OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • TRENTIEME JOUR
    TRIOMPHE DE MARIE AU CIEL
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 479-483.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE
    1 GLOIRE DE LA SAINTE VIERGE
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE DE LA SAINTE VIERGE
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 IMMACULEE CONCEPTION
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 MOIS DE MARIE
    1 NATIVITE
    1 PUISSANCE DE LA SAINTE VIERGE
    1 PURETE DE MARIE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REINE DES ANGES
    1 REINE DU CIEL
    2 BOSSUET
    2 LACHAT, P
    2 LEBARQ, JOSEPH
    3 JERUSALEM, GOLGOTHA
  • 1875
La lettre

« Si nous reconnaissions(1), dans la Sainte Vierge, qu’elle eût été assujettie aux ordres communs, nous croirions peut-être que son corps serait demeuré dans les ombres de la mort. Mais si nous y reconnaissons(2), au contraire, une dispense générale de toutes les lois: si nous y voyons une conception sans péché, un enfantement sans douleur, une chair sans rébellion, une vie sans tache, une mort sans peine; si son époux n’est que son gardien, son mariage, la protection de son intégrité(3), son Fils le fruit de son intégrité inviolable; si, lorsqu’elle le conçut, le Saint-Esprit tint la place de la nature, et les délices de la virginité, celle de la concupiscence, qui pourra croire qu’il ne lui soit rien arrivé de miraculeux dans sa sépulture? Joignez à cela que cette altération qui change nos corps leur vient sans doute du péché(4)… Qu’y avait-il à purger dans la chair de la Sainte Vierge?… » (Bossuet, t. II, p. 344.)

1° Marie portée au ciel par Jésus.

2° Marie glorifiée par Jésus.

3° Marie rendue puissante par Jésus.

I. Marie portée au ciel par Jésus.

On peut dire que Jésus descendant comme Verbe éternel du ciel en terre pour habiter parmi les hommes, avait pris le chaste sein de Marie comme le char de son humilité. Marie lui avait fourni son sang et son corps, conçu par l’opération du Saint-Esprit d’une façon sans doute toute merveilleuse; mais Marie avait été choisie à cause de son abaissement, de son humilité. Or, ce service que Marie avait rendu à Jésus, Jésus voulait le rendre à sa Mère. Seulement Marie n’avait pu rendre à son Fils qu’un service conforme à l’état que Jésus voulait prendre, mais Jésus voulait rendre à sa Mère un gage d’amour conforme à sa transformation dans le ciel. Jésus était enfin entré dans un état nouveau et il y introduisait Marie. Aussi l’Eglise la salue-t-elle appuyé sur son Bien-Aimé. Elle a besoin de son aide [pour ressusciter], mais gardons-nous de croire que Jésus le lui refuse; au contraire, il est jaloux, le moment venu, de lui rendre au ciel tout ce que Marie a fait pour lui ici-bas, et au delà.

Mais si, dans ce monde, je veux aller à Jésus, marcher sur ses traces, lui offrir ma vie tout entière, à l’imitation de Marie et dans la pratique des vertus dont elle me donne l’exemple: à coup sûr je ne tarderai pas à me transformer dans la plus haute perfection; et alors, à l’imitation de Marie, par Jésus même je serai transporté dans le ciel.

O heureuse l’âme qui, comme Marie, est attendue par Jésus à son dernier passage!

II. Marie couronnée de gloire par Jésus.

Jésus introduit lui-même Marie dans le ciel. Que fut cette bienheureuse rencontre? Quels élans d’amour de part et d’autre! Si Marie attendait Jésus, on peut bien dire que Jésus attendait sa Mère. Dans les secrets impénétrables de sa sagesse et de son amour, il avait retardé l’heure du rapprochement; mais enfin cette heure bénie a sonné, il faut enfin qu’un dédommagement soit donné à tant de retards. Que fera Jésus? C’est à lui à rendre à sa Mère une couronne accrue par les sacrifices d’une attente si longue. Qui dira la beauté du diadème, la splendeur de l’éclat royal, les lumières qu’il répand dans son intelligence, les flammes dans son coeur, le bonheur surabondant dont il l’inonde? Qui dira les enivrements de la Mère retrouvant son Fils, les gloires que le Fils verse sur la Mère?

Or, tout cela sera mon avenir, si je le veux, non au même degré, sans doute; mais à un degré qui ne me laissera rien à désirer, qui dépassera tout ce que je puis me figurer, si je suis fidèle. Loin donc d’être jaloux de la créature aimée de toutes les créatures, je dois lui souhaiter tous les accroissements de gloire possibles, puisqu’ils seront le type de la gloire que moi aussi je mériterai un jour, si je marche sur les traces de Marie.

III. Marie rendue comme toute-puissante par Jésus.

Marie n’est pas puissante par nature, elle l’est par communication; mais il a plu à Dieu de lui donner une puissance qui fît ressortir la puissance divine. Or, c’est cette puissance merveilleuse qui constitue comme un lien nouveau entre Jésus et Marie; mais un lien tout à notre avantage, car c’est pour nous faire plus de bien que Jésus appelle Marie à son aide, non pas qu’il ait besoin de personne, mais pour montrer d’abord son amour envers sa Mère, voulant ajouter à tant de titres un titre nouveau, celui de bienfaitrice des hommes, à cause de la puissance qu’il lui confère pour eux; ensuite son amour envers les hommes, pour qui il crée en quelque sorte de nouvelles sources de grâces et de bienfaits, afin d’établir combien il veut les rendre abondantes.

Marie participera donc à la puissance de Jésus. Au ciel, la Reine des anges se souviendra que, si elle est aussi la Reine des hommes, elle en est tout d’abord la Mère, et qu’après les avoir enfantés au Calvaire dans ses douleurs, elle peut les couronner au ciel dans sa gloire.

Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon commence cette méditation par une assez longue citation de Bossuet, dont il guillemette toutes les lignes, et qu'il termine par un renvoi au"tome II, p. 344." De quelle édition? Nous l'ignorons. Probablement de Lachat. Il faudrait l'avoir pour vérifier. Mais à force de recherches dans les *Oeuvres oratoires* de Bossuet, par Lebarq, nous avons trouvé le texte cité ici dans l'*Allocution pour la veille de la fête de l'Assomption, au collège de Navarre, en 1850*. Bossuet a repris ce même passage, au moins trois fois, dans des sermons sur la *Conception de la Sainte Vierge*, en 1852, 1856 et 1868, y apportant quelques perfectionnements et surtout adaptant son texte au mystère qu'il prêchait. Ainsi la conclusion: "Qui pourra croire qu'il ne lui soit rien arrivé de miraculeux dans sa sépulture?" est remplacée par celle-ci: "Qui pourra croire qu'il n'y ait rien arrivé de miraculeux dans sa sépulture?" Le texte copié par le Père est exactement celui qu'on lit dans Lebarq, sauf deux mots, qui sont peut-être ceux que le Père lisait dans son édition, mais qui sont avantageusement remplacés par d'autres dans Lebarq. Nous les signalerons en note ci-après.
2. "Si nous y *remarquons*." (Edition Lebarq.)
3. "De sa *virginité*." (Edition Lebarq.)
4. "De *la corruption* du péché." (Edition Lebarq.)