OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
  • TRENTE-ET-UNIEME JOUR
    CONSECRATION A MARIE
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 483-489.
  • BH 5
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 CHARITE DE MARIE
    1 CONSEQUENCES DU PECHE
    1 FOI
    1 FOI DE LA SAINTE VIERGE
    1 HUMILITE
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE DE LA SAINTE VIERGE
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 MERE DE DIEU
    1 MERE DE L'EGLISE
    1 MOIS DE MARIE
    1 PURETE DE MARIE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REINE DES ANGES
    1 REINE DU CIEL
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 VERTU DE CHASTETE
    2 JEREMIE
    2 LUC, SAINT
    2 PAUL, SAINT
    2 ZACHARIE, PROPHETE
    3 BETHLEEM
    3 EGYPTE
  • 1875
La lettre

Au terme de ce beau mois, nous devons faire un traité avec celle dont nous avons contemplé les vertus. Nous devons lui promettre de les imiter. Essayons de faire comme un bouquet de celles qui semblent nous convenir davantage et promettons lui de les porter dans notre coeur. Ce sera notre ressemblance avec elle.

I. Son humilité.

Le péché est entré [dans le monde] par l’orgueil du démon qui disait à Dieu: Non serviam(1) et (2), et le Fils de l’homme est venu sur la terre pour détruire l’orgueil dans l’humilité de l’Incarnation et tous les anéantissements qui devaient en être la suite.

Or, il s’est servi pour instrument de ce mystère prodigieux, où un Dieu consentait à prendre toutes les infirmités de la nature humaine, de la plus humble de toutes les créatures. Qui a été plus humble que Marie? C’est son humilité qui a fixé le regard de Dieu [sur] celle qui devait être la Mère du Fils de Dieu.

Quand serai-je réellement humble? Quand m’abandonnerai-je à toute humiliation, telle que Dieu peut me la demander?

O Marie, il faut que ce soit aujourd’hui même, et ma consécration à votre service datera du jour [où] j’aurai vaincu mon orgueil et mon amour-propre. Je veux que ce soit sur-le-champ.

II. Sa pureté.

Quelle triste source de faiblesse pour l’homme, l’impureté! Les sens le dominent et L’Esprit de Dieu ne demeure plus en lui, parce qu’il est chair quia caro est(3). O esclavage de l’âme sous les chaînes de l’impureté! O liberté de l’ange et de l’âme rendue, par la pureté, la soeur des anges!

Marie toujours vierge et, si on peut le dire, rendue plus vierge par la pureté même de Dieu dont elle est la mère, Marie sera mon modèle. Comme Marie, je donnerai mon être tout entier à Dieu pour être plus pur, et Jésus-Christ me donnant avec son corps et son sang le pain des anges et le vin qui fait germer les vierges(4) et (5), m’aidera à vivre d’une vie tout entière consacrée à la pureté.

O Reine des anges, priez pour nous, afin que, sous les ailes des Séraphins qui entourent votre trône, nous ne brûlions que des flammes célestes et, y consumant toutes nos souillures, nous soyons dignes d’être les sujets et les fils de la Reine des vierges!

III. Sa foi.

Credidi, propter quod locutus sum(6), s’écriait le prophète. N’est-ce pas Marie surtout qui peut prononcer ces paroles, après qu’un age lui a annoncé qu’elle sera la Mère de Dieu? Quoi! une pauvre et ignorée créature? Oui, elle croit et elle donne son consentement. Ecce ancilla Domini(7). Elle croira, à Bethléem, qu’un Dieu veut naître dans une étable, veut fuir en Egypte, vivre trente ans dans le travail et l’obscurité. Elle croira malgré les rebuts essuyés par son fils. Elle verra son Dieu garrotté, flagellé, crucifié, expirant, déposé de la croix, réduit à l’état de cadavre, enfermé dans un tombeau, et elle croira, et sur ce tombeau scellé elle répétera son cantique: Magnificat anima mea Dominum(8), tant sera grande sa foi.

O Marie, en qui s’est incarné l’auteur et le consommateur de la foi(9), donnez-moi la foi qui transporte les montagnes, afin que, parlant conformément à ma foi comme David, je dise toujours: Credidi, propter quod locutus sum.

IV. Son recueillement et sa prière.

Marie, témoin des plus grands prodiges, les conservait dans son coeur, parce qu’elle était recueillie. Qu’a dû être la vie de Marie après l’Incarnation? Le corps de Jésus n’était plus dans ses chastes entrailles, mais l’esprit, l’amour de Jésus n’était-il pas toujours dans son coeur?

