OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR
  • JESUS AU JARDIN DES OLIVIERS
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 295-298.
  • CO 8
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 CHATIMENT
    1 HAINE DE SATAN CONTRE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 TRAHISON
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    2 LUC, SAINT
    2 MATTHIEU, SAINT
  • 1875
La lettre

Quelle scène encore! Après s’être anéanti au Cénacle, le voilà au delà du torrent du Cédron. que se passe-t-il? Il est étendu par terre, baigné dans son sang. Seigneur, permettez que je vous adore: 1° abandonné des hommes; 2° luttant contre l’enfer; 3° apaisant la justice de votre Père.

I. Jésus abandonné des hommes.

Jésus-Christ sait que l’heure approche, et il consent à tout, non pas que, s’il l’eût voulu, il n’eût pu échapper; il n’avait qu’à se perdre pendant la nuit du côté du désert; mais son heure est venue, et tout en constatant la désertion, il veut que le sacrifice soit accompli. Sur douze apôtres, un est absent pour le trahir, huit restent dans la vallée, trois l’accompagnent jusqu’au bout, et ils dormiront. Quels consolateurs! Et Jésus consent à rester seul dans ce moment terrible où toutes les horreurs de la Passion vont, par anticipation, passer devant ses yeux. Modèle de la façon dont je dois accepter les coups de la Providence.

O Jésus, instruisez-moi, et qu’à votre exemple j’apprenne à ne pas compter sur les hommes. Quelle leçon! et que votre abandon m’ôte le droit de me plaindre quand je me trouverai seul.

II. Jésus luttant contre l’enfer.

Oui, Satan qui l’a tenté au désert vient le tenter encore. Leçon admirable pour moi. Les puissances, infernales commencent à se troubler. Qu’arrivera-t-il, et quel est cet homme? Le diable est bien entré dans le coeur de Judas: il a été le grand instigateur de la trahison, mais si Jésus mis à mort par les Juifs est le Sauveur des hommes, que deviendra l’empire infernal? Jésus, pour le confondre, le laisse triompher. Grande leçon, encore une fois, qui montre comment Jésus se sert du mal pour faire le bien. Quand on viendra le saisir, à quelques moments de là, il dira: « C’est maintenant votre heure et la puissance des ténèbres. »(1) Qu’est-ce à dire? C’est l’heure de ses ennemis. Mais c’est la puissance infernale qui croit triompher. Elle redouble ses efforts, et quand ils auront été couronnés de succès, voilà que l’enfer sera vaincu. Enseignement plein de consolation, et qui se renouvelle sans cesse dans l’Eglise. Il semble que tout va périr, que l’enfer triomphe, et aussitôt l’enfer est vaincu.

Seigneur, que mon humilité, l’acceptation des souffrances et des persécutions m’aide aussi à triompher de l’enfer, quelque terribles que soient ses efforts contre ma faiblesse.

III. Jésus sous les coups de la Justice divine.

Que Jésus soit abandonné des hommes, quoi d’étonnant? Leur ingratitude est connue. Qu’il ait à subir dans des sens opposés les assauts de l’enfer? Satan est son ennemi, et Satan sait que l’heure de sa défaite sonnera un peu plus tôt ou un peu plus tard. Mais qu’il faille qu’un Dieu subisse les coups de la colère d’un Dieu, c’est ce qui passe toute pensée humaine, et pourtant il en est ainsi: « Mon Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi! »(2) Qui parle ainsi? Un Dieu fait homme. A qui s’adresse-t-il? A un Dieu, son Père, irrité contre les hommes, et qui impose à l’humanité prise par son Fils les plus atroces supplices, et cette humanité souffrira davantage à cause de sa perfection même.

O Dieu, voilà une victime digne de vous, et c’est pourquoi vous ne la laisserez pas échapper. Elle vous demande grâce, vous ne la lui accorderez pas, parce que c’est bien celle qu’il vous faut. O Dieu, serait-il vrai que si ma vie est douce c’est que je ne suis pas digne de souffrir; que pour mériter de partager les douleurs de votre Fils il me faut devenir pur et saint comme lui, autant qu’il dépendra de moi! O mon Dieu, ma vie paisible me fait honte. Je ne suis pas digne de la compagnie de votre Fils. Vous me laissez dormir avec ses disciples. Ah! mon Dieu, que je me réveille! Que je me sanctifie! Que j’accepte le calice de Jésus et que je ne sois pas trop indigne de m’immoler avec lui!

Notes et post-scriptum
1. Luc. XXII, 53.
2. Matth. XXVI, 39.