OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • CINQUIEME JOUR
    ESPERANCE DE MARIE.
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 362-365.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 BIEN SUPREME
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 EGLISE
    1 ESPERANCE
    1 ESPERANCE BASE DE LA PAUVRETE
    1 FOI DE LA SAINTE VIERGE
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 MOIS DE MARIE
    1 PAUVRETE DE MARIE
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VISION BEATIFIQUE
    2 JEAN, SAINT
    2 PAUL, SAINT
  • 1875
La lettre

L’espérance de Marie n’était point encore perdue dans les lumières de la vision béatifique. Elle est notre espérance, mais elle a pratiqué l’espérance.

Examinons: 1° le but, 2° la certitude, 3° les obscurités, 4° la puissance de l’espérance de Marie, et ce que doit être la nôtre à l’imitation d’un pareil modèle.

I. But de l’espérance de Marie.

C’est Dieu, considéré comme bien suprême, source du bonheur pendant la vie éternelle.

Il faut observer que dans l’âme humaine douée de mémoire, d’intelligence et de volonté, selon la doctrine de saint Thomas, le terme de l’intelligence c’est la vérité qui nous est donnée par la foi. le terme de la volonté c’est le bonheur auquel nous aspirons par l’espérance. Le but de l’espérance c’est le bonheur, le bonheur le plus grand qui ne se trouve qu’en Dieu, bien suprême. Or, Marie a mis toutes son espérance en Dieu: Fecit mihi magna qui potens est, et misericordia eius a progenie in progenies(1). La foi de Marie, illuminée comme elle l’était, lui faisait désirer la possession de Dieu d’une manière très ardente, et c’est à l’imitation de Marie que nous devons fixer notre bonheur en Dieu seul.

II. Certitude de l’espérance de Marie.

La certitude de l’espérance repose sur la foi, la foi repose sur la parole de Dieu confiée à son Eglise. L’espérance est aussi certaine que la foi. La foi n’a pas encore la claire vue de la vérité, l’espérance ne jouit pas encore du bien infini, Mais elle l’attend avec confiance, fondée sur Jésus-Christ auteur de la grâce comme il est l’auteur de la foi. J’espère parce que je crois. Le damné dans l’enfer croit et n’espère plus, et c’est là son supplice. Le bienheureux au ciel ni ne croit ni n’espère, parce qu’il voit et il jouit. Le chrétien voyageur croit très certainement parce qu’il ne voit pas encore, il espère parce qu’il ne jouit pas. L’espérance ne confond pas, spes autem non confundit(2).

Aussi l’Apôtre ne craint pas de dire: Je sais à qui je me suis confié: Scio cui credidi et certus sum quia potens est depositum meum servare in illum diem(3). Marie, qui ne jouissait pas de la vision béatifique, croyait et espérait, mais les lumières de sa foi embrasaient l’ardeur de ses désirs. Quelles clartés ne lui étaient-elles pas communiquées! On peut dire: toutes celles qu’une créature est capable de recevoir ici-bas. Et plus son intelligence s’éclairait, plus sa volonté s’enflammait.

Modèle admirable dont nous pouvons imiter quelque chose. Sans doute, c’est Dieu qui donne et la foi et l’espérance, mais il y a le concours et de l’intelligence et de la volonté, qui dépend de nous. Que faisons-nous à cet égard?

III. Obscurités de l’espérance.

Spem… habemus… incedentem… ad interiora velaminis(4) et (5). Le voile figuratif séparait le Saint du Saint des saints. Et nous aussi nous avons de la difficulté à voir, parce que ni la foi n’est la claire vision, ni l’espérance n’est la jouissance. Toutefois, Marie espérait, parce que sa foi ayant plus de lumières, son espérance avait de plus grands désirs. La bonté, la vérité, la justice, la miséricorde de -Dieu lui apparaissaient plus clairement, et elle disait avec une conviction plus intime: Et misericordia eius a progenie in progenies timentibus eum.

Notre espérance unie à la foi sera toujours obscure ici-bas, mais les ombres déclineront en proportion de l’ardeur de nos désirs.

IV. Puissance de l’espérance.

Elle accomplit des prodiges. Elle montre la vanité des choses de la terre, elle en détache, elle fait aimer la pauvreté. Qui, après Jésus, l’aima plus que Marie? Elle vit du travail de ses mains, n’a qu’une étable pour donner le jour au Sauveur du monde; elle vit dans un atelier d’artisan, et, quand Jésus meurt, il faut que saint Jean la reçoive chez lui: accepit eam discipulus in sua*.

La pauvreté est la contre-épreuve de l’espérance. Oui espère mal soupire après les biens de la terre; qui espère un peu s’en détache; qui espère beaucoup s’en détache davantage; celui qui espère d’une manière absolue pratique la vertu de pauvreté dans le sens rigoureux. Ne pressons pas trop cette relation, mais souvenons-nous que nul ne peut bien servir deux maîtres à la fois. Espérons. Dédaignons la terre et tournons nos désirs vers le ciel.

Notes et post-scriptum
5. Le P. d'Alzon ne prend ici que les mots saillants et formant image d'une longue et magnifique phrase, qui comprend quatre versets dans le texte de saint Paul, les versets 17, 18, 19 et 20 de ce chapitre.1. "Celui qui est puissant a fait en moi de grandes choses... et sa miséricorde se répand d'âge en âge." (Luc. I, 49, 50.)
2. Rom. V, 5.
3. "Je sais en qui j'ai cru et je suis certain qu'il est (assez) puissant pour garder mon dépôt jusqu'à ce jour (le jour du jugement)." (II Tim. I, 12.)
4. "Nous avons l'espérance (qui) pénètre jusqu'au dedans du voile. (Hebr. VI, 19.).