Voilà ce que je voudrais étudier pour apprendre l’union si recueillie de la pensée de Jésus avec la prière de Marie. Qui doutera que celui qui est le Verbe de Dieu, la vérité éternelle, la sagesse infinie, ne fût son docteur?

Pourquoi, après la communion, au pied de mon crucifix, devant le tabernacle, ne dis-je pas plus souvent Jésus-Christ: Mane nobiscum(10)?

O Jésus, qui aviez absorbé les pensées, les sentiments, la prière de Marie, pourquoi n’absorberiez-vous pas mon être tout entier? Pourquoi, à l’imitation de votre Mère, ne m’efforcerais-je pas de me recueillir, de prier, de penser en vous? Pourquoi ne deviendrais-je pas enfin un religieux de recueillement et de prière?

V. Son amour pour Dieu, Jésus-Christ, l’Eglise. Son zèle pour le prochain.

Quel est l’attrait de Marie? Dieu. Dominus possedit me in initio viarum suarum(11) et (12). Marie dans l’ordre de la création a été le premier être dont Dieu se soit préoccupé, et l’on peut dire que le premier éveil de l’intelligence de Marie a été Dieu. Dieu était son principe, son but, il était aussi son centre. Peut-on supposer un autre repos pour Marie que Dieu? Mais Dieu lui avait donné son Fils, et comme ce Fils était Dieu, elle l’aimait, et comme son Dieu et comme son Fils. Et comme l’oeuvre par excellence du Fils, sur la terre était l’Eglise, que le fils s’était acquise par son sang: Marie, après Dieu et Jésus son Fils, n’aimait rien tant que l’Eglise. Enfin, comme l’Eglise n’est instituée que pour les élus, Marie avait, dès le commencement, une tendresse spéciale pour les élus.

Tel est l’ordre de l’amour de Marie, et tel doit être l’ordre de mon amour: Dieu, Jésus-Christ, l’Eglise, les âmes.

O Marie, au terme de ces exercices offerts à votre gloire, faites que, comprenant votre raison d’être, dans la pensée de Dieu, j’y trouve la raison de mon existence; et, qu’ornant mon âme de toutes les vertus qui ont embelli votre âme, je sois, étant votre imitateur, votre fils d’adoption; que je trouve en vous un modèle de perfection qui attire votre tendresse, et me fasse arriver à cette sainteté qu’à vos pieds Dieu récompensera un jour au ciel.

Ainsi soit-il!

Notes et post-scriptum
2. Jérémie reproche ce langage sacrilège à Israël, qui le proféra souvent, sinon en termes exprès, du moins par ses actes. Ce passage, au sens spirituel, est souvent appliqué au prince des démons, que sa criminelle révolte précipita dans les enfers. Mais au sens littéral il s'agit du peuple juif en révolte contre la loi de Dieu: "Dès les temps anciens tu as brisé mon joug, tu as rompu mes liens, et tu as dit: Je ne servirai pas."
5. Le P. d'Alzon se rapporte à ce passage du prophète Zacharie. Le froment et le vin dont il y est question sont la figure de l'Eucharistie, qui est la nourriture des élus, le breuvage qui fait croître la pureté des âmes saintes. Mais c'est une interprétation accommodatice. Le sens littéral d'après l'hébreu est: "Combien est grande sa bonté, combine est grande sa beauté (du pays): le froment fera croître les jeunes hommes et le vin les jeunes filles." L'Eglise de Dieu, terre meilleure et plus belle, a aussi un froment plus nutritif pour les âmes qu'il rend particulièrement fortes, et un vin plus généreux qui engendre la virginité dans les coeurs.
12. Il s'agit ici de la Sagesse éternelle, le Verbe du Père. Saint Paul, en divers passages, en fait l'application à Notre-Seigneur Jésus-Christ, et l'Eglise l'applique mystiquement à la Sainte Vierge, en tant qu'elle a été prédestinée de toute éternité à être la mère du Verbe incarné.1. "*Je ne servirai pas*." (Jér, II, 20.)
3. Gen. VI, 3, 12.
4. *Quid enim bonum eius est, et quid pulchrum eius, nisi frumentum electorum et vinum germinans virgines*. (Zach IX, 17.)
6. "J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé." (Ps. CSV, 10.)
7. "Voici la servante du Seigneur." (Luc. I, 38.)
8. "Mon âme glorifie le Seigneur." (Luc. I, 46.)
9. "*Aspicientes in auctorem fidei et consummatorem Iesum*" (Hebr. XII, 2.)
10. "Restez avec nous." (Luc. XXIV, 29.)
11. "Le Seigneur m'a possédée au commencement de ses voies." (Prov., VIII, 22.)