le temps favorable." (II Cor. VI, 2.)