OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
  • JEUDI DE LA DEUXIEME SEMAINE DE CAREME
    [SUR L'EVANGILE DE LA FERIE: Luc. XVI, 19-31]
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 232-235.
  • CO 6-7
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DES AISES
    1 AVARICE
    1 CAREME
    1 CHATIMENT DU PECHE
    1 CIEL
    1 FORTUNE
    1 INJUSTICES
    1 PAUVRETE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    2 ABRAHAM
    2 LAZARE
    2 LUC, SAINT
    2 MOISE
  • 1875
La lettre

I. « Homo quidam erat dives: Il y avait un homme riche. » On ne dit pas qu’il eût mal acquis son bien. Seulement il était un vaniteux dans ses habits: « Induebatur purpura et bysso: il était vêtu de pourpre et de lin. » C’était un gourmand: « Epulabatur quotidie splendide: Il faisait chaque jour une chère splendide. » C’était un homme de bien-être. Etrange situation! Et quelle est donc la réprobation que Dieu fait peser sur cette vie de la chair!

II. Comme contraste, Jésus-Christ nous représente le pauvre Lazare dégoûtant par ses ulcères; et personne ne lui donnait. Ah! voilà peut-être encore ici cette terrible question du superflu. On ne donne pas, parce qu’on garde tout pour soi. Quelle dureté l’amour des sens n’enfante-t-elle pas? Et à côté, quels regards miséricordieux, de la providence! Les chiens sont plus attendris que ce riche. « Canes veniebant et lingebant ulcera eius: Les chiens venaient et léchaient ses plaies. » Les hommes l’abandonnent, Dieu ne l’abandonnera pas. Et moi, n’ai-je pas quelquefois oublié les pauvres?

III. « Factum est autem ut moreretur mendicus et portaretur ab angelis in sinu Abrahae: Or, il arriva que le mendiant mourut et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham. Sainte récompense de la pauvreté acceptée; que sera-ce donc de la pauvreté volontaire? Le mendiant meurt, et les anges de Dieu, qui jugent les choses d’un autre regard que les hommes, le portent dans le sein d’Abraham. « Mortuus est autem dives et sepultus est in inferno. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli dans l’enfer. » Pourquoi l’enfer? Parce qu’il a été vêtu de pourpre et de lin, parce qu’il faisait chaque jour de somptueux repas, parce qu’il avait été sans pitié pour Lazare. Voilà la conséquence de la richesse mal employée, en face de la pauvreté subie avec résignation.

IV. Or, étudions le dialogue qui s’établit entre le mauvais riche et Abraham. Il voit dans le sein du Père des croyants le pauvre Lazare, et il dit:

-Père Abraham, envoyez donc Lazare, qui mettra le bout de son doigt dans l’eau et viendra avec une seule goutte étancher la soif qui dévore ma langue; quia crucior in hac flamma: car je souffre horriblement dans cette flamme.

Et Abraham:

Fili, recordare quia recepisti bona in vita tua et Lazarus similiter mala. Nunc autem hic consolatur, tu vero cruciaris*: Mon fils, souviens-toi que tu as reçu les biens pendant la vie, et que Lazare a reçu de même les maux; or, maintenant il est consolé, et toi tu es tourmenté.

Et puis, quel abîme entre nous! Oui, abîme creusé par la colère de Dieu.

Le riche demande alors qu’on avertisse ses frères.

-Ils ont Moïse et les prophètes.

-Non, dit le malheureux, la résurrection les touchera.

-Non, certes, répond Abraham; rien ne touche certains coeurs.

Jésus-Christ n’est-il pas ressuscité? N’a-t-on pas vu des morts ressuscités? Tous les jours ne voyons-nous pas des prodiges? Ils sont inutiles.

Suis-je de ces mauvais riches, sinon par les biens de la fortune, au moins par les désirs? Question terrible dont la conclusion est de me faire aimer ma pauvreté!

Notes et post-scriptum