OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • QUINZIEME JOUR
    NAISSANCE DE JESUS DANS UNE CRECHE
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 408-413.
  • BH 5.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE MARIE
    1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 AVARICE
    1 CHARITE DE MARIE
    1 HAINE DE SATAN CONTRE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 LUXURE
    1 MERE DE DIEU
    1 MOIS DE MARIE
    1 NATIVITE
    1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 VERTU DE PAUVRETE
    2 ISAIE, PROPHETE
    2 JEAN, SAINT
    2 LUC, SAINT
    2 PAUL, SAINT
  • 1875
La lettre

Peperit Filium suum primogenitum(1). 1° Marie adorant l’anéantissement de Jésus à la crèche; 2° Marie s’enrichissant de la pauvreté de Jésus; 3° Marie s’embrasant de l’amour de Jésus pour nous.

I. Marie adorant les anéantissements de Jésus à la crèche.

Semetipsum exinanivit(2). Jésus est sorti comme un pur rayon du sein de Marie, mais que s’est-il passé? Un Dieu a dépouillé sa gloire et s’est montré sans honneur, inglorius(3). Il veut passer par toutes les épreuves de la misère; il veut se donner à nous sans aucun éclat; il veut être rebuté, méprisé, afin de pouvoir, en face du trône d’orgueil de Satan, se faire un trône d’humilité de sa crèche. Et c’est dans la crèche que sa mère ira le déposer puisqu’il n’a pas même un pauvre berceau. A côté de lui, Marie et Joseph s’anéantissent. Eux sont déchus de leur antiquité royale, lui est en quelque sorte déchu de son éternité divine. Oh! il faut que l’humilité soit bien nécessaire au salut du genre humain pour qu’un Dieu ait besoin de la prêcher de cette sorte!

Et, en effet, lorsque je descends dans les replis de mon coeur, il m’est impossible de ne pas y voir toute la profondeur des racines d’amour-propre, de vanité, etc., qui s’y enfoncent. Or, il faut couper, retrancher tout cela. C’est dur, mais il le faut. Jésus l’exige par ses exemples. Car ce n’est pas l’humilité seule qu’il prend pour lui; il prend aussi les humiliations. L’humilité est un sentiment intime, inaperçu. Jésus, en prenant les humiliations, me prêche jusqu’où doit aller le sacrifice de ma fierté, du point d’honneur. Tout cela veut être détruit impitoyablement.

Ah! qu’il importe que je demande à Marie les lumières qu’elle reçut à ce suprême moment et qui, tombant dans une âme si bien préparée, lui firent comprendre comment l’humilité est le fondement de la vertu chrétienne. [Quand comprendrai-je] que mes vertus seront nulles, tant qu’elles n’auront pas l’humilité pour point de départ?

II. Marie s’enrichissant de la pauvreté de Jésus.

Propter vos egenus factus est, cum esset dives(4). Joseph et Marie entrent dans Bethléem, l’antique cité de David. Qui les accueille? Personne. Ils sont trop pauvres; telle est la loi. Et pourtant ils portent Celui en qui sont cachés les trésors de la sagesse et de la science de Dieu. Mais le monde tient peu à ces trésors. On pourrait leur dire [aux mondains]: Celui par qui tous les trésors ont été faits et qui les dédaigne, Jésus-Christ, [a] quelque chose de mieux: la puissance de produire des richesses et le mépris de s’en servir.

Ah! c’est là la condamnation du monde présent, il soupire après la richesse, il ne veut que la richesse; il en a faim et soif. Laissez-le faire. Les nations ont toutes péri, étouffées dans la boue des débauches et des orgies que la richesse procure. Il en viendra toujours assez après la sainteté(5). Mais il nous faut être des saints. Or, voilà le Saint des saints qui s’avance; en ce moment, il n’y a pas de place dans l’hôtellerie de sa ville d’origine. Mais suivez. Bientôt cette humble étable sera transformée en basilique, ainsi que son tombeau, et, quand on voudra savoir l’influence d’un peuple à travers le monde, on demandera qui possède la crèche et le tombeau du Christ, et on le saura(6).

