OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

• OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
• PREPARATION A LA RETRAITE
• Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 10-13.
• CO 13

• 1 ASCESE
  1 ATTENTION
  1 BIEN SUPREME
  1 CHAIR
  1 EFFORT
  1 ETRE HUMAIN
  1 FAIBLESSES
  1 GRACE
  1 ILLUSIONS
  1 INTELLIGENCE
  1 RETRAITE DES RELIGIEUX
  1 TRAVAIL
  1 VERITE
  1 VOLONTE
• 1875

Cette retraite, d’une si grande importance pour moi, portera des fruits de vie ou de mort, selon que je remplirai ou ne remplirai pas deux conditions.

Elle sera bonne ou mauvaise, suivant l’attention de mon intelligence et l’effort de ma volonté.

I. Attention de mon intelligence.

Dans les choses humaines, qui réussit? Ceux qui réfléchissent, les hommes attentifs. L’attention est la condition première de tout développement intellectuel. Il en est de même dans l’ordre surnaturel. Dans le ciel même, l’extase le ravissement, n’est que l’attention poussée au plus haut point par la jouissance de la vérité inondant l’intelligence de ses clartés infinies.

Entre l’état naturel et la gloire, il y a un état intermédiaire; c’est le mien, si, aidé de la grâce, je fixe mon attention, d’une manière forte et sincère à la fois, sur les vérités qui me sont proposées. Je voudrais être attentif: mais l’esprit est prompt et la chair est faible(1). Ma chair, c’est-à-dire mes sens, distraient sans cesse mon esprit et font de moi un être vulgaire. Quand, aidé de la grâce, me fixerai-je par une attention victorieuse sur les grands sujets qui me sont proposés? Quand les scruterai-je surtout dans leurs conséquences pratiques? Car c’est là l’essentiel!

Ce sera la grande lutte de ma retraite. Il est dit dans la parabole: Exiit qui seminat, seminare(2). Le divin Semeur jette son grain dans les sillons de mon âme, le retiendrai-je ? Mon attention le fera-t-elle fructifier? Cela dépend de la lumière de Dieu; mais combien cela ne dépend-il pas de mon attention? O Dieu, rendez-moi attentif à votre parole intérieure.

II. Effort de la volonté.

Mais quand j’aurai écouté avec attention ce que Dieu aura dit au fond de mon âme, ce ne sera pas tout. Que de chrétiens savent ce qu’ils ont à faire et ne le font pas! N’en suis-je pas là moi-même? Non enim auditores legis iusti sunt apud Deum, sed factores legis iustificabuntur(3).

Je veux examiner les efforts auxquels je dois me porter. Que suis-je? Peut- être un honnête homme, comme on dit. -Ah! il y a dans le monde tant d’honnêtes gens qui seront damnés parce qu’ils n’ont été que des hommes honnêtes, et en même temps des chrétiens, des religieux même, indignes d’un si beau titre! Suis-je un chrétien médiocre, un religieux affadi? J’ai si peu de volonté! Je suis si peu capable d’efforts! Aussi, à quels dangers cette volonté impuissante ne m’expose-t-elle pas! Je n’y avais pas pensé. Quelle excuse! Toujours est-il que je n’ai pas combattu. Je n’ai pas eu le courage de combattre; je n’ai pas su vouloir lutter; l’ennemi m’a facilement vaincu.

Les illusions sont venues à leur tour, mais je n’ai pas même su faire l’effort de souffler sur ces brouillards. Les illusions? mais leur charme m’a captivé. En ce moment même, est-ce que je ne me fais pas illusion, parce que je ne sais pas vouloir?

Que dirai-je du travail? La sentence est portée; il me faut gagner mon pain à la sueur de mon front. Est-il légitimement gagné? La paresse ne m’engourdit-elle pas? Pourtant Jésus-Christ a dit: Regnum coelorum vim patitur, et violenti rapiunt illud(4). Quels efforts de volonté ai-je faits? Et pourtant, je suis chrétien, je suis religieux. Que suis-je venu faire dans l’Eglise, sinon me sauver? Que suis-je venu faire dans le cloître, sinon me sanctifier?

Seigneur, pardonnez-moi mes légèretés et mes faiblesses. Donnez-moi votre grâce. Je vous promets d’être attentif et de faire tous les efforts nécessaires à mon salut et à ma perfection.