OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • VINGT-ET-UNIEME JOUR
    MARIE ET NAZARETH
    LE TRAVAIL.
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 438-441.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 ANACHORETES
    1 CHATIMENT
    1 ENFANCE DE JESUS-CHRIST
    1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
    1 MOIS DE MARIE
    1 PARESSE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SAINTE FAMILLE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 TRAVAIL
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOIE UNITIVE
    2 JEAN, SAINT
    2 JOSEPH, SAINT
    2 MARC, SAINT
    2 MATTHIEU, SAINT
    3 NAZARETH
  • 1875
La lettre

Nonne hic est faber et fabri filius(1)? Voilà ce que les Juifs disaient de Jésus-Christ quand il se mit à évangéliser. Voilà ce qu’il faut étudier. Jésus a été un ouvrier, fils d’ouvrier. Il a accepté le travail. Qu’est-ce donc que le travail? 1° une expiation. 2° une préservation. 3° une éducation.

I. Expiation.

In sudore vultis tui vesceris pane(2). Tel est, avec la mort, le grand châtiment du péché. Il faut travailler, telle est la loi. Il la faut subir. C’est le partage de tous, et ceux qui ne travaillent pas doivent s’attendre à de rudes châtiments à défaut de celui-là. Le peuple qui ne travaille pas est un peuple qui s’enfonce vite dans le plaisir et dans la fange des passions, c’est un peuple qui se prépare à devenir esclave. Le chrétien qui ne travaille pas est un homme promptement amolli et dont les tendances sont du côté de l’enfer.

Mais le châtiment n’expie pas [par lui-même], et par conséquent, après le premier châtiment il y en a encore d’autres. Or, c’est ici la merveille. Jésus vient sur la terre, et le travail, par les mérites de ses sueurs, devient une expiation. Plus il sera rude, plus il sera méritoire, et la valeur du travail sera celle d’une constante purification. Le travail chrétien ne sera plus le seul partage des esclaves, puisque dans le travail se trouve un moyen de nous réconcilier avec Dieu.

Que fais-je comme travail? Comment ai-je jusqu’à aujourd’hui offert mon travail à Dieu?.

II. Travail, moyen de préservation.

Quand Satan a-t-il plus de prise que dans les temps de loisir? Qui renverse- t-il plus facilement que les paresseux? C’est une fluctuation perpétuelle: vult et non vult piger, le paresseux veut et ne veut pas(3). Il prend toujours les choses par le côté qui lui coûte le moins, et comme le péché est toujours plus facile que l’accomplissement de la loi, il est aisé de savoir d’avance de quel côté penchera la volonté paresseuse.

Exemple admirable du travail de Jésus. Comme Dieu il agit toujours, imitant en cela son Père: Pater meus usque modo operatur et ego operor(4) et (5). Mais ce n’est pas ce côté que j’envisage.

Le travail est, non seulement une expiation, mais une préservation. L’homme occupé n’a pas le temps d’écouter les pensées mauvaises, et si elles se présentent à lui, il les repoussera bien plus aisément.

Après cela, que de choses mauvaises, précisément parce qu’on a gâté les meilleures.

Telles sont les raisons pour lesquelles il faut apporter une action plus forte et plus énergique dans le travail.

III. Travail, moyen d’éducation.

J’entends éducation surnaturelle. J’examine les Pères du désert; ils travaillaient sans cesse, et leur prière accompagnait leur travail. Ils croyaient le travail un assaisonnement nécessaire à leurs prières. A l’abri du soleil, dans leurs cavernes ou leurs cellules, assis par terre, leurs provisions de feuilles de palmier à côté pour tresser des nattes, ils travaillaient et ils priaient. La prière charmait l’ennui du travail, le travail donnait l’arome de la pénitence à la prière. Mais comme ils avaient plus de facilité pour s’élever aux choses d’en haut!

Ah! tout cela n’est qu’une faible image du travail de Nazareth et des pensées qui se mêlaient à ce travail. Il était accompli en union avec Dieu qui agit sans cesse, et dont on ne peut caractériser l’activité qu’en établissant qu’il est un acte pur. Jésus, Marie, Joseph travaillaient sans cesse, et travaillant ils priaient. et s’ils se reposaient dans de pieuses conversations, à quelle élévation ne se maintenaient-ils pas!

Mais pour donner au travail ce caractère de formation, d’éducation, il faut l’envisager par son côté divin, tel que Jésus le lui a imprimé par ses sueurs de Nazareth. Jésus, donnez-moi de travailler pour faire pénitence de mes fautes, pour me préserver du péché, pour m’élever toujours plus haut vers vous.

Notes et post-scriptum
5. Dieu ne cesse pas d'agir, car il conserve et gouverne le monde créé par lui.1. "N'est-ce pas là le charpentier, fils d'un charpentier?" (Marc. VI, 3. -Matth. XIII, 55) Encore un exemple de deux textes juxtaposés et combinés par réminiscence sans doute. Celui de saint Marc, plus explicite dit: *Nonne hic est faber, filius Mariae, frater Iacobi, et Ioseph, et Iudae, et Simonis? Nonne et sorores eius hic nobiscum sunt*? Celui de saint Matthieu ne parle pas des "soeur" de Jésus, mais mentionne son père le charpentier, omis par saint Marc: *Nonne hic est fabri filius? Nonne mater eius dicitur Maria? et fratres eius Iacobus, et Ioseph, et Simon, et Iudas*?
2. "Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage." (Gen. III, 19.)
3. Prov. XIII, 4.
4. "Mon Père agit jusqu'à présent, et moi aussi, j'agis." (Ioan. v. 17.)