OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • DE LA RETRAITE
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 13-18.
  • CO 14
Informations détaillées
  • 1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 EXERCICES RELIGIEUX
    1 FAIBLESSES
    1 LUTTE CONTRE LE MAL
    1 NEGLIGENCE
    1 PIETE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 RENOUVELLEMENT
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 TEMPLE DU SAINT-ESPRIT
    1 TENTATION
    1 VERTUS
  • 1875
La lettre

Renovamini spiritu mentis vestrae(1). -J’entre en retraite, et laissant pour le moment de côté les sentiments, les dégoûts, les répugnances, les terreurs avec lesquelles j’y entre, je veux examiner ce qu’est la retraite. Je réponds: la retraite est un temps de rénovation, et je me pose ces deux questions: I° Qu’est-ce que le renouvellement? 2° Comment dois-je me renouveler?

I. Ce qu’est le renouvellement de la retraite.

1° Ne nous faisons pas illusion. Quand l’âme a passé un certain temps sans se regarder dans son fonds, elle est effrayée, si elle veut descendre au dedans d’elle-même, de trouver sinon un temple entièrement renversé, au moins un temple en ruines.

Je suis le temple du Saint-Esprit, marqué une première fois au baptême, mais d’une manière plus admirable encore à la confirmation.

J’étais le temple du Saint-Esprit que suis-je devenu? Mon coeur est-il le trône de l’amour divin? Hélas! que de poussière souille le pavé du sanctuaire! Que de ronces à son abord! Que de dégradations à ses murs!

2° Ce temple avait ses ornements, les fleurs les plus belles y étaient déposées. C’étaient des vertus divines dont la semence était tombée du ciel, mais que devait développer, avec la rosée d’en haut, la volonté, fortifiée par la grâce. Ces belles fleurs, se sont flétries, ces vertus penchent sur leur tige. Aucune sève ne circule; leur parfum s’est évaporé, leur éclat a disparu. Il ne reste que les vestiges d’un orage et de ses dévastations, ou d’une sécheresse non moins funeste.

3° C’est que depuis longtemps aussi les habitudes saintes étaient négligées. Peu de préparation à mes confessions, peu de contrition d’avoir commis le péché, point de résolution de ne plus le commettre. Quelle satisfaction après l’absolution? Peut-être aucune.

Et mes communions? Que de distractions, de légèreté, de tiédeur à la sainte Table!

Que dire de mes exercices de piété? Comme tout cela disparaissait peu à peu, depuis un temps considérable! Qu’en reste-t-il? De mes lectures, de mon chapelet, de mes visites au Saint Sacrement?

Tout cela ne constitue pas la perfection, mais j’y trouve les moyens d’exercices qui m’aident à l’acquérir. Aussi la piété n’est-elle pour moi qu’une déplorable routine, j’en laisse tout ce que je puis, et ce qui en reste me semble un poids insupportable.

4° Que dirai-je des tentations? Combien de fois n’y ai-je pas succombé, sous prétexte qu’elles étaient sans importance? Et pourtant, je sens fort bien que l’esprit du mal étend son joug sur moi, et plus dur et plus écrasant.

Eh bien! ce temple, il faut le relever et le restaurer d’après le plan divin. Ces fleurs, ces vertus, il faut leur rendre leur fraîcheur primitive. Ces saintes habitudes, il faut leur rendre leur force et leur ferveur d’autrefois. Cette piété, il faut en rallumer l’ardeur éteinte. Ces tentations, il faut leur opposer les armes spirituelles, les combattre, les vaincre, et reconquérir une liberté nécessaire à une nouvelle vie.

II. Comment dois-je me renouveler?

1° Je suis entré en retraite pour méditer sur les maladies de mon âme. Sans être encore mortelles, elles sont nombreuses. De toute part l’affaiblissement se fait sentir en moi. De toute part se manifestent les plus affligeants symptômes. Or, pendant ces jours de recueillement, il faut que je constate quels progrès ont fait mon orgueil, ma vanité, mes, jalousies, mes lâchetés, ma paresse spirituelle, le dégoût du service de Dieu. Je dois avoir le douloureux courage de fouiller dans cette boue; il me faut remonter jusqu’à la racine du mal et me rendre compte des moyens de l’extirper: premier moyen de renouvellement spirituel.

2° Autrefois, je sentais en moi la nécessité de vivre d’une vie supérieure à la pente de ma nature. Je me rendais compte de la différence absolue entre la vie d’un chrétien vigoureux et d’un chrétien endormi. Aujourd’hui je n’en ai plus qu’un vague souvenir. Tout cela est mauvais, je retombe dans cette vulgarité grossière radicalement incapable d’aucun sentiment délicat envers Dieu. Je dois revenir à cette vie intérieure où l’âme se retrempe dans un monde plus pur, plus divin. Cela me sera pénible, à cause de mes habitudes prises, et auxquelles, hélas! je tiens beaucoup trop. pourtant, je le veux, et je m’élèverai de nouveau vers les hauteurs où Dieu m’appelle.

3° Je parlais tout à l’heure de tentations. Il n’est que trop vrai que je n’ai pris aucune précaution pour les vaincre. Or, pendant ces jours, je dois demander à Dieu de me faire découvrir toutes les ruses de l’enfer, afin d’être mieux à même de les déjouer. Combien de fois ces ruses, ne sont-elles d’autant plus redoutables que parce que je ne les aperçois pas?

4° En face de mes ennemis, je dois préparer un plan sérieux de campagne, tenir compte de ma nature, de mon tempérament, de mon caractère, de ma vocation, des circonstances qui m’entourent. Mais je dois me rendre un compte sérieux du but que je veux atteindre et des moyens à employer pour cela. Qu’une retraite, à ce point de vue, me sera utile, si je fais avec conscience ce travail intérieur!

5° Ce qui est sûr, c’est qu’à certaines époques de ma vie, je sentais en moi des dispositions meilleures et comme des germes de vertu prêts à éclore, s’ils n’avaient déjà percé à la surface de mon coeur. Où en suis-je? ou plutôt où en sont ces grains jetés en moi par le divin Semeur? Je veux donner une culture nouvelle à ces vertus compromises, perdues peut-être.

6° En fin, je veux rebâtir le temple où le Saint-Esprit descendra, et pour cela l’invoquer au fond de mon âme, entrer dans un commerce nouveau avec lui. Je veux que dans ce sanctuaire il me parle, il m’enseigne. Je veux l’écouter et marcher selon ses inspirations. Beatus homo quem tu erudieris Domine, et de lege tua docueris eum(2).

Notes et post-scriptum
1. Renouvelez-vous dans l'ep,rit de votre âme." (Eph. IV 23) -Il faut entendre par l'*esprit de l'âme* toutes les puissances toutes les facultés tous les sentiments de l'âme.
2. "Heureux l'homme que vous avez vous-même instruit Seigneur, et à qui vous avez enseignez votre loi. (Ps. XCIII 12.)