OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME

• OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
• PREMIER JEUDI DE CAREME
  VIE AUSTERE.
• Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 190-193.
• CO 6-7

• 1 AMOUR DU CHRIST
  1 AUSTERITE
  1 CAREME
  1 HUMILITE
  1 JUSTICE DE DIEU
  1 LUTTE CONTRE LE PECHE
  1 PIETE
  1 PURIFICATION
  1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
  1 SALUT DU GENRE HUMAIN
  1 VERTU DE PENITENCE
  1 ZELE APOSTOLIQUE
  2 ISAIE, PROPHETE
  2 MATTHIEU, SAINT
  2 PAUL, SAINT
• 1875

Poenitentiam agite(1). -Il faut faire pénitence et mener une vie austère.

1° Parce que la justice de Dieu est là, qui réclame de nous une dette. – Nous l’avons offensée; il faut s’exécuter. On l’a dit, et rien de plus vrai: Si je ne fais pas pénitence en ce monde, il faudra la faire dans l’autre.

O Dieu! votre justice est terrible, je veux la satisfaire au plus tôt.

2° Parce que je dois me purifier. -Où en est mon âme? Si elle n’est pas morte, de combien de souillures n’est-elle pas couverte? Quelles impuretés ont terni sa blancheur baptismale! Veux-je prolonger un état pareil? Ah! que la vie pénitente m’est nécessaire et que je suis coupable, sachant le dégoût, la répugnance que mon état causait à Dieu, de ne pas m’être lavé par la pénitence et la générosité d’une vie austère!

3° Je dois faire pénitence afin de m’humilier. -Ah! sans doute, il en coûte à mon orgueil; il lui en coûte beaucoup. Il faut que je change beaucoup à mes habitudes, il faut que je me fasse petit, que je m’anéantisse et que je me proclame un ingrat, un révolté, un pécheur. Il faut que devant Dieu j’entre dans le détail, que je répare des scandales. Tout cela est humiliant, mais cette pénitence est d’autant plus excellente qu’elle atteint le mal dans sa source, dans mon orgueil: Per quae peccat quis per haec et torquetur(2). Seigneur, j’accepte d’être humilié, pourvu que dans mon humiliation je trouve votre pardon et mon salut.

4° Parce que la pénitence me donnera l’horreur du péché. -La nature frémit devant la vie austère. Elle sent qu’elle s’y use, et elle n’en veut pas. C’est pourquoi je ferai pénitence. Mes sens, mes habitudes, mes idées humaines se révolteront, mais je les dompterai et j’acquerrai l’horreur du péché, et cette horreur me préservera de le commettre de nouveau.

5° Parce que la pénitence m’apprendra à vaincre et me donnera de l’attrait pour le triomphe. -Je ne puis mener une vie austère sans combat. Que de prétextes se présentent pour mener une vie douce, commode, affadie? Eh bien! il faut que j’apprenne à secouer ces prétextes, à m’éloigner de ces pentes amollissantes, à dédaigner ces énervements. Mais qu’il me faut lutter! Pourtant, je puis tout en celui qui me fortifie. Par lui, je vaincrai. Par lui je dompterai ma chair, je redeviendrai possesseur de moi-même. Oh! quand viendra l’heure où le triomphe définitif m’assurera, par la vigueur du combat, l’éternité de la récompense.

6° Parce que l’austérité réveille la ferveur. -Point de vraie ferveur sans vie austère. La vie austère est le fruit auquel on reconnaît l’arbre digne d’être planté dans le jardin de Dieu. Combien de temps ai-je passé dans une tiédeur déplorable? Ecce nunc dies salutis(3). Que ce jour de salut me transforme en un serviteur zélé, en un religieux fervent. O Jésus, modèle de la vie de douleur, apprenez-moi à être austère, afin que j’apprenne à devenir fervent.

7° Pour prouver mon amour à Jésus-Christ. -Jésus-Christ m’a aimé, et il s’est livré pour moi à la plus effroyable pénitence sur la croix. Et pourquoi? Une goutte de son sang divin, ne pouvait-elle pas sauver le monde entier? Sans doute, mais il a voulu me montrer son amour en se faisant l’homme de douleurs, ayant la science de mes infirmités, qu’il voulait guérir. Virum dolorum, scientem infirmitatem(4).

Je lui prouverai mon amour de la même sorte par une vie pénitente dont l’aiguillon sera ma tendresse pour celui qui m’a racheté par sa croix.

8° Enfin parce que la pénitence me rend participant de la rédemption du genre humain. -Quel honneur et quel privilège! Mais il en est ainsi! Jésus m’aime jusque-là! Je veux être digne de ce qui m’est proposé, et alors même que je n’aurais pas à expier pour moi, j’embrasserai la vie pénitente et austère pour entrer dans les intentions de Jésus, Sauveur du monde, et contribuer, selon ma misère, au salut des hommes et au pardon des pécheurs.