OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR
  • LE CRUCIFIEMENT
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 327-330.
  • CO 8
Informations détaillées
  • 1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 BIEN SUPREME
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 DESOBEISSANCE DE RELIGIEUX
    1 ENNEMIS DE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
  • 1875
La lettre

Crucifixerunt eum(1). Deux choses à considérer: 1° l’assujettissement; 2° le triomphe de ses ennemis.

I. L’assujettissement.

Jésus est arrivé au sommet du Calvaire, il est étendu sur la croix; mais pour cela, il faut qu’il se livre à ses bourreaux; il a été conduit comme une brebis à la boucherie. Il ne résiste plus, son heure est venue, il faut qu’il s’y résigne. Mais si c’est par lui que Dieu a fait les temps, per quem fecit et saecula(2), la succession des heures les plus douloureuses a été préparée par lui. Or, à cette heure suprême, il veut s’assujettir, obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix; obéissance terrible! Vous allez être rendu immobile, ô divin Maître. Hélas! et dans cet assujettissement, quelle solitude! Il ne vous reste plus pour compagnie que vos bourreaux.

O Jésus, faites-moi contempler l’étendue de votre assujettissement, et ce qu’il a de volontaire, car, sans doute, vos bourreaux se sont emparés de vous, mais ils ne s’en sont emparés que parce que vous l’avez voulu. Il est dit de vous que c’est très volontairement que vous avez été offert: Oblatus est quia ipse voluit(3). Mon divin Maître, je veux sans cesse penser à vous lorsque vous fûtes mis dans un état pareil pour réparer mes révoltes, mes caprices, mes indépendances. Ah! Seigneur, je veux en ce moment jeter un regard sur mon passé, et d’un coup d’oeil considérer combien de fois je vous ai désobéi, et quelle a été l’énormité de mes désobéissances, afin de les déplorer amèrement à vos pieds. Seigneur, que désormais mon assujettissement à votre volonté divine soit aussi complet que le fut le vôtre à vos bourreaux à l’heure de votre crucifiement.

II. Le triomphe des ennemis.

Quelle admirable leçon! Vous voilà, Seigneur, cloué à votre croix, et vos ennemis triomphent. Vous êtes traité comme un vil scélérat, et cum iniquis reputatus est(4). La justice divine le veut ainsi. Les pharisiens passent devant vous, disant: « Vah! qui destruis templum Dei! Voyez cet homme qui se vantait de détruire le temple de Dieu! »(5) La prophétie s’accomplit: « Morte turpissima condemnemus eum. Condamnons-le à la mort la plus honteuse. »(6) Que vous manque-t-il, Seigneur, pour être vaincu à la vue de cette multitude dont la rage se rassasie de votre supplice. Ce qui manque est tout simplement votre défaite, car si tout ce que vous endurez a été prédit, donc tout ce que vous souffrez est divin, et les rayons de la divinité percent à travers les anéantissements de l’homme. Il a été prédit que vos pieds et vos mains seraient percés, et voilà les clous. Il a été prédit qu’on pourrait compter vos os, et la suspension que vous subissez donne cette satisfaction à vos ennemis. Il a été prédit que vous seriez mis au nombre des scélérats, et vous êtes crucifié entre deux voleurs; il a été écrit que l’on vous abreuverait de vinaigre, cela ne s’est-il pas fait? Il a été écrit que vous seriez l’objet des plus grandes dérisions, et j’entends encore les ricanements de la foule. Il a été écrit que votre Père vous abandonnerait, et vous lui en faites le tendre et mystérieux reproche. Oui, et vous-même aviez prédit que l’on détruirait ce temple de Dieu et que vous le relèveriez au bout de trois jours. Vos ennemis triomphants vous le rappellent, sans songer qu’ils accomplissent en ce moment la première partie de la prophétie, en attendant que vous accomplissiez la seconde à l’heure de votre résurrection.

Mon divin Maître, que vos ennemis triomphent; je sais, et les temps que vous avez faits sont là pour le montrer, que le triomphateur suprême, c’est vous. O Jésus, faites que vos humiliations me soient le gage de mon dernier triomphe.

Notes et post-scriptum
1. "Ils le crucifièrent." (Ioan. XIX, 18.
2. Hebr. I, 2.
3. Is. LIII, 7.
4. Marc. XV, 28; Is. LIII, 12.
5. Marc. XV, 29.
6. Sap. II, 20.