Marie contemplait ce mystère: un Dieu qui devait avoir à travers le monde tant de magnifiques palais, qui devait en faire construire de si beaux pour ses amis les saints et pour ses amis les pauvres. Marie voyait tout cela et elle se disait: il est donc vrai que la pauvreté est la plus grande de toutes les richesses, puisque c’est par la pauvreté que mon Fils fonde son empire. Suivons Marie, imitons-la, soyons pauvres, et toutes les richesses nous appartiendront.

III. Marie s’embrasant de l’amour de Jésus.

Sic Deus dilexit mundum(7). Un petit enfant nous est né, un fils nous a été donné(8) et ce fils de Marie est le Fils de Dieu lui-même, et Marie en l’enfantant a pu dire: voilà la grande preuve de l’amour de Dieu; et quand elle le présentera aux bergers, elle pourra dire: Sic Deus dilexit. Aux Mages, aux Egyptiens, à son retour [d’Egypte], toujours: Sic Deus [dilexit].

Quelle étonnante preuve d’amour, en effet. Et si Dieu le Père nous a aimés à ce point, le Fils, pour naître dans un pareil état, ne nous a-t-il pas aimés encore? Ah! l’amour de Jésus-Christ nous presse et nous sollicite: Charitas Christi urget nos(9), et cet amour jaillissant du coeur de Jésus se versait d’abord dans le coeur de Marie. Quel besoin n’avait pas Jésus d’aimer, et chez qui pouvait-il attendre plus de retour que de la part de sa mère? Son amour se versait par torrents, et Marie le lui rendait, comme une mère la plus pure des créatures pouvait le lui rendre.

Or, l’amour de Marie pour Jésus est le modèle du nôtre. Sans doute, Marie a reçu les dons de Jésus, mais encore une fois, pourquoi Jésus, pourquoi Marie? Propter nos homines et propter nostram salutem(10). Aimons donc Jésus de toutes nos forces, et puisons dans cet amour la raison de la sainteté que nous devons acquérir.

Notes et post-scriptum
5. Cette phrase, dont la lecture n'est pas douteuse, est obscure. Le Père veut-il dire qu'on sera toujours assez riche si on est saint, ou que, aux époques de pauvreté héroïque et par conséquent de sainteté, succéderont malheureusement trop vite les époques de relâchement enfanté par la poursuite des richesses? Nous n'osons préciser et nous laissons le texte tel quel. A remarquer que cette méditation, d'ailleurs très riche d'idées, paraît avoir été composée d'une façon particulièrement rapide à en juger par l'écriture, les lacunes et le mouvement un peu heurté des pensées.
6. Il s'agit, évidemment, dans la pensée du P. d'Alzon, non de la possession matérielle de la crèche et du tombeau, mais du culte spirituel que les peuples auront pour ces lieux bénis ou pour les souvenirs qu'ils rappellent. L'influence qu'auront les nations, semble-t-il dire, sera proportionnée à leur culte pour les enseignements et les exemples du Fils de Dieu, particulièrement éclatants à sa crèche et à son tombeau.1. "Elle enfante son Fils premier-né." (Luc. II, 7.)
2. "Il s'est anéanti lui-même." (Philip. II, 7.)
3. Is. LII, 14.
4. "Etant riche, il s'est fait pauvre pour vous." (II Cor. VIII, 9,)
7. "Dieu a tant aimé le monde (qu'il a donné son fils unique." (Ioan. III, 16.)
8. "*Parvulus enim natus est nobis et Filius datus est nobis*." (Is. IX, 6.)
9. II Cor. V, 14.)
10. "Pour nous autres hommes et pour notre salut." (Symbole de Nicée.)