- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
- PREMIER DIMANCHE DE CAREME
[SUR L'EVANGILE DU DIMANCHE: Matth. IV, 1-11] - Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 200-203.
- CO 6-7
- 1 CAREME
1 JESUS-CHRIST
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 SATAN
1 TENTATION
1 TRIPLE CONCUPISCENCE
2 MATTHIEU, SAINT - 1875
Etudions la permission que Jésus donna à Satan de le tenter aussitôt après son baptême et son jeûne, pour nous apprendre que ni l’innocence ni la pénitence ne doivent nous empêcher de veiller sans cesse.
I. Satan propose d’abord à Jésus de changer des pierres en pain. Rien de plus simple; et sous ce miracle, ne voyez-vous pas surgir les merveilles de l’industrie, les prodiges enfantés par la combinaison de l’intelligence et du travail? Voilà la source de la richesse, et que d’hommes s’y laissent prendre! Les hommes font des prodiges, et ils peuvent les faire comme Jésus venait faire des miracles, mais non par orgueil, mais non pour assouvir des appétits, mais non pas surtout pour céder aux suggestions de Satan.
Le diable lui dit: « Si filius Dei es. Si vous êtes le Fils de Dieu. » Après tout, il veut savoir si Jésus-Christ est réellement le Messie. Et Jésus-Christ, seul plaçant sur un autre terrain, lui répond: « Non in solo pane vivit homo sed in omni verbo quod procedit de ore Dei. L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Il faut vivre de la parole de Dieu. Raison de mes chutes; je ne vis pas assez de la parole de Dieu. Je n’en fais pas assez vivre les âmes qui me sont confiées, parce que je ne m’en pénètre pas d’une façon assez communicative. Effroyable question où se trouve la condamnation des catholiques, des prêtres, et surtout des religieux ignorants.
II. Le démon transporte Jésus au sommet du temple: « Si filius Dei es, mitte te deorsum. Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas », et il lui allègue des textes. Cette science du diable devrait donner à réfléchir aux hérétiques, qui ne seront jamais aussi habiles en fait de textes que le diable. Pourtant Jésus les lui rétorque: « Non tentabis Dominum Deum tuum. Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. » Ah! quelle parole de sagesse! Là est toute la prudence divine. Se confier en Dieu avec le plus entier abandon, mais ne pas le tenter témérairement. Hélas! combien de fois cela ne m’est-il pas arrivé? La vie chrétienne est une vie de foi, mais non pas de présomption. Dieu sait les secours qu’il veut me donner. Si je le tente, il me les refuse, et je n’ai que ce que je mérite.
III. Enfin, dernière tentation: « Haec omnia tibi dabo si cadens adoraveris me. Je vous donnerai toutes ces choses si, vous prosternant, vous m’adorez. » Outre que Satan, père du mensonge, promet ce qu’il ne peut tenir, disons que la grande lutte est entre l’adoration de Satan et de l’homme, d’une part, et de l’autre l’adoration de Dieu. J’adore Satan quand je cède à ses tentations; je m’adore moi-même quand je suis ma pente et que je m’incline vers mes passions, mes pensées, mon orgueil. Et que de créatures n’adoré-je pas, lorsque je devrais n’adorer que Dieu.
Hélas! par qui Dieu est-il adoré, et comment l’est-il? Pourtant, il faut en venir là: Oportet… te adorare(1). Ah! quand rendrons-nous à Dieu ses droits à être adoré? Quand l’adorerons-nous en esprit et en vérité?
Nous l’adorerons vraiment quand nous l’adorerons dans les lumières de Jésus-Christ, dans ses enseignements et dans ses prescriptions. Seigneur, donnez-moi la perfection de cette adoration absolue à laquelle me conduira votre Fils. Jésus-Christ est, selon l’humanité, le parfait Adorateur. Donnez-moi de le comprendre et de vivre de telle sorte que chaque moment de ma vie soit un acte d’adoration.