OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • VINGT-SEPTIEME JOUR
    MARIE ET L'EUCHARISTIE
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 404-468.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 CHARITE DE MARIE
    1 CONCUPISCENCE DES YEUX
    1 CONFIANCE EN LA SAINTE VIERGE
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 ESPERANCE
    1 EUCHARISTIE
    1 FILS DE MARIE
    1 MERE DE DIEU
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MOIS DE MARIE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SAINTE COMMUNION
    1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
    2 JEAN, SAINT
    2 LUC, SAINT
    2 PAUL, SAINT
    3 BETHLEEM
    3 JERUSALEM, GOLGOTHA
    3 JERUSALEM, TEMPLE
    3 NAZARETH
    3 TIBERIADE, LAC
  • 1875
La lettre

Pendant les longues années écoulées entre la résurrection de Jésus et l’assomption de Marie, que de tristesses dans ce coeur maternel si la présence de Jésus ne l’eût pas consolée. Certes, on peut croire que le divin Sauveur daignait lui apparaître, mais elle avait l’Eucharistie.

Examinons les sentiments d’espérance que Marie puisait à l’Eucharistie, et les sentiments d’amour qu’elle en rapportait.

I. Espérance de Marie recevant l’Eucharistie.

La tradition rapporte que tous les jours Marie communiait de la main de saint Jean. Et pourquoi pas! Le Sauveur n’avait-il pas dit aux apôtres: Hoc facite in meam commemorationem (1)? Pour qui Jean pouvait-il le faire mieux que pour Marie? Et pourquoi, si Jean célébrait les saints mystères tous les jours, Marie n’y eût-elle pas participé? Qui en était plus digne qu’elle, et quelle créature y aurait eu plus de droits Dans la communion Jésus rendait à Marie ce qu’il en avait reçu, son corps formé dans les entrailles de la plus pure des vierges.

Mais en se donnant ainsi à elle par les mains de Jean ou de tout autre disciple du Seigneur, Jésus lui donnait comme consolation une espérance plus vive. Marie pouvait se croire abandonnée. Jésus est monté au ciel et Marie reste de longues années sur la terre. Que cette attente est longue! Mais Jésus vient par de fréquentes visites consoler cette créature admirable qu’il veut sanctifier encore par les angoisses de l’attente. On peut croire que si les premiers chrétiens conservaient chez eux le pain eucharistique, la première pensée de cette invention de l’amour appartient à Marie. En ce sens, Marie ne quittait pas Jésus. Quelle source d’espérance patiente pour cette mère!

Mais, à mon tour, n’ai-je pas la communion? N’ai-je pas le tabernacle? Pourquoi ne pas en profiter comme Marie? Pourquoi ne pas aller à Jésus pour me fortifier et apprendre à compter davantage sur le ciel? Pourquoi ne pas entrer dans cette admirable pensée d’espérance que, le corps de mon Maître gardant mon âme pour la vie éternelle, je ne dois plus, quand je l’ai reçu, avoir besoin de rien pour espérer. Il est entré le premier au ciel, il en descend pour m’apprendre à y monter. Quand donc ne vivrai-je que d’une vie céleste?

II. Amour de Marie en face de l’Eucharistie.

La dévotion pas excellence est l’Eucharistie, puisque c’est aller à Jésus-Christ tout entier. L’Eucharistie renferme et l’humanité et la divinité du Dieu fait homme. Ce que Jésus était à Bethléem, à Nazareth, dans les montagnes de la Galilée, sur le lac de Tibériade, au désert, au Temple, à la croix, il l’est dans l’Eucharistie; c’est le même Jésus, Fils de Dieu et Fils de Marie. Or, après sa glorieuse Ascension, que n’était-il pas pour sa mère quand elle communiait? et Marie communiant, que n’était-elle pas pour Jésus?

Jésus mourant avait dit à Marie en lui montrant le disciple bien-aimé: « Femme, voilà votre fils ». Et Jean célébrant le mystère et donnant à Marie le pain consacré pouvait lui répéter les mêmes paroles: ô femme, voilà votre Fils! Et qu’étaient les effusions de tendresse de Marie pour Jésus et de Jésus pour Marie? Qui le dira?

O femme, voilà votre Fils, non plus sous son apparence mortelle, mais pour vous, au moment où il repose sur vos lèvres maternelles, dans un état qui vous rappelle celui où il était avant sa naissance. C’est le Dieu vraiment caché, mais aussi le Dieu vraiment aimable et jamais plus aimé qu’il ne l’était par Marie.

Eh bien,il faudrait que la vérité de cet amour pût passer en moi. Comment est mon coeur à la communion? Et quand comprendrai-je toute la profondeur de ces paroles: Je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus-Christ qui vit en moi (2)? Mais cela ne se réalisera que quand j’aurai pris la grande résolution de vivre d’amour pour mon Maître.

Quel problème! j’aime les créatures, je m’aime moi-même par-dessus tout. Puis-je dire que j’aime Jésus-Christ? Etonnante question pour une créature comblée de tant de bienfaits par l’incommensurable miséricorde de mon Dieu. Telle est pourtant la vérité. Or, quelle plus magnifique mission pour un chrétien, pour un religieux surtout, que de se dévouer à faire aimer Jésus-Christ.

Marie, vous m’y aiderez et, par votre aide, Jésus sera aimé en moi, et je contribuerai à faire aimer Jésus par tous les efforts de Marie.

Notes et post-scriptum
1. "Faites ceci en mémoire de moi." (Luc. XXII, 19. -I Cor. XI, 24.)
2. "*Vivo autem, iam non ego, vivit vero in me Christus." (Galat. II, 20.)