OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • VINGTIEME JOUR
    MARIE ET NAZARETH
    LA FAMILLE.
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 433-437.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 EDUCATION EN FAMILLE
    1 ENFANCE DE JESUS-CHRIST
    1 ETUDE DES PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 FAMILLE
    1 GOUVERNEMENT
    1 HAINE DE SATAN CONTRE JESUS-CHRIST
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 MERE DE DIEU
    1 MERE DE FAMILLE
    1 MOIS DE MARIE
    1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
    1 PERE DE FAMILLE
    1 PERFECTIONS HUMAINES DE JESUS-CHRIST
    1 POUVOIR
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SAINTE FAMILLE
    1 SEVERITE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
    2 ADAM
    2 LUC, SAINT
    2 PAUL, SAINT
  • 1875
La lettre

Et descendit cum eis et venit Nazareth, et erat subditus illis(1). 1° Obéissance de Jésus. 2° Etudes de Marie. 3° Développement du Fils de Dieu.

I. Obéissance de Jésus.

Et erat subditus illis. Voilà la vérité. Jésus depuis douze ans jusqu’à trente vit avec Marie et Joseph, et comme détail de toute sa vie, il n’y a que ce mot: et erat subditus illis: il leur était soumis.

Il était soumis tout d’abord à Dieu son Père, Mais la soumission à Dieu est une disposition très générale, de même la soumission aux lois est un état d’ordre très général, tandis que la soumission aux parents et aux supérieurs immédiats est un fait de tous les jours. Chaque jour, plusieurs fois par jour, cette obéissance est sentie, elle impose souvent des obligations difficiles. N’importe, il faut l’accepter si l’on veut faire du bien.

Si l’on considère la famille comme l’élément fondamental de la société, il faut bien reconnaître que la paternité implique l’autorité qui commande, et par conséquent que le pouvoir descend d’en haut. Le type du roi, c’est le père. Ce ne sont pas les enfants qui commencent la famille, c’est le père; donc il faut l’obéissance, et les sociétés auront une existence d’autant plus ferme que le pouvoir y sera moins discuté. Or, Jésus-Christ, qui dira plus tard: Rendez à César ce qui est à César, qui payera l’impôt, Jésus-Christ fonde la famille dans l’obéissance et arrive à des résultats prodigieux. Satan a bouleversé le ciel et creusé l’enfer par sa désobéissance, Adam a été chassé du paradis terrestre encore par sa désobéissance. Sans doute, dans les gouvernements humains, la tyrannie peut être à redouter; mais il y a présomption en faveur du pouvoir, là où réside l’idée de Dieu, et si des abus se produisent, il y a grande chance qu’ils soient bien réduits.

Quoi qu’il en soit, Jésus obéissait, et la sainte famille, ce modèle des communautés, nous montre un Dieu obéissant. Quand porterai-je, dans tous les détails de ma vie, l’obéissance de Jésus envers Marie et Joseph?

II. Etudes de Marie sur Jésus.

Tout dans la vie de Jésus était un sujet d’études pour Marie. Et mater eius conservabat omnia verba haec conferens in corde suo(2) et (3). La voilà, la mère par excellence, qui se fait disciple volontaire de son Fils. Elle consacre ses heures et ses journées à repasser dans son coeur tout ce dont elle a été témoin. Ainsi doit faire une mère ordinaire, ainsi les supérieurs qui doivent entrer dans les moindres détails de la vie de ceux qui leur sont confiés.

Ici, sans doute, le travail de Marie était rendu facile par la perfection de Jésus; mais n’est-il pas évident, par le reproche que Marie lui adressa au milieu des docteurs, que l’amour maternel ne doit pas diminuer la fermeté nécessaire, quand il s’agit d’élever des âmes.

Mais, en nous plaçant à un autre point de vue, quels enseignements dans ces paroles: Et mater eius conservabat omnia verba haec conferens in corde suo. Marie médite avec amour tout détail qui se rapporte à la vie de Jésus, elle en fait son profit. Elle travaille, autant qu’il dépend d’elle, à se l’appliquer. Jésus est devenu son modèle. Ainsi dois-je faire si je veux arriver à la perfection de la vie chrétienne. Jésus doit être ma fin: Finis legis Christus ad iustitiam omni credenti(4). Ainsi dois-je me conduire. En tout et pour tout, finis legis Christus. Ah! si j’étudiais tous les détails de la vie de Jésus, que de leçons pratiques, admirables, divines n’y trouverais-je pas! Pourquoi ne pas aller les y chercher?

Jésus grandit, et chaque jour il me donne par les développements qu’il manifeste des enseignements continuels. Pourquoi ne vais-je pas les lui demander?

Surtout si, les lui demandant, je les recevais avec l’amour que Marie mettait dans l’étude de son Fils.

III. Développements du Fils de Dieu selon l’humanité.

Et Iesus proficiebat sapientia et aetate et gratia apud Deum et homines(5). Les commentateurs font observer que le développement réel indiqué par l’Evangéliste n’est qu’une manifestation plus parfaite ou plus étendue de ce qui était dans le Verbe, mais qui se révélait successivement.

A mesure qu’il donnait à son corps des proportions plus viriles, il parlait avec une sagesse plus grande, il manifestait une plus grande vertu.

Admirable disposition, qui doit servir de modèle à toute notre conduite. Tout, en nous, doit prendre sans cesse des développements nouveaux. Jamais nous ne devons nous arrêter, et sans cesse on doit pouvoir dire d’un religieux: proficiebat sapientia et aetate et gratia apud Deum et homines.

Demandons à Jésus de nous apparaître selon ses divers développements et de pouvoir les imiter par tous nos efforts(6).

Notes et post-scriptum
3. Ici le P. d'Alzon, citant de mémoire comme d'habitude confond deux textes très semblables mais pas identiques, qui se trouvent en ce chapitre II de saint Luc, au verset 19 et au verset 51. Celui du verset 19 se rapporte à l'adoration des bergers: "*Maria autem" conserbat omnia verba haec "conferens" in corde suo*. Celui du verset 51 est comme la conclusion de la scène de recouvrement de Jésus au Temple: "*Et Mater eius" conservabat omnia verba haec in corde suo*, sans le mot "conferens". Comme ce dernier texte forme la seconde partie du verset 51 que le Père commente dans cette méditation. c'est sans doute celui qu'il avait en vue. La ressemblance les lui aura fait confondre, mais c'est sans importance puisque les deux textes ont le même sens. Après les deux scènes si étonnantes de la crèche et du temple, l'évangéliste s'attache à nous faire lire au plus intime du coeur de Marie. Tout dans la vie de son Fils la remplissait d'une admiration toujours nouvelle: ce qu'il faisait, ce qu'il disait, ce qu'on lui rapportait à son sujet: *omnia verba...* et elle le méditait dans son coeur. C'est ce que le P. d'Alzon nous engage de faire.
6. A ceux que cette méditation très écourtée sur les progrès de Jésus en sagesse et en science, selon son humanité, ne satisferait pas, nous signalons l'enseignement de saint Thomas en sa IIIe partie de la Somme, q. VII, art. 12, et q. XII, art. 2.1. "Et il descendit avec eux et vint à Nazareth, et il leur était soumis." (Luc. II, 51.)
2. "Et sa mère conservait toutes ces choses, les repassant dans son coeur." (Luc. II 19-51.)
4. "La fin de la loi, c'est le Christ, pour la justification de tous ceux qui croient." (Rom. X, 4.)
5. "Et Jésus croissait en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes." (Luc. II, 52.)