OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
  • MERCREDI DE LA QUATRIEME SEMAINE DE CAREME
    [SUR L'EVANGILE DE LA FERIE: Ioan. IX, 1-38]
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 270-273.
  • CO 6-7
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ACTION DE DIEU
    1 APATHIE SPIRITUELLE
    1 CAREME
    1 DIEU LE FILS
    1 FOI
    1 LACHETE
    1 MENSONGE
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE
    1 PROVIDENCE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RECONNAISSANCE
    2 JEAN, SAINT
    3 SILOE
  • 1875
La lettre

I. Jésus, dans ses courses, rencontre un aveugle de naissance. Ses disciples l’interrogent sur les péchés de ses parents ou ses propres péchés pour avoir mérité cette infortune. Jésus répond: « Neque hic peccavit, neque parentes eius, sed ut manifestentur opera Dei in illo: Ni celui-ci n’a péché ni ses parents, mais c’est pour que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui. » Ainsi Dieu dispose les choses, et qui veut y faire attention voit les oeuvres de Dieu partout disposées pour faire ressortir sa gloire; ut manifestentur opera Dei in illo. Or, comme tout à coup il élève la pensée des siens: « Me oportet operari opera eius qui misit me donec dies est: Il faut que j’opère les oeuvres de celui qui m’a envoyé tandis qu’il est jour. » L’obligation que Jésus s’impose de travailler tandis qu’il fait jour, n’est-ce pas l’obligation de tant de chrétiens qui ont la lumière et n’en profitent pas: Me oportet operari opera eius donec dies est. Quelle plus grande gloire que d’opérer les oeuvres de Dieu? On se demande quelle plus grande gloire on peut trouver que celle-là? Voilà deux hommes, l’un faisant les plus grandes oeuvres humaines, qu’en reste-t-il? L’autre opérant des oeuvres divines, que n’en reste-t-il pas? Et Jésus ajouta avec une divine mélancolie: « Venit nox quando nemo potest operari: La nuit vient où personne ne peut travailler. » Sans doute, c’est la mort, mais pour ceux qui ont abusé de la grâce n’y a-t-il que cela, et ne sent-on pas une nuit bien autrement terrible, la nuit du péché où l’homme, ennemi de Dieu, ne peut en effet plus rien faire de bien. Du reste, « quamdiu sum in mundo lux sum mundi: tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Puis il pétrit un peu de poussière avec sa salive, en frotte les yeux de l’aveugle et l’envoie se laver aux piscines de Siloé. L’aveugle est guéri. Jésus est pour lui la lumière et le principe de toute lumière.

Jésus, si mes yeux ont perdu la lumière, hâtez-vous de la leur rendre.

II. L’aveugle guéri, aussitôt commence cette longue série de conversations avec les pharisiens, où ceux-ci étalent toute la mauvaise foi de la chicane, pour prouver que le miracle opéré sur lui ne prouve rien. Etrange disposition que cet amour des mauvaises raisons et cette habileté à en inventer sans cesse de nouvelles, quand il s’agit de soutenir la cause des passions et de les justifier, sous prétexte de zèle. Disposition non moins étrange que cette faiblesse des parents de l’aveugle-né, qui n’osent pas confesser le bienfait miraculeux dont il a été l’objet. Ah! que le monde renferme d’hommes de cette astuce contre la vérité et de cette inqualifiable faiblesse!

Sondons nos coeurs et nos reins. Ne nous est-il pas arrivé plus d’une fois soit de chercher, pour justifier notre conduite, de mauvais prétextes, soit, pour ne pas nous compromettre, de ne pas oser soutenir le bon droit, même quand il devait nous être cher à plus d’un titre.

III. A bout de ressources, les pharisiens rappellent le miraculé qui, sous le poids de la vérité, déclare sa foi au miracle opéré sur ses yeux. A-t-on jamais vu un aveugle recouvrer la vue? Si cet homme n’était de Dieu, jamais il n’eût fait rien de semblable.

Quand les raisons manquent, les injures arrivent. On a interrogé l’aveugle, il a répondu selon sa conscience. Que lui dit-on? « In peccatis natus es totus, et tu doces nos? Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous enseignes? » Mais non, il n’enseigne pas, il répond aux questions; mais ses réponses sont écrasantes; il faut s’en débarrasser: « Et eiecerunt eum foras: Et ils le jetèrent dehors. » Etrange conduite, mais prophétie en acte de ce qui arrivera toujours.

Mais Jésus a appris son expulsion de la synagogue, et quand il le rencontre: « Vous croyez donc au Fils de Dieu? » « Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui? Quis est, nomine, ut credam in eum? » « Vous l’avez vu, lui répond Jésus, c’est celui-là même qui parle avec vous. » Et l’aveugle guéri s’écria: « Je crois, Seigneur, et, se prosternant, il l’adora. » Scène ineffable où la bonté de Jésus se manifeste dans toute sa tendresse, où la reconnaissance de l’aveugle apparaît avec un charme inconnu jusqu’alors!

O Jésus, que je vous connaisse, que je converse avec vous! Ah! que je croie en vous! que je vous adore, et que par la foi et l’adoration ma vie ne soit plus qu’un acte d’amour!

Notes et post-scriptum