OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • SALUT
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 66-70.
  • CO 24
Informations détaillées
  • 1 AME
    1 ANGES
    1 BIEN SUPREME
    1 CONTRARIETES
    1 DIEU LE FILS
    1 DIEU LE PERE
    1 EGLISE
    1 ENFANTEMENT DES AMES
    1 ILLUSIONS
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 INSENSIBILITE
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE MORTEL
    1 PERFECTION
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 ROUTINE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SATAN
    1 TEMPLE DU SAINT-ESPRIT
    1 TIEDEUR
  • 1875
La lettre

Rogamus… vos, fratres…, ut vestrum negotium agatis(1). -Quelle est l’affaire par excellence? C’est l’affaire du salut. Est-il nécessaire de fixer sur un sujet pareil la pensée des religieux ou de ceux qui veulent le devenir? Eh! oui, car il y a des religieux damnés et qui, par conséquent, se sont mal occupés de leur salut. J’en veux examiner: 1° l’importance; 2° les obstacles.

I. Importance du salut.

Rien de plus important que le salut. C’est l’éternelle pensée de Dieu. En ce monde qu’y a-t-il de plus excellent que notre âme? Rien. Dieu les veut voir toutes saintes: haec est voluntas Dei sanctificatio vestra(2). J’adore, ô mon Dieu, votre éternel amour qui a toujours voulu mon salut, ma sanctification.

O Dieu vous avez tant aimé le monde que vous avez donné votre FiLs. Il est venu du ciel en terre pour me racheter, et c’est vous qui l’avez donné de toute éternité. Votre amour me le présentait, et moi je n’y pensais pas. Il me fâchait d’y penser, parce que cette vue eût arrêté la violence de mes passions et l’habitude de mes péchés.

Pourquoi, Sauveur Jésus, avez-vous pris un corps semblable au mien?. -Pour souffrir dans ce corps, pour le faire garrotter, flageller, attacher à une croix, percer de clous; pour assouvir la haine de l’enfer; pour en faire une victime qui apaisât la justice de mon Père.

O Esprit-Saint, pourquoi avez-vous été envoyé par le Fils? -Afin de faire de nos coeurs des temples nouveaux, des sanctuaires purs; afin de tout consumer du feu divin; afin d’apporter la vérité, la grâce, l’amour.

Pourquoi les anges? -Pour être les esprits administrateurs, chargés d’un ministère auprès de ceux qui sont appelés à recevoir l’héritage du salut. Ils sont tous employés à ce ministère: Nonne omnes sunt administratorii spiritus, in ministerium missi propter eos qui haereditatem capient salutis?(3)

Pourquoi l’Eglise? -Pour me prêcher la doctrine céleste, m’enseigner la loi de Dieu, me conférer les sacrements, sources des grâces d’en haut.

Voilà ce que Dieu fait pour mon salut. Et moi que dois-je faire? N’est-il pas évident que l’Apôtre a raison de dire que mon salut est mon affaire par excellence: rogamus vos fratres… ut vestrum negotium agatis?

II. Obstacles au salut.

Ils sont nombreux, chez le religieux surtout.

1° L’illusion. Il semble que tout ce que j’entends s’applique aux autres et pas à moi. La vie plus parfaite que je dois mener semble m’affranchir des obligations communes, et alors, laissant les obligations communes, négligeant les obligations parfaites, je ne me soumets à aucune. D’où il résulte que, l’illusion aidant, je m’endors dans une vie des plus dangereuses.

Illusion provenant du faux sentiment de ma dignité. Je me crois quelque chose. Ma dignité de religieux ou de prêtre me préoccupe bien plus que le sentiment de mes devoirs. Certes, je suis favorisé de Dieu dans ma vocation spéciale et plus parfaite, mais à une condition, c’est que j’en accomplirai les devoirs.

2° La routine. Ce que l’on croit devoir faire, on le fait machinalement, sans mérite, sans fruit, sans vertu. La vie est douce, on la rend plus douce en effaçant certaines aspérités, en atténuant les austérités, en traitant légèrement les points les plus sérieux de la vie religieuse. On va sans trop penser. C’est un char sur une pente douce. La routine, la tiédeur, le sommeil moral: Satan n’en veut pas davantage. A un moment inconnu de nous, prévu par lui, il nous entraîne dans un péché mortel. Nous y sommes tombés par routine, par routine nous y resterons. Nous sommes damnés, le but de Satan est atteint, c’en est fait de notre salut.

Seigneur, ne permettez pas que je succombe à la routine.

3° L’endurcissement. On fuit toute peine. On voudrait ne pas commettre de trop énormes fautes, mais on ne voudrait pas être trop bourrelé par le remords. On se passe ses fantaisies, en les justifiant par quelque raison théologique. Ah! qu’elles abondent, ces raisons, pour jeter leurs voiles sur certaines consciences cautérisées!

Le temps de la retraite est fait pour dissiper les illusions, briser la glace de la routine, broyer la dureté de mon coeur endurci. Veux-je en profiter?

Seigneur, ayez pitié de moi selon votre grande miséricorde(4). Que je ne me damne pas, ô mon Dieu. mais que, par votre grâce, je fasse mon salut!

Notes et post-scriptum
1. "Nous vous exhortons, frères..., à vous occuper de ce qui vous est propre." (I Thess. IV, 10, 11.) Au sens littéral, saint Paul exhorte les Thessaloniciens à vaquer à leurs affaires temporelles; mais on peut l'entendre, au sens spirituel, de l'affaire principale du salut.
2. I Thess. IV, 3.
3. "Ne sont-ils pas tous des esprits qui servent, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent recevoir l'héritage du ciel." (Hebr. I, 14.) 4. *Miserere mei, Deus, secundum magnam misericordiam tuam*. (Ps. L, 8.)