OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
  • LUNDI DE LA TROISIEME SEMAINE DE CAREME
    [SUR L'EVANGILE DE LA FERIE: Luc. IV, 23-30]
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 244-247.
  • CO 6-7
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 CAREME
    1 FRANCHISE
    1 HAINE CONTRE JESUS-CHRIST
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PERSECUTIONS
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SOCIETES SECRETES
    2 ISAIE, PROPHETE
    2 LUC, SAINT
    3 NAZARETH
  • 1875
La lettre

I. Rien d’admirable comme les desseins de Dieu. Jésus-Christ ne tient pas compte des personnes. Les habitants de son pays qui l’ont vu vingt-sept ans parmi eux n’ont pas su profiter de sa présence ni subir son action: maintenant qu’ils entendent le bruit des miracles accomplis par lui, ils en demandent à leur tour, et Jésus-Christ les leur refuse. Ils ont eu d’assez magnifiques grâces de posséder le Fils de Dieu parmi eux plus d’un quart de siècle. Image effrayante de mon âme. Que de dons célestes n’a-t-elle pas reçus! Que de visites de Jésus-Christ ne lui ont pas été faites! J’ai vu le divin Maître dans son sanctuaire; j’ai reçu ses visites fréquentes dans mon coeur, et je n’en ai pas profité. Maintenant, je demande des grâces extraordinaires de conversion; est-il étonnant qu’elles me soient refusées?

II. Le divin Sauveur cite des exemples qui montrent comment les prodiges sont réservés à quelques personnes tandis que les secours extraordinaires sont refusés à d’autres. Mystère de la justice et de la miséricorde de Dieu. Mais quand on a eu les secours les plus abondants, il ne faut pas en demander de nouveaux. N’est-ce pourtant pas le point où j’en suis? Je veux tout exiger. Qui a été plus prévenu que moi des avances de Dieu? Je les ai dédaignées, maintenant j’en veux de nouvelles auxquelles je n’ai aucun droit. Que Dieu bouleverse l’ordre ordinaire, il semble que cela me soit dû. Mais j’attendrai vainement. Il est un terme après lequel Dieu n’écoute plus mes exigences déraisonnables. N’en suis-je pas, hélas! déjà arrivé à ce point? Ne l’ai-je pas dépassé?

III. « Et repleti sunt omnes in synagoga ira, haec audientes: Ils furent tous remplis de colère, dans la synagogue, en entendant ces paroles. » -On veut écouter Jésus-Christ à condition qu’il dira des choses agréables. Loquimini nobis placentia(1), mais si Jésus pousse aux efforts pénibles, s’il adresse des reproches, on s’irrite et l’on entre en fureur. N’est-ce pas l’histoire des confesseurs, des prédicateurs, des supérieurs qui disent la vérité? Qu’eux du moins se rassurent, ils ont le même sort que le divin Maître. Il fut l’objet de l’indignation des habitants de Nazareth. Et en même temps, de quel courage Jésus-Christ ne donne-t-il pas l’exemple? Courage qui, s’il était imité, pourrait susciter bien des oppositions sans doute, mais en même temps serait la protestation de la conscience chrétienne contre d’indignes lâchetés. Ai-je eu l’énergie de confesser Jésus-Christ et de reprocher aux chrétiens au milieu desquels je vis les désordres dont ils donnent le scandale?

IV. Les choses vont bien loin quelquefois, puisqu’on chasse Jésus-Christ de la ville, et on se dispose à le mettre à mort. N’est-ce pas l’histoire des temps présents? Les prêtres ne sont-ils pas traqués sur une foule de points de l’Europe? Ne veut-on pas les expulser? Et les Sociétés secrètes ne semblent- elles pas prêtes à triompher? Sans doute, tout cela peut finir par quelque scène de la passion, du Calvaire. Mais peut-être aussi verrons-nous se reproduire quelque chose de semblable à ce que fit Jésus-Christ. Il va être précipité du haut d’une montagne. « Ipse autem transiens per medium illorum, ibat: Mais, lui, passant au milieu d’eux, s’en alla. » Tout à coup une vertu sort de lui, qui écarte ces forcenés, et il passe au milieu d’eux.

Mon Dieu, si vous voulez que les choses aillent pour moi à l’extrême, que votre volonté soit faite. Mais je sais que rien ne vous est plus facile que de dissiper mes ennemis, qui sont aussi les vôtres, dans les persécutions que je peux endurer pour vous.

Notes et post-scriptum
1. "Dites-nous des choses flatteuses." (Is. XXX, 10.) Langage prêté par le prophète aux Juifs de son temps qui réclamaient l'approbation de leurs passions et de leurs préjugés.