OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
  • MARDI DE LA QUATRIEME SEMAINE DE CAREME
    [SUR L'EVANGILE DE LE FERIE: Ioan. VII, 14-31]
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 266-269.
  • CO 6-7
Informations détaillées
  • 1 CAREME
    1 DIEU LE FILS
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RESPECT HUMAIN
    1 VANITE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOIE UNITIVE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 JEAN, SAINT
    2 PAUL, SAINT
  • 1875
La lettre

I. Les Juifs étaient dans l’admiration: « Quomodo hic litteras scit cum non didicerit? Comment celui-ci sait-il les Ecritures puisqu’il ne les a point apprises? » Sans doute, l’auteur de la science humaine, l’éternelle parole, [n’] avait [aucun] besoin d’apprendre quoi que ce soit par le ministère des hommes. Ce qu’il savait de toute éternité, avait-il besoin de l’étudier de nouveau? Mais on ne savait pas qui était Jésus. De même, on ne sait pas davantage d’où vient à certains de ses serviteurs le don de parler, d’enseigner, de persuader. A une distance infinie, sans doute, ils l’ont puisé à la même source. L’union à Dieu produit dans certains hommes cet effet. Non pas qu’il faille s’appuyer uniquement sur les seules lumières que peut communiquer la prière; mais quand un homme de Dieu a apporté à son évangélisation une préparation convenable, il est incontestable que la vie intérieure, la prière, l’habitude constante de la présence de Dieu portent des fruits admirables, et que l’on demande en vain aux habiles du jour, de qui l’on peut malheureusement trop dire qu' »ils commettent un adultère avec la parole de Dieu: Adulterantes verbum Dei(1). »

II. Jésus comprend leur étonnement et y répond par ces mots: « Ma doctrine n’est pas ma doctrine, mais celle de celui qui m’a envoyé. » Donc Jésus a été envoyé par quelqu’un, et celui qui l’a envoyé avait une doctrine, et cette doctrine, comme la mission de Jésus, était antérieure à l’époque où il aurait pu apprendre les lettres humaines.

Mais quelle leçon n’ajoute-t-il pas?

« Qui a semetipso loquitur gloriam propriam quaeret: Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire », dit le divin Maître. Que de prédicateurs, même avec la mission de l’évêque, ont à se faire cette question: Au nom de qui viens-je parler? Et peut-être ce sera en leur propre nom, parce que c’est leur gloire qu’ils recherchent. Il en est tout autrement de Jésus-Christ. « Qui autem quaerit qloriam eius qui misit eum, hic verax est et iniustitia in illo non est: Mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est véridique, et il n’y a point d’injustice en lui. »

A cet égard, que de prédicateurs qui mentent parce qu’ils recherchent leur propre gloire! Que de prédicateurs injustes, d’une injustice toute particulière, parce que c’est l’injustice suprême contre la parole de Dieu! Ne suis-je pas de ces ouvriers d’iniquité à qui il est dit: Discedite a me omnes operarii iniquitatis(2).

III. Jésus-Christ, dans le reste de sa conversation, confond les Juifs: « Quid me quaeritis interficere? Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir? » Le projet était secret pour les auteurs, inconnu aux autres; on pouvait donc lui répondre: « Quis te quaerit interficere? qui est-ce qui cherche à vous faire mourir? » Nous n’avons pas à suivre les paroles du divin Maître, par lesquelles il réduit à néant tout ce que ses ennemis pouvaient dire. Cependant, les divers courants apparaissent, et ceux qui l’admiraient, et ceux qui se scandalisaient des miracles faits le jour du sabbat, et ceux qui refusaient de croire en lui, sous les prétextes les plus grossiers, et ceux enfin qui cherchaient à s’emparer de lui pour le mettre à mort. « Quaerebant ergo eum apprehendere. Ils cherchaient donc à l’arrêter. »

Telle sera la perpétuelle histoire de l’homme qui se dévouera à la cause de Dieu. Parce qu’on ne comprendra rien à l’esprit surnaturel qui agit en lui, on attribuera sa conduite à mille mobiles, tous plus étranges les uns que les autres. Pourtant, le fond est que le monde ne connaît rien aux choses de Dieu, ce qui n’est pas un motif pour que ceux qui les connaissent n’en fassent pas l’apologie et n’agissent sans aucun respect humain, sous la pure action de Dieu.

Notes et post-scriptum
1. II Cor. II, 17. Saint Paul parle ici des missionnaires pervers qui "falsifiaient" la parole de Dieu, comme un cabaretier frelate le vin. (mot grec) signifie littéralement "cauponari", tenir un cabaret.
2. "Retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d'iniquité." (Luc. XIII, 27.)