OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
  • MERCREDI DE LA DEUXIEME SEMAINE DE CAREME
    [SUR L'EVANGILE DE LA FERIE: Matth. XX, 17-28]
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 227-232.
  • CO 6-7
Informations détaillées
  • 1 AMBITION
    1 CAREME
    1 DESINTERESSEMENT DE L'APOTRE
    1 FAUSSE SCIENCE
    1 GENEROSITE DE L'APOTRE
    1 HUMILITE
    1 PAGANISME
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PERSECUTIONS
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VOCATION SACERDOTALE
    2 MATTHIEU, SAINT
    3 JERUSALEM
  • 1875
La lettre

« Ascendens Iesus Ierosolymam assumpsit duodecim discipulos secreto. Jésus montant à Jérusalem prit à part les douze disciples. » Je remarque, dans cet Evangile: 1° la manière dont Notre-Seigneur montre le type de la vocation; 2° l’élément humain qu’y mêle la famille; 3° la condamnation formelle que fait Jésus-Christ de ces idées et le principe surnaturel qu’il développe.

I. Type de la vocation sacerdotale.

« Ecce ascendimus Ierosolymam et Filius hominis tradetur principibus sacerdotum et scribis, et condemnabunt eum morte; et tradent eum gentibus ad illudendum et flagellandum et crucifigendum: Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort; et ils le livreront aux Gentils pour qu’ils se moquent de lui, le flagellent et le crucifient. »

Où va-t-il? A Jérusalem, la ville des sacrifices, la ville sacerdotale par excellence. Les princes des prêtres représentent les débris du pouvoir juif, le sacerdoce, ses jalousies, ses envies, ses intrigues.

[Les scribes représentent] la fausse science, les hommes de loi, les juristes, perpétuels ennemis de l’Eglise. Levez les yeux et voyez: Et scribis. Là aussi se trouvait la fausse science. La science, ah! elle a ses haines. Le sacerdoce porte la parole de Dieu, la science moderne porte la parole de l’homme, et il y a conflit.

« Ad illudendum: pour qu’ils se moquent de lui! » ceci est le fait des savants. « Ad flagellandum: pour qu’ils le flagellent », ceci est le fait des avocats. « Et crucifigendum: et qu’ils le crucifient », ceci est le fait des princes des prêtres. Ad illudendum et flagellandum et crucifigendum: ceci est le fait de tous. « Et tertia die resurget: et il ressuscitera le troisième jour », voilà le sacerdoce. Tels ou tels prêtres apôtres seront persécutés, périront; le sacerdoce est impérissable.

Maintenant ne suis-je pas effrayé de ces haines, de ces jalousies, de ces persécutions jusqu’aux supplices, jusqu’à la mort? Suis-je résolu à tout endurer et à être livré à la populace des Gentils, c’est-à-dire aux hommes sans foi, si nombreux de nos jours? O, Jésus, faites-moi comprendre ce type nouveau du sacerdoce que vous venez apporter au monde.

II. Idées humaines sur la vocation sacerdotale.

Mais le monde ne l’entend pas ainsi. Jésus parle de critiques, de moqueries, de persécutions, de supplices, de crucifiement. Il y avait là une mère de deux apôtres parents de Jésus, et, à ce titre, se croyant des droits à des faveurs exceptionnelles. C’est une femme pieuse. « Accessit: elle s’approche », elle ne rougit pas de Jésus, elle. « Adorans et petens: elle se prosterne, elle adore », voyez-vous? Elle fait des démarches: accessit, il faut bien en faire. Elle adore, vous ne pouvez vous plaindre, elle traite Dieu avec tout le respect possible. Que voulez-vous de plus? « Et petens, elle supplie. » Ses enfants ont la santé délicate. On ne sait qu’en faire. On en fera des prêtres, mais des prêtres qui aient de bons postes, sans quoi on les retirera; et s’ils ne sont pas bien placés, on se plaindra; et s’ils sont bien placés; on ira avec eux, et les vieux jours du père et de la mère seront assurés: « Petens aliquid ab eo: lui demandant quelque chose. »

Elle n’osait pas le dire du premier coup, il faut que Notre-Seigneur l’encourage: « Quid vis? Que veux-tu? » Elle reprend: « Dic ut sedeant hi duo filii mee unus ad dexteram et unus ad sinistram in regno tuo. Ordonnez que mes deux fils que voici soient assis, l’un à votre droite, l’autre à votre gauche, dans votre royaume. » Notre-Seigneur répond à tous les trois: « Nescitis quod petatis. Potestis bibere calicem quem ego bibiturus sum? Dicunt ei possumus. Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je dois boire moi-même? Ils lui dirent: nous le pouvons. » Je soupçonne que la mère le dit avec ses enfants. Et Jésus: « Calicem quidem meum bibetis: Oui, vous boirez mon calice. » J’admets que vous puissiez le boire, mais avec quelles dispositions? « Sedere autem ad dexteram meam vel ad sinistram, non est meum dare vobis, sed quibus paratum, est a Patre meo: Quant à être assis à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de vous le donner; ce sera pour ceux auxquels mon Père l’a préparé. » Quoi! ce n’est pas à Jésus à fixer la place des siens? Non, dans un sens. Fixer la place des prêtres est une chose tellement haute, que Dieu seul peut l’accomplir: Sed quibus paratum est a Patre meo.

Malheur à qui s’asseoit même à la droite ou à la gauche de Jésus sans la permission du Père de Jésus!

Malheur à ceux qui ont les idées de cette mère ambitieuse!

Malheur à moi si j’écoute les idées de ma famille.

III. Condamnation portée par Jésus.

A peine ce dialogue a-t-il été tenu, que les dix autres apôtres entrent en fureur. Je le crois bien, on voulait prendre leur place, et eux aussi voulaient être le plus près du Maître, afin d’avoir davantage et de son pouvoir et de sa gloire. « Et audientes decem indignati sunt: Les dix, ayant entendu cela, s’indignèrent. » Et Jésus, qui est bon, les empêche de se laisser emporter. Il les appelle: vocavit eos ad se. Il y a un charme qui sort toujours de Jésus. « Scitis quia principes gentium dominantur eorum et qui maiores sunt potestatem exercent in eos: Vous savez que les princes des nations les dominent et que les grands exercent la puissance sur elles. » Voilà les dispositions humaines, et il ne faut pas s’en étonner. Dieu laisse les hommes terrestres chercher les choses de la terre. « Mais pour vous, il n’en sera point ainsi: Non ita erit inter vos. » Les idées des hommes sont disposées selon certaines pentes entièrement contraires aux idées de Dieu. « Sed quicumque voluerit inter vos maior fieri erit minister vester, et qui voluerit inter vos primus esse erit vester servus: Mais que celui qui voudra devenir le plus grand parmi vous soit votre serviteur, et que celui qui voudra être le premier parmi vous soit votre esclave. » Etrange bouleversement des idées, mais il est ainsi, et, comme confirmation, Jésus ajoute: « Sicut filius hominis non venit ministrari sed ministrare et dare animam suam redemptionem pro multis. De même que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie comme la rançon d’un grand nombre. »

Sont-ce là mes dispositions? Est-ce mon humilité, ma servitude, ma dépendance, ma disposition à mourir pour tous?

Seigneur, faites que, méditant sur vos exemples, je puisse y parvenir un jour.

Notes et post-scriptum