OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • VINGT-CINQUIEME JOUR
    MARIE ET LA RESURRECTION
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 455-460.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 BIEN SUPREME
    1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
    1 GRACE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MOIS DE MARIE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REDEMPTION
    1 REINE DU CIEL
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
    2 JEAN, SAINT
    2 LUC, SAINT
    2 MATTHIEU, SAINT
    2 PAUL, SAINT
    2 PIERRE, SAINT
  • 1875
La lettre

Le temps de tristesse est passé. Les saintes femmes sont allées au tombeau, et les anges, leur montrant la pierre qui le scellait enlevée, leur disent: Surrexit, il est ressuscité(1). Les femmes empressées courent annoncer cette nouvelle aux apôtres. Peut-on croire qu’ils(2) ne l’annoncent pas à Marie, supposé que Jésus ne la lui ait pas annoncée lui-même?

Or, Jésus ressuscité n’a pas de plus grand désir, comme fils, que de communiquer à sa mère les fruits de sa résurrection.

Modèle pour nous, car si Jésus communique ces fruits, Marie les reçoit, en profite, et, comme nous devons les recevoir à notre tour, examinons et approfondissons.

Marie se prépare à ressusciter, 1° par la constante pensée du ciel; 2° par un accroissement de grâces, prélude de la gloire du ciel; 3° par l’imitation plus parfaite des vertus de Jésus triomphant au ciel.

I. Pensée du ciel.

Si consurrexistis cum Christo, quae sursum sunt quaerite ubi Christus est in dextera Dei sedens, quae sursum sunt sapite, non quae super terram(3). L’Apôtre ne met pas en doute que nous soyons ressuscités avec Jésus-Christ. L’effet du prodige s’est étendu du vainqueur de la mort sur tous ceux que sa mort avait rachetés. Il ne faut pas l’oublier, Jésus-Christ ressuscité ressuscite l’humanité en lui: conresuscitavit nos(4), dit l’Apôtre. L’oeuvre de la résurrection semble commune à Jésus-Christ et aux hommes. Mais alors les sentiments doivent aussi être communs: si consurrexistis cum Christo, quae sursum sunt quaerite.

Ah! quels doutes pouvons-nous avoir sur les sentiments tout célestes de Marie; c’est d’elle certainement que l’on pourra dire que sa conversation est dans le ciel(5)! La nôtre aussi doit y être. Mais quel poids ne nous arrête pas aux choses de la terre? Cruelle alternative. Les sens nous enchaînent, la foi nous élève, et dans cette lutte du goût des choses du ciel et des choses de la terre, combien de fois ne succombons-nous pas aux choses d’en bas? Constante n’est plus en bas pourtant que Jésus-Christ se trouve, il est en haut, in dextera Dei sedens. Voilà la vérité. Jésus est au ciel, Marie sur la terre ne pense plus qu’au moment où elle montera au ciel. Et nous, quand désirerons-nous le ciel comme notre patrie, et prendrons-nous le dégoût de la terre?

II. Accroissement de la grâce, prélude de la gloire.

Ubi est, mors, stimulus tuus(6)? O mort où est ton aiguillon? En effet, la mort est vaincue. Mais ne reste-t-il rien à faire? Beaucoup, certainement. Or, Jésus-Christ et Marie nous servent de modèles. Déjà Jésus-Christ est transformé. Sans doute, il n’est pas encore monté à son Père, mais il est prêt à y monter, et il est glorieux. Son corps qui est sorti spiritualisé du tombeau, qui passe à travers les murs, qui se montre et se cache à la vue à volonté, qui sans appui se lèvera quelques jours plus tard dans les cieux, constante corps est l’indice de la gloire de l’âme.

Jésus-Christ est déjà glorieux. Mais quelle créature fera-t-il le plus participer au triomphe de sa résurrection? Ne sera-constante pas Marie? Et que se passera-t-il dans cette âme bénie ornée de tant de privilèges? Plongeons-nous par la pensée dans ses abîmes de vertus creusés par la grâce: l’humilité, le don de soi, l’obéissance, la foi, l’espérance, l’amour; poursuivons, cherchons, à quelle profondeur n’arriverons-nous pas? Or, ces grâces accordées sont le gage de celles qu’on nous accordera. Jésus glorifié les apporte avec surabondance à sa mère, et par les grâces qu’elle reçoit ici-bas, nous pouvons prévoir la gloire qui l’attend dans le ciel.

Et tout cela nous est une grande instruction. Christus ascendens in coelum captivam duxit captivitatem; dedit dona hominibus(7). Les fruits de la résurrection ne sont pas seulement pour Jésus et Marie, ils sont pour tous les hommes qui voudront en profiter. Nous sommes affranchis, la captivité est à son tour captive, et tous les dons nécessaires au salut sont à notre disposition. Profitons-en et marchons dans la voie des saints, afin d’être glorifiés comme Jésus, le Saint par excellence, qui ne devait pas voir la corruption du tombeau: non dabis Sanctum tuum videre corruptionem(8), et [comme] Marie la Reine des saints.

III. Imitation de la part de Marie des perfections de Jésus.

Pourquoi Marie ne meurt-elle pas de douleur au pied de la croix? Pourquoi ne ressuscite-t-elle pas avec lui? Pourquoi avec lui ne monte-t-elle pas au ciel? Ah! il convient qu’elle reste sur la terre pour me donner ici-bas le modèle d’une créature croissant dans toute sainteté. Marie est pour nous, pendant un temps considérable, un modèle merveilleux.

Mais l’on peut dire qu’après les douleurs de la Passion, il y a pour l’âme qui veut s’immoler quelque chose d’admirable dans certains états par où il plaît à Dieu de la faire passer. Pour elle un monde s’évanouit et un monde nouveau commence. Constante n’est pas le ciel, c’en est le vestibule; constante n’est pas la gloire, c’est la sainteté que la gloire couronnera bientôt.

Ah! quand comprendrai-je que je puis en union avec Marie passer sur la terre, d’un monde à un autre, de la mort à la vie, du sommeil à l’action, en attendant que je passe du combat d’un jour au triomphe éternel!

Notes et post-scriptum
2. Il semble qu'il faudrait: *elles*, et non pas *ils*; il est naturel, en effet, que les saintes femmes aient couru chez Marie pour lui apprendre l'heureuse nouvelle. Cependant, le P. d'Alzon a écrit *ils*. Est-constante à cause du mot *apôtres* plus voisin, qui aura provoqué cette déviation grammaticale? Ou bien a-t-il voulu dire que les apôtres, et surtout saint Jean qui avait recueilli chez lui la Mère du Sauveur, n'auront pas manqué de lui dire la nouvelle de la résurrection? Dans constante dernier cas, le pronom *ils* est tout à fait justifié.1. Matth. XXVIII, 6. -Luc. XXIV, 6.
3. "Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d'en haut, où le Christ, est assis à la droite de Dieu; goûtez les choses d'en haut, et non les choses de la terre." (Coloss. III, I, 2.)
4. Ephes. II, 6.
5. *Nostra autem conversatio in caelis est*. (Philip. III, 20.)
6. Hebr. II, 14.
7. "Le Christ montant au ciel a conduit une captivité captive (il a emmené avec lui ceux qui étaient captifs, les justes de l'Ancien Testament qu'il a tirés des limbes), il a donné des dons aux hommes." (Ephes. IV, 8.)
8. Ps. XV, 10. Constante passage du ps. XV est cité par saint Pierre dans son discours du jour de la Pentecôte (Act. II, 27), et par saint Paul parlant aux Juifs dans la synagogue d'Antioche de Pisidie. (Act. XIII, 35.)