OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR
  • LE COURONNEMENT D'EPINES
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 319-321.
  • CO 8
Informations détaillées
  • 1 DIVINITE DE JESUS-CHRIST
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 FOI
    1 HUMANITE DE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 HYPOCRISIE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REGNE
    1 ROI DIVIN
    1 SACRILEGE
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    2 ISAIE, PROPHETE
    2 JEAN, SAINT
    2 PILATE
    2 TIBERE
    3 JERUSALEM
  • 1875
La lettre

Ecce Rex vester. Nouveau bouleversement de toutes les idées humaines. Jésus va être condamné à mort, et je suis invité à assister à son couronnement. Couronnement d’une nouvelle espèce sans doute, mais couronnement qui n’en est pas moins très réel. J’y trouve: 1° l’onction; 2° le couronnement en lui-même; 3° la proclamation.

I. L’onction.

« Tunc apprehendit Pilatus Iesum et flagellavit. Pilate le prit et le flagella. »(1) Je ne reviens pas sur ce cruel supplice que j’ai médité déjà. Je n’en prends que le résultat inattendu. Le prophète avait vu la divinité de Jésus-Christ ointe par Dieu lui-même de l’huile de la joie. Ici ce sont les hommes qui oignent l’humanité de Jésus. Quelle huile sera assez précieuse pour un pareil sacre! Aucune, sinon son propre sang. Les bourreaux le flagellent, et son corps tout entier reçoit cette onction redoutable, et déjà je découvre la confusion des idées humaines. Selon ces idées, il y a certes là une humiliation profonde, et c’est dans cette humiliation que le Fils de Dieu trouve le titre de sa gloire et de sa royauté.

II. Le couronnement même.

« Et milites plectentes coronam de spinis posuerunt super caput eius. Et les soldats, formant une couronne d’épines, la lui mirent sur la tête. »(2) Quel diadème d’une nouvelle espèce! Ils lui mettent sur les épaules un manteau de pourpre. Isaïe le voit apparaître venant d’Edom, les vêtements tout souillés de Bosra. Il vient avec son manteau teint de sang. Il vient avec une fureur divine fouler aux pieds les nations. Ce dernier détail s’accomplira quelques années plus tard sur Jérusalem coupable. Pour aujourd’hui, c’est un Roi pacifique, au point de permettre que ce couronnement soit une dérision. Ils allaient à lui, disant: « Salut, Roi des Juifs », et ils lui donnaient des soufflets. Cela se reproduit tous les jours: un respect ironique des libres-penseurs civilisés, des persécuteurs à la fois déclarés et hypocrites.

O Jésus! on vous salue Roi et on vous couvre de soufflets. O Jésus! c’est atroce, et n’y a-t-il pas quelque chose de plus atroce dans les chrétiens qui fléchissent le genou à la Table eucharistique et vous reçoivent d’une façon sacrilège? Les soldats ne vous connaissaient pas. Ils ne voyaient en vous qu’un criminel vulgaire, mais moi je vous connais. O couronne d’épines, manteau de pourpre, sceptre de roseau tout imprégnés du sang de mon Dieu, donnez-moi de proclamer la divinité de votre Victime, malgré ses anéantissements.

III. La proclamation.

Pilate veut sauver Jésus, c’est pourquoi il le présente en ce pitoyable état à une heure solennelle indiquée par l’évangéliste, et dit au peuple: « Voilà votre Roi. » Et le peuple: « Crucifiez-le. -Quoi! crucifierai-je votre Roi? -Nous n’avons pas d’autre roi que César. »(3)

Il n’est proclamé que pour recevoir dans le refus que le peuple fait de sa royauté un trône digne de lui, sa croix. « Prenez-le donc, vous autres, et crucifiez-le. »

O Roi d’une étrange sorte, vous serez mon Roi par l’ignominie, la souffrance, la mort, et j’apprendrai par là comment doit se composer votre royaume et quel doit être le caractère de vos sujets. O grain mystérieux jeté en terre dans une horrible infamie, afin de vous multiplier dans une gloire admirable, donnez-moi le signe de votre royaume, et que dans votre royaume je pense, je sente, je vive avec vous dans l’imitation la plus parfaite de ce que vous accomplissez pour me sauver.

Notes et post-scriptum
1. Ioan. XIX, 1.
2. Matth. XXVII, 29.
3. *Non habemus regem nisi Caesarem. (Ioan. XIX, 15.)