OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • VINGT-QUATRIEME JOUR
    MARIE RECEVANT JESUS A LA DESCENTE DE LA CROIX
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 450-455.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 CORPS DE JESUS-CHRIST
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 EUCHARISTIE
    1 FOI DE LA SAINTE VIERGE
    1 HAINE DE SATAN CONTRE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 MERE DE DIEU
    1 MOIS DE MARIE
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 MORT MYSTIQUE DE L'AME
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SACRILEGE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    2 JOB, BIBLE
    1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AUTEL
    1 CHARITE DE MARIE
    1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    2 JOSEPH D'ARIMATHIE
    2 LONGIN
    2 LUC, SAINT
    2 NICODEME
    2 PILATE
    3 BETHLEEM
    3 JERUSALEM, GOLGOTHA
  • 1875
La lettre

La victime du sacrifice, Jésus, avait manifesté l’accroissement de sa sagesse, de sa grâce, de ses perfections, à mesure que les jours avaient coulé pour lui. Qui avait plus joui que Marie de cet accroissement de la beauté divine de son Fils? Et sa jouissance ayant été un accroissement d’amour, quand est venue l’heure de souffrir, quelles n’ont pas été ses douleurs? Or, les voilà consommées. Jésus est mort, descendu de la croix, son corps sacré est déposé aux pieds de sa mère, puis porté au tombeau.

Examinons ce que Marie nous enseigne dans ces deux actes si précieux; 1° la descente de la croix, 2° la sépulture.

I. Marie à la descente de la croix.

Jésus a rendu le dernier soupir. « Mon Père, a-t-il dit, je remets mon âme entre vus mains(1). » L’âme s’est envolée aux limbes, les douleurs de Jésus ont cessé, celles de Marie dureront encore. Elle reste au pied de la croix. Qui la séparerait de cette dépouille, où réside la divinité? Elle est là dans le silence, l’adoration. Jésus est expiré. Qui l’adore? Marie, Jean, les saintes femmes; histoire de tant d’églises!

Mais un bruit de pas se fait entendre. Tandis que les apôtres ont fui, les disciples timides ont pris courage. Joseph d’Arimathie est allé, non sans audace, demander à Pilate le corps de Jésus. Il lui est accordé. Longin prend la précaution de percer le coeur de la victime; les grâces en découlent avec surabondance. Joseph et Nicodème montent à la croix, en détachent le corps sacré, le déposent avec respect, selon la tradition, sur les genoux de sa mère. Il y avait reposé à Bethléem, il y repose au Calvaire.

Marie a les mains, les vêtements ensanglantés au contact des affreuses blessures faites à son Fils. Mais, encore une fois, c’est Marie qui célèbre la première la fête du corps du Seigneur. Ah! quel mystère! que de sacrilèges ne découvre-t-elle pas dans l’avenir, commis par la haine de Satan: l’abomination des prêtres, les crimes, les ingratitudes, l’impénitence déicide des fidèles, les fureurs des hérétiques? L’oeil de Marie voit tout cela, et veut en ce moment offrir à son Fils une amende honorable anticipée. Ah! que le culte de Marie pour le corps sacré de Jésus soit le modèle du culte que nous lui rendons nous aussi! Quelle plus belle manière d’honorer le corps de Jésus que de le faire en union avec Marie, la plus parfaite des adoratrices! Et surtout quand l’âme est dans la douleur.

Le corps de Jésus entouré de parfums est enveloppé dans le suaire que sa mère est trop pauvre pour lui fournir; il a été apporté par Joseph d’Arimathie. Il semble que c’en est fait de Jésus. Ah! il serait voilé à tout jamais pour sa mère, si ce n’était le corps d’un Dieu.

La marche funèbre s’organise vers le tombeau où Jésus va être déposé, et Marie l’accompagne.

Tels furent les derniers hommages de Marie à son Fils. Tels sont les hommages que les chrétiens lui rendent quand ils s’occupent de ses autels. L’autel est un tombeau, le corporal est un suaire, les cent livres de parfum sont les prémices de l’encens. Adorons Jésus descendant du ciel à la voix du prêtre, comme Marie adora Jésus descendu de la croix, et si à ses pieds nous lui demandons des consolations, souvenons-nous qu’un des caractères du culte de l’Eucharistie, c’est la tristesse à la pensée de ce que la victime auguste a souffert pour nous, et de ce que nous devons souffrir avec elle.

II. Marie à la sépulture de Jésus.

Si, quand le suaire eut été jeté sur la face sacrée du Sauveur, Marie éprouva le sentiment de cette solitude que l’amour seul peut ressentir quand l’objet aimé disparaît à jamais, quelle impression n’éprouva-t-elle pas quand le tombeau fut ouvert, que Jésus y fut enfermé et que la pierre placée à l’entrée eut été scellée par la défiance des pharisiens!

Et maintenant elle retourne à Jérusalem sans Jésus. Que se passa-t-il dans cette première soirée, silencieuse, souffrante, dans l’agonie de la foi, de l’espérance, de l’amour? Ah! sans doute, elle savait, comme Job sur son fumier, que son Rédempteur était vivant; mais quand le devait-elle revoir? Question affreuse au milieu du triomphe de ses ennemis.

L’âme qui veut arriver à la perfection doit accepter toutes les séparations. Marie accepte la plus douloureuse de toutes, la séparation de son Fils. La pierre du tombeau se dressera désormais entre le Fils et la Mère. On voit ces douleurs ici-bas; mais qui a eu jamais à regretter une beauté, une perfection comme celle de Jésus?

Quelle mère a eu un coeur comme celui de Marie? Jésus en expirant avait pu dire à son Père: Mon Père je remets mon esprit entre vos mains. Marie, en se retirant du tombeau, pouvait dire à Jésus: Mon Fils, je laisse mon coeur entre vos mains.

Marie, restant par la pensée, par la douleur, par l’amour auprès du corps de Jésus expiré, apprend à mourir à elle-même. Jésus est réellement mort, mais il y a cette mort mystique de l’âme qui se sépare de ce monde, de toute chose créée, pour ne s’attacher qu’à Dieu. Cette mort, Marie quittant le tombeau de Jésus nous en donne l’exemple. Oui, il faut tout quitter, même la consolation de pleurer et de souffrir auprès de l’objet aimé. La compassion de Marie a pour terme cette grande leçon: mourir à soi-même comme Marie y est morte en quittant le tombeau de Jésus.

Mais quel travail mystérieux! Le premier homme fut créé le sixième jour, l’homme par excellence est mis à mort le sixième jour. Comme son père il se repose le septième, pour sortir glorieux quand, dans le repos, il aura pris sa vie transfigurée. Mais avant d’en arriver à ce point, Jésus semble avoir un tel besoin de souffrance, qu’il veut souffrir non seulement dans son coeur, mais dans celui de sa mère.

Ah! quel trait de lumière! la douleur est un châtiment, mais depuis que Jésus l’a prise, qu’après la sienne il en a imposé à Marie la part la plus grande que puisse porter une créature, je veux me rappeler que la plus grande marque d’amour que Notre Seigneur puisse donner, c’est de faire beaucoup souffrir, afin d’apprendre à supporter et s’il le faut, à désirer la souffrance.

Notes et post-scriptum
1. Ps. XXX, 6. -Luc. XXIII, 46.