OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • DIX-SEPTIEME JOUR
    MARIE ET LES MAGES
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 418-423.
  • BH 5.
Informations détaillées
  • 1 ATHEISME
    1 CONFESSION DU NOM DE JESUS-CHRIST
    1 ENNEMIS DE JESUS-CHRIST
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 FOI
    1 FRANCHISE
    1 HONNETETE
    1 LACHETE
    1 MAGES
    1 MOIS DE MARIE
    1 NATIVITE
    1 PUISSANCE DE LA SAINTE VIERGE
    1 PURETE D'INTENTION
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REGNE
    1 ROI DIVIN
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE FORCE
    2 HERODE I LE GRAND
    2 JEAN, SAINT
    2 LUC, SAINT
    2 MATTHIEU, SAINT
    2 PAUL, SAINT
    3 JERUSALEM
  • 1875
La lettre

Ce ne sont pas seulement les petits qui viendront à la crèche; les grands y viendront à leur tour. Qui les y conduit? 1° la foi; 2° le courage; 3° la droiture.

I. Foi des Mages.

Qu’était cette étoile? Certainement elle était une prophétie et un signe. Et la foi des Mages leur attira la grâce de comprendre la prophétie et de se laisser guider par le signe. Admirable disposition de Dieu qui permettait que les nations les plus éloignées de la vérité eussent parmi elles des hommes à la foi inébranlable, soit qu’ils eussent conservé les antiques traditions, soit qu’ils eussent été entraînés par une grâce céleste, soit qu’ils eussent été évangélisés à l’occasion de relations commerciales ou autres avec le peuple de Dieu. Toutefois, il faut bien reconnaître là une grâce toute spéciale, mais une grâce à laquelle ils correspondent. C’est pour cela que l’Eglise a vu dans le mystère de la vocation des Mages le mystère de la vocation des Gentils.

Pour nous, ne pouvons-nous pas y voir le mystère de notre vocation? Que de gens disposent de leur avenir sans y mettre une seule pensée de foi! Que de chrétiens qui se servent de leur christianisme pour combiner leur vie! Leur avenir ne se soumet pas à leur foi, c’est leur foi qui se soumet à leurs projets d’avenir. Pour nous, allons à Jésus-Christ pour lui-même. Disons, sans hésiter, ubi est qui natus est Rex Iudaeorum(1)? Et proclamons la royauté de Jésus-Christ en face de tous les Hérodes.

L’on n’a pas assez réfléchi à cela. A peine né, Jésus-Christ veut être entouré du petit peuple des bergers, mais il veut que ses titres soient reconnus. On ne les proclamera de la même façon que sur l’inscription du Calvaire. Mais en face du roi Hérode: in diebus Herodis regis, les sages de l’Orient viendront et diront: Ubi est qui natus est Rex Iudaeorum? Quelle étrange royauté! Et il est Roi, et il a un empire plus grand que tous les autres, celui des âmes. Sa royauté est comme son sacerdoce de qui il est dit: Hic autem [Iesus] eo quod maneat in aeternum, sempiternum habet sacerdotium(2). On le combat, on le poursuit, on le nie, on croit l’avoir renversé, et pourtant l’apôtre, bien peu après la fondation de son Eglise, voit écrit sur sa cuisse: et in femore suo scriptum: rex regum et Dominus dominantium(3).

Les Mages avaient la foi. Saint Jean voyait le royaume de Jésus-Christ par la foi. Cherchons Jésus-Christ, nous aussi, par la foi.

II. Courage des Mages.

Il faut du courage pour venir dire à un souverain: vous n’êtes pas le maître légitime, allez-vous-en, cédez la place, car dans un royaume il ne peut pas y avoir deux rois. Hérode le sent si bien qu’il est troublé et qu’il prépare la mort de Jésus-Christ. Venir par une simple question porter le trouble dans toute une ville, c’est quelque chose: audiens autem Herodes rex turbatus est, et omnis Hierosolyma cum illo(4). Mais il s’agissait de confesser leur foi, qu’importait qu’on le crût, ils n’en avaient nul souci, ils devaient la vérité à Jérusalem, ils la lui dirent: ubi est qui natus est Rex: où est le Roi nouveau-né?

