OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • PREMIER JOUR
    MARIE MODELE DE LA VRAIE PIETE
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 347-350.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 CHARITE DE MARIE
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 MERE DE DIEU
    1 MOIS DE MARIE
    1 PIETE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RECONNAISSANCE
    1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
    2 BERNARD DE CLERVAUX, SAINT
    2 PAUL, SAINT
  • 1875
La lettre

Pietas ad omnia utilis est(1). Voilà ce que le monde ne voudra jamais comprendre, parce qu’il ne voudra jamais voir ce qu’est la vraie piété.

I. Qu-est ce que la vraie piété?

Interrogeons saint Thomas. Il nous répondra que la vraie piété est une vertu par laquelle nous sommes reconnaissants envers ceux à qui nous devons quelque chose, ou avec qui nous avons quelque rapport relativement à notre existence(2).

Or, en ce sens, la source de toute piété c’est Dieu, parce qu’il nous veut du bien après nous avoir créés. Dans tous les cas, le terme suprême de toute piété c’est Dieu, parce que nous lui devons tout ce par quoi nous sommes.

Il y a la piété envers les saints qui nous protègent envers la patrie qui nous a vus naître, envers les parents. Mais plus on étudie attentivement, plus on est forcé de reconnaître que Dieu étant l’être à qui nous devons tout, c’est à Dieu surtout que doit s’adresser notre piété de la manière la plus absolue, et cette piété doit sentiments manifester par les actes, par le dévouement.

II. Piété de Marie envers Dieu.

Cela posé, quelle ne fut pas la piété de Marie? Comme toutes les créatures elle devait tout à Dieu; mais, comblée par un privilège spécial des dons les plus admirables, que ne devait pas être sa reconnaissance! Et c’est ce qu’elle exprime dans son chant d’action de grâces: Magnificat anima mea Dominum(3). Elle ne pense à elle que pour s’élever avec plus d’ardeur vers Dieu. Dieu est le principe de son être, de ses vertus, de ses dons, de sa gloire dans l’avenir. Or, de tout cela elle rapporte à Dieu la plus grande reconnaissance: « Mon âme glorifie le Seigneur. » La contemplation des bienfaits de Dieu est pour elle la source de l’extase; elle s’y perd.

Quand comprendrai-je tout ce que Dieu a fait envers moi? Oh! si je voulais descendre dans le plus profond de mon être et en sonder le néant! Si je voulais bien me préoccuper de cette pensée divine qui, de toute éternité, pensait à moi, attendait en quelque sorte l’heure et l’instant de m’appeler à l’existence! Si je voulais considérer les dispositions paternelles de Dieu à mon égard! Pourquoi ai-je jusqu’à présent si peu songé à cette grande vertu de reconnaissance qui devrait faire le fond de mes sentiments envers Dieu?

J’irai trouver Marie et je lui demanderai de me donner quelque part aux dispositions avec lesquelles elle s’écriait: « Mon âme glorifie le Seigneur parce que celui qui est puissant a fait en moi de grandes choses, c’est pourquoi je proclamerai la sainteté de son nom: Quia fecit mihi magna qui potens est, et sanctum nomen eius. » Est-ce que, sans avoir fait d’aussi grands prodiges en moi qu’en Marie, il n’en a pas fait de très grands?

Mon Dieu, j »ai été un ingrat jusqu’à ce jour. A l’imitation de Marie, je veux désormais, par les sentiments d’une vraie piété, vous prouver toute la profondeur de ma reconnaissance.

III. Piété de Marie envers les hommes.

Dieu ne nous doit rien, et pourtant il a pour nous des sentiments de bienveillance qui n’ont d’autre source que sa bonté, et ces sentiments il les répand autour de lui avec effusion. Marie, parfaite imitatrice de Dieu, a des sentiments semblables, à quoi il faut ajouter qu’elle nous doit d’être la Mère de Dieu. C’est pour nous que le Fils de Dieu s’est fait homme, et c’est pour nous qu’il a choisi une fille d’Adam pour sa Mère. Marie nous doit une certaine reconnaissance, et si Dieu est appelé pieux envers les hommes: Pie Iesu, Domine(4), à combien plus forte raison ne doit-on pas donner ce titre à Marie:O clemens, o Pia, o dulcis Virgo Maria(5), lui chante l’Eglise. La clémence et la douceur s’unissent en elle à la piété envers nous. Modèle admirable de la clémence et de la douceur dont nous devons user envers les hommes nos frères. Oui, nous aussi nous leur devons beaucoup, car, comme religieuse voués au salut des âmes, nous leur devons notre vocation à la vie apostolique.

Donc, à l’imitation de Marie, je serai pieux envers Dieu et pieux envers les hommes, de cette piété de reconnaissance et de bienveillance qui, me rendant semblable à la Mère de Dieu, me rendra semblable à Dieu lui-même.

Notes et post-scriptum
1. "La piété est utile à tout." (I Tim. IV, 8.)
2. Sum. Theo. IIa-IIae, q. CI. *De pietate*.
3. "Mon âme glorifie le Seigneur." (Luc. I, 46.)
4. Dernière invocation du *Dies Irae*.
5. Invocation finale ajoutée au *Salve Regina* par saint Bernard.