OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • VINGT-SIXIEME JOUR
    MARIE ET LE SAINT-ESPRIT
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 460-464.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 CHARITE DE MARIE
    1 EPOUSE DU SAINT-ESPRIT
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 MERE DE L'EGLISE
    1 MOIS DE MARIE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 PUISSANCE DE LA SAINTE VIERGE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SAINT-ESPRIT SOURCE DE LA CHARITE
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 TEMPLE DU SAINT-ESPRIT
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 LUC, SAINT
    3 JERUSALEM, CENACLE
  • 1875
La lettre

Après l’Ascension, Marie, nous disent les Actes des Apôtres, était avec les disciples, attendant la descente du Saint- Esprit(1). En avait-elle besoin? Quoi! la créature pour qui le Saint-Esprit avait le plus fait ici-bas, avait-elle besoin de nouvelles communications? Et oui, les abîmes appellent les abîmes (2) et (3), il en faut toujours de nouveaux, il faut sans cesse des grâces plus abondantes, un amour plus brûlant, et tel est le motif de la présence de Marie au cénacle, le jour de la Pentecôte.

1° Elle y était pour elle-même; 2° elle y était pour l’Eglise.

Examinons comment, à son exemple, nous devons attirer le Saint Esprit dans nos coeurs pour nous et pour le prochain.

I. Marie recevant le Saint-Esprit pour ses propres besoins.

En effet, nous avons toujours besoin de Dieu et de son amour. C’est la condition de notre nature bornée de pouvoir se dilater toujours davantage par la grâce du Dieu qui, l’ayant créée, l’a rachetée et veut la sanctifier par son amour. Marie, sous ce rapport, n’est pas d’une autre condition que nous. Elle avait beaucoup plus de lumières que le reste des hommes et ces lumières lui montraient ce qu’elle pouvait encore acquérir. Elle aimait, et son amour allumait en elle une immense soif d’aimer encore davantage. Le Saint-Esprit lui avait donné un Dieu pour fils, mais l’Eglise ne craint pas d’appeler Marie l’épouse du Saint-Esprit. L’Esprit d’amour était jaloux de lui donner tous les jours davantage, et Marie était heureuse de recevoir tous les jours plus, pour pouvoir plus donner.

Nos âmes ne sont pas appelées les épouses du Saint-Esprit, mais elles en sont les temples, et si nous contristons le Saint- Esprit par le pêché, nous le réjouissons par la pratique des vertus, par notre amour, par notre reconnaissance. Or, c’est là où il faut en venir. En quoi veux-je faire des progrès dans l’accroissement de ma vie spirituelle? Ce progrès sera proportionné à l’action que je laisserai au Saint-Esprit sur moi.

Etrange aberration de l’esprit humain. Dieu a le désir de verser en moi son amour et ses bienfaits, et je mets des obstacles à ces desseins de tendresse qui assureraient mon bonheur! Par l’infinie miséricorde de Dieu, je suis invité à plonger mon être dans la vie du Père, mon intelligence dans les lumières du Fils, mon coeur dans l’amour du Saint- Esprit, et je ne le veux pas. J’hésite. Encore une fois, étrange égarement!

Je me tournerai vers Marie et je la conjurerai, au nom des grâces nouvelles que le Saint-Esprit lui communiqua le jour de la Pentecôte, d’obtenir pour moi du Saint-Esprit de ces grâces victorieuses qui me subjuguent et me forcent à purifier tout mon être, afin que la Saint-Esprit me donne ces touches secrètes à l’aide desquelles je saurai aller à tout ce qui m’est demandé, dans la plus haute perfection que je sois capable d’atteindre.

II. Marie recevant le Saint-Esprit pour le bien de l’Eglise.

C’est là, certes, un des plus admirables mystères de la vie chrétienne que celui par lequel tous, tant que nous sommes, nous apportons notre pierre, grande ou petite, à l’édifice de la société de Dieu avec les hommes, à l’Eglise. Marie en avait fourni la grande pierre angulaire quand elle avait donné Jésus au monde, et certes, après un pareil concours, elle pouvait bien se reposer. Mais l’amour se repose-t-il jamais? Tant qu’il a quelque chose à consumer, il faut qu’il brûle; et tel était le coeur de Marie. Elle avait donné Jésus aux hommes, elle voulait maintenant donner les hommes à Jésus. Or, au Cénacle Marie était là, attirant par ses prières les dons d’en haut, veillant sur les futures destinées de l’Eglise, éprouvant les angoisses de l’amour maternel pour les ouvriers évangéliques et pour les âmes à sauver.

Ici Marie m’apparaît sous un double aspect, c’est l’humble Vierge dont, par le Saint-Esprit, l’amour s’associe à l’amour de son Fils pour les âmes. Modèle admirable des Saintes qui prient pour la conversion des pécheurs, pour la persévérance des justes. Marie est encore la Reine de l’Eglise. C’est au cénacle qu’elle prend possession de son titre de Mère et Reine de l’Eglise, et, en cette qualité, elle préside à cette communication de la vertu d’en haut, annoncée par son Fils à ses apôtres.

Quand, à mon tour, commencerai-je à me dévouer à l’Eglise par mes prières, par mon action? Quand demanderai-je au Saint- Esprit de faire de moi un instrument de moins en moins indigne, afin que je puisse servir l’Eglise avec tout le zèle qui convient à un fils de l’Eglise et de Marie?

Notes et post-scriptum
3. Image grandiose tirée des vagues de la mer qui se succèdent et semblent s'appeler l'une l'autre, en creusant des abîmes entre elles, symbole des maux qui fondent sur l'humanité, et aussi des grâces dont Dieu comble certaines âmes.1. Act. I, 14.
2. *Abyssus abyssum invocat*. (Ps. XLI, 8.)