N’est-ce pas ce qui se voit tous les jours? Le monde est plein de trois espèces d’hommes:

Les courageux, et c’est le nombre infiniment petit.

Les, incrédules; ils nient la vérité, ils nient le droit. Les Romains à ce moment ne se doutaient pas des droits de Jésus-Christ, et en un certain sens ils étaient excusables.

Mais, à côté, il y a ceux qui voient la vérité, le droit, et n’osent pas les confesser. Hérode, dans son trouble, consulte les princes des prêtres, les scribes du peuple, le sacerdoce et le barreau. Les prêtres et les juristes consultés, la réponse, dont ils ne voient pas de premier coup la conséquence, est que le Christ doit naître à Bethléem; mais quelle apparence que cette prophétie touche à son accomplissement? Donc ils répondent nettement; mais une fois qu’ils savent que Jésus doit naître à Bethléem et que son étoile est apparue, iront-ils à Bethléem, chercheront-ils davantage? En aucune façon, ils resteront chez eux; c’est plus commode, plus prudent et plus lâche. Le droit ne sera pas proclamé par eux. Perdam sapientiam sapientium et prudentiam prudentium reprobabo(5). Les Mages, plus courageux, iront au bout et seuls seront récompensés.

III. Droiture des Mages.

Ils ont connu la ligne du devoir, ils prétendent la poursuivre. Pourquoi ne pas rester à Jérusalem avec les prêtres, avec les scribes, avec Hérode, avec le peuple tout entier? Non, non, cette lâcheté n’est pas digne d’eux; ils iront jusqu’au bout, et ils recevront leur récompense. Après l’acte de foi et d’obéissance qu’ils ont fait à la synagogue, ils reverront l’étoile, ils trouveront Jésus.

Ah! ils eurent une grande joie de revoir l’étoile: Videntes autem stellam, gavisi sunt gaudio magno valde(6). Mais si l’étoile les comble de joie, quelle ne sera pas la joie que leur causera la vue de l’Enfant? Ils entrent dans l’habitation de Jésus. Là ils trouvent l’Enfant et sa Mère: Et intrantes domum invenerunt puerum cum Maria matre eius. Ils se prosternent et l’adorent: et procidentes adoraverunt eum(7). La foi leur a donné le courage surnaturel; le courage surnaturel leur donne d’aller en droiture et franchise. C’est dans la droiture et la franchise qu’on trouve Jésus.

Les Mages l’adorent, lui offrent leurs présents; ils ne peuvent les laisser à l’Enfant, mais ils les confient à Marie. Admirable leçon. Présentons nos offrandes à Jésus par Marie. Elle les lui présentera in tempore opportuno(8).

Et puis les Mages s’en retournent, simplement, droitement. On leur dit de ne plus passer par Jérusalem, ils n’y passent pas et rentrent chez eux par une autre voie. Ils étaient venus par la voie de la synagogue, ils s’en retournent par la voie de la vérité qu’ils ont adorée au terme de leur pèlerinage.

Notes et post-scriptum
1. "Où est le Roi des Juifs qui vient de naître?" (Matth. II, 2.)
2. "Mais celui-ci (Jésus), parce qu'il demeure éternellement, possède un sacerdoce éternel." (Hébr. VII, 24.)
3. "Et il porte sur sa cuisse (à l'endroit où se trouve le glaive) ce nom écrit: Roi des rois et Seigneur des seigneurs." (Apoc., XIX, 16.)
4. "Le Roi Hérode, entendant celà, fut troublé et tout Jérusalem avec lui." (Matth. II, 3.)
5. "Je détruirai la sagesse des sages et je réprouverai la prudence des prudents." (I Cor. I, 19, cité d'Isaïe, XXIX, 14.)
6. "Or en voyant l'étoile, ils se réjouirent d'une très grande joie." (Matth. II, 10.)
7. Ibid. II, 11.
8. "Au temps favorable." (Ps. XXXI, 6.)