- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR NOTRE-SEIGNEUR DANS L'EUCHARISTIE
- JESUS-CHRIST HOMME
- Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 498-502.
- BH 5
- 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
1 ACTION DE GRACES
1 ADORATION
1 AGONIE DE JESUS-CHRIST
1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 CONTRITION
1 CORPS DE JESUS-CHRIST
1 EUCHARISTIE
1 HUMANITE DE JESUS-CHRIST
1 HUMILITE
1 IMITATION DE JESUS CHRIST
1 JESUS-CHRIST MODELE
1 PERFECTIONS HUMAINES DE JESUS-CHRIST
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
1 SAINTE COMMUNION
1 SANG DE JESUS-CHRIST
1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
1 TIEDEUR
1 UNION A JESUS-CHRIST
2 JEAN, SAINT
2 PAUL, SAINT
2 PILATE
3 JERUSALEM, JARDIN DES OLIVIERS - 1875
Le divin Maître a voulu nous donner l’exemple et c’est pourquoi il s’est fait homme. Il nous donne l’exemple par sa sainte humanité, et toute sa vie est notre modèle perpétuel; mais il a voulu nous donner l’esprit de ses exemples, et voilà pourquoi, ne s’en rapportant à personne, il vient en nous dans l’Eucharistie, selon sa sainte humanité.
1° Homme, il prend nos misères pour nous enseigner à les sanctifier.
2° Homme, il nous donne ses perfections humaines.
I. Jésus-Christ prend nos infirmités.
Quand Jésus eut institué l’Eucharistie, il se rendit au jardin des oliviers pour y tomber dans une agonie telle que son âme fut triste à en mourir. Puis, il se releva et, quand il eut été livré aux Gentils, Pilate le présentant au peuple s’écria: Voilà l’homme!
Oui, le voilà dans ses humiliations, sous le poids de la haine, de la jalousie, de la vengeance. Voilà le condamné à mort prêt à monter au calvaire. Et voilà qu’après avoir été victime pour mes péchés, [il] veut devenir ma nourriture. Ecce homo! Et pour cela, ce n’est pas seulement le Dieu qui s’anéantit, c’est l’humanité. Voilà un peu de pain, un peu de vin placé sur l’autel, un homme prononce quelques paroles mystérieuses, et ceci est le corps de Jésus-Christ, ceci est le sang de Jésus-Christ; et je me nourrirai du corps d’un homme et je m’abreuverai du sang d’un homme.
Quel prodige et quel bouleversement des idées! Pourquoi? Pour m’apprendre quels anéantissements peut opérer l’amour, et par quelles merveilles Dieu descend jusqu’à nous à travers son humanité.
O Jésus, mon modèle, êtes-vous assez anéanti? Et puis-je enfin comprendre à quelle vie d’anéantissement je dois me porter pour être un saint?
Ce corps que je reçois a été broyé, garrotté, meurtri, souffleté, insulté, couvert de crachats, flagellé, couronné d’épines, attaché à la croix, pour moi. Ce sang qui me désaltère a été répandu jusqu’à la dernière goutte par amour pour moi. Et c’est mon modèle.
Quand donc, considérant à quel point Jésus se charge de mes misères, prendrai-je la résolution de l’imiter dans ses humiliations, et lui donnerai-je la preuve que je veux qu’il ne se soit pas anéanti inutilement pour l’amour de sa misérable créature?
II. Jésus-Christ homme nous communique ses perfections humaines.
Je reçois dans l’Eucharistie la sainte humanité de Jésus, et voilà que par une action très intime Jésus-Christ agit en moi pour renouveler tout mon être, si je le laisse faire. Et pourquoi donc m’y opposerais-je? Jésus-Christ n’est-il pas ma vie? Ah! si je savais recevoir cet homme parfait au devant duquel nous devons toujours aller!
Mais je le reçois tous les jours par l’Eucharistie, et puisque son humanité se communique à moi, pourquoi n’en pas prendre tous les sentiments? Hoc sentite in vobis quod et in christo Iesu(1), me dit l’Apôtre. Pourquoi ne pas m’appliquer à prendre en moi, tous les jours, les sentiments de Jésus dans le plus profond de mon coeur? Sentiments d’amour, d’adoration, de repentir, de louange, de demande, d’action de grâces envers son Père et envers lui; sentiments de sainte amitié pour son humanité si admirable; sentiments de confusion de toutes mes ingratitudes; sentiments d’immolation et de sacrifice pour moi; sentiments de charité envers le prochain, en union avec tout ce que Jésus-Christ consent à faire pour les hommes. Oh! quand donc commencerai-je cette vie de détachement absolu des choses de la terre, pour entrer dans tous les sentiments de Jésus-Christ, n’ayant qu’une pensée, laquelle était sa nourriture, la pensée de faire la volonté de son père(2)!
Mais si les sentiments de Jésus-Christ sont vrais en moi, je ne dois pas seulement sentir comme lui, je dois parler comme lui. Mes lèvres empourprées de son sang, ma langue trône de son corps sacré au moment de la communion, ont besoin d’exprimer ce qui s’est passé au dedans de moi. Oui, l’amour me force à parler: Eructavit cor meum verbum bonum(3). La foi me force à parler: Credidi, propter quod locutus sum(4), surtout quand je possède dans mon âme l’auteur et le consommateur de la foi. Ah! pourquoi, après la communion, mes paroles sont-elles si tièdes? Pourquoi ne sont-elles pas vivantes comme Jésus, la vie et la résurrection?
J’ai communié, j’ai reçu Jésus; est-ce que ses actions ne doivent pas être le principe de mes actions? Puis-je mieux faire que de le laisser agir en mi et que de me constituer son instrument obéissant? Sa vie doit être ma vie, et comme cette nourriture divine est plus parfaite que moi, ce n’est pas à elle à se transformer en moi, c’est à moi à me transformer en elle(5), afin de ne plus vivre que de la vie de Jésus-Christ: Vivo, iam non ego, vivit vero in me Christus(6).
O Jésus, qu’il en soit ainsi, et que votre humanité s’unissant à la mienne, je devienne par la communion de votre Corps sacré un homme nouveau, je devienne vous, autant qu’il est possible à mon amour et au vôtre. Ainsi soit-il!
2. *Meus cibus est ut faciam voluntatem eius qui misit me. (Ioan. IV, 34.)
3. "De mon coeur a jailli une excellente parole." (Ps. XLIV, 2.)
4. "J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé." (Ps. CXV, 10.)
6. "Je vis, non ce n'est plus moi, mais c'est le Christ qui vit en moi." (Gal. II, 20).