OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
  • MARDI DE LA PREMIERE SEMAINE DE CAREME
    [SUR L'EVANGILE DE LA FERIE: Matth. XXI, 10-17]
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 206-209.
  • CO 6-7
Informations détaillées
  • 1 CAREME
    1 CONSCIENCE MORALE
    1 HYPOCRISIE
    1 INDIFFERENCE
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LACHETE
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RESPECT HUMAIN
    1 SCANDALE
    2 MATTHIEU, SAINT
    3 JERUSALEM
  • 1875
La lettre

I. « Cum intrasset Iesus Ierosolymam, commota est universa civitas dicens: Quis est hic? Lorsqu’il fut entré dans Jérusalem, toute la ville fut agitée et disait: Quel est celui-ci? » Hélas! que d’hommes se posent cette question: Mais quelle est donc cette étrange figure? Quis est hic? Est-ce qu’il n’était pas venu d’autres fois à Jérusalem? Evidemment, il y était venu plusieurs fois. Pourquoi donc cette question, qui se renouvelle sans cesse de nos jours?

1° Un certain nombre ne le connaissent réellement pas. Ils ne sont pas dignes de le connaître, et quand on leur parle du Sauveur du monde, ils n’éprouvent en aucune façon le besoin d’être sauvés.

2° D’autres ont peur de le connaître. Il y a, entre sa doctrine et leur vie, une si effrayante opposition, que la pensée de connaître Jésus-Christ les épouvante. Ils en savent assez pour voir que Jésus est leur condamnation vivante, et ils ne veulent pas être condamnés.

3° Que dire de ceux qui, par respect humain, font semblant de ne pas connaître Jésus? Laissons-les rougir de lui, il rougira d’eux devant son Père.

Jésus-Christ se charge de leur infliger le mépris dont ils sont si dignes. Passons sur ces êtres avilis par la peur des hommes, et que la crainte de Dieu ne relève pas.

4° Enfin, la question est posée avec une terreur utile par une foule d’hommes à qui la conversion est nécessaire, mais qui hésitent encore: Quis est hic? Quel est cet homme qui ose pénétrer dans le sanctuaire de ma conscience et dire: J’en suis le maître? Eh bien! c’est Jésus-Christ par qui votre conscience a été créée comme le reste de l’univers, et il en est si bien le maître, que vous le voyez pénétrer dans le temple et en chasser les vendeurs, les acheteurs, les changeurs: « Vendentes et ementes…, et mensas nummulariorum… evertit. Il chassa tous ceux qui vendaient et achetaient, et il renversa les tables des changeurs. » Il exerce sa toute-puissance, il ne veut pas que la maison de Dieu, la maison de prière, devienne une caverne de voleurs. Et pour prouver son droit, il guérit les aveugles et les boiteux qui s’approchent de lui. Admirable modèle! Jésus donnera la lumière à mon âme et affermira mes pas, si je le lui demande avec sincérité. O Jésus, éclairez mes yeux, affermissez mes pieds, et donnez-moi de m’approcher de vous.

II. Mais cette manière d’agir trouble les pharisiens, les scribes, les princes des prêtres, qui se scandalisent à bon droit. N’était-ce pas un des leurs qui avait inventé le commerce des victimes? Plusieurs de ces honnêtes scandalisés n’y avaient-ils pas pris part? Et quand, après l’expulsion des vendeurs du temple, ils voient cet homme faire des prodiges et les enfants crier: « Hosanna au Fils de David », est-il bien difficile de comprendre leur scandale nouveau: « Audis quid isti dicunt? Entendez-vous ce qu’ils disent? » Eh! sans doute il l’a entendu. Il leur répond de façon à leur fermer la bouche, et il s’en va. « Utique. Numquam legistis: quia ex ore infantium et lactentium perfecisti laudem?.. Et relictis illis abiit foras. Oui. N’avez-vous jamais lu (cette parole): De la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle, vous avez tiré une louange parfaite? Et les ayant laissés, il s’en alla hors de la ville. »

Tel est le sort de ceux qui tournent à mal les bienfaits de Jésus, sous prétexte qu’il a fait des actes de vigueur. Jésus voit bien qu’il n’y a plus rien à faire avec cette race perverse, et il se retire.

En suis-je là? Ai-je tellement scandalisé Jésus-Christ par mes étonnements, mes délais, mes oppositions, les scandales que sa conduite m’a causés, qu’il veuille se retirer de moi? Ce n’est pas le peuple qui le traite ainsi, ce sont les princes des prêtres et les docteurs, c’est la classe qui, sous l’ancienne loi, correspond à la mienne dans la nouvelle.

O Jésus, ne vous retirez pas. Restez, Seigneur, j’accepte et vos sévérités et vos miracles. Je veux vous louer avec les petits enfants et profiter de votre adorable visite.

Notes et post-scriptum