OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
  • DEUXIEME DIMANCHE DE CAREME
    [SUR L'EVANGILE DU DIMANCHE: Matth. XVII, 1-9]
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 219-222.
  • CO 6-7
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 BEAUTE DE JESUS-CHRIST
    1 CAREME
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 PRUDENCE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RENOUVELLEMENT
    1 TRANSFIGURATION
    2 ELIE, PROPHETE
    2 MATTHIEU, SAINT
    2 MOISE
    3 THABOR
  • 1875
La lettre

I. Contemplons encore le Fils de Dieu transfiguré sur la montagne, entre Moïse et Elie. Sans doute il n’apparaît ainsi qu’à trois de ses disciples, mais des disciples qui, plus tard, par l’éclat de leurs miracles, prouveront combien ils sont dignes de foi. Donc, tout ce qu’ils disent peut être cru. Ecoutez-les.

Jésus, pour un moment, veut perdre la modestie de son enveloppe mortelle. Il apparaît éclatant de gloire, et il s’entretient avec deux personnages célestes: Moïse et Elie. Et pourtant, voilà mon modèle; Moïse, par qui est donnée la Loi; Elie, ce grand zélateur de la maison de Dieu: Zelo zelatus sum pro Domino Deo exercituum(1). Quand travaillerai-je sincèrement à tout transformer en moi? Je le puis par la grâce de Jésus-Christ. Quand le voudrai-je?

II. Mais de quoi parlent Moïse et Elie avec Jésus? De la passion. Voilà la clé du mystère. Si je veux aller au Thabor, il me faut passer par le Calvaire, et, tant que je ne me serai pas attaché à la croix de Jésus, jamais je ne serai transfiguré. Telle est la leçon, tel est l’admirable enseignement qui ressort pour moi de cette étonnante conversation; tel est aussi le motif pour lequel il y a si peu de chrétiens transfigurés. Nous ne voulons pas souffrir et nous laisser crucifier.

III. Les apôtres, que le Saint-Esprit n’avait pas encore illuminés, ne sont frappés que de la beauté du spectacle. Ils voudraient le prolonger, et Pierre, au nom des autres, s’adressant au Sauveur, lui dit: « Domine bonum est nos hic esse; si vis faciamus tria tabernacula, tibi unum, Moïsi unum et Eliae unum. Seigneur, il nous est bon d’être ici; si vous le voulez, faisons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Elie! »

Image de ces chrétiens qui, jouissant de quelques consolations ici-bas, croient qu’il leur est permis de s’arrêter aux joies de la terre même les plus pures, soit à l’oraison, soit dans la participation aux saints mystères; en un mot, dans les spectacles les plus édifiants. Mais non, là n’est pas le terme, là n’est pas la patrie. Aussi une voix du ciel se fait entendre: « Hic est filius meus dilectus in quo mihi complacui, ipsum audite. Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances; écoutez-le. » Mettez vos complaisances, comme je les ai mises, en ce Jésus; resplendissant de gloire ou enveloppé sous les voiles humains, il n’en est pas moins mon Fils; c’est lui qu’il faut écouter, et vous parviendrez ainsi à lui ressembler un jour: « Ipsum audite. Ecoutez-le. » Il est l’auteur et le consommateur de la foi qu’il exige.

Or, tout est là: écouter Jésus. L’écouter dans son Eglise, l’écouter dans le sanctuaire de notre conscience, et marcher, à sa conduite, dans la nouvelle loi qu’il est venu apporter au monde; telle est la loi de la perfection.

IV. A peine cette voix est-elle entendue, que les apôtres, terrifiés, tombent la face contre terre. Et quand ils reviennent de leur. effroi, ils n’aperçoivent que Jésus: Neminem viderunt nisi solum Iesum Mais Jésus, c’est tout. Or, que leur dit le divin Maître « Visionem nemini dixeritis priusquam Filius hominis a mortuis resurgat. Ne parlez à personne de ce que vous avez vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. » Admirable prudence, qui nous apprend dans quel silence il importe de cacher les dons de Dieu.

Seigneur, donnez-moi de me transfigurer sans cesse dans la foi à vos paroles, dans le désir de la patrie où vous m’apparaîtrez dans votre gloire, dans l’amour qui m’unira à vous sans que rien puisse m’en séparer.

Notes et post-scriptum
1. "Je brûle de zèle pour le Seigneur Dieu des armées." (III Reg. XIX, 10.)