OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

• OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
• LES TENTATIONS
  LEURS CAUSES
• Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 91-94.
• CO 29

• 1 EGOISME
  1 EMPIRE DE SATAN
  1 EPREUVES SPIRITUELLES
  1 FIDELITE A LA GRACE
  1 HAINE DE SATAN CONTRE JESUS-CHRIST
  1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
  1 LUTTE CONTRE SATAN
  1 PECHE ORIGINEL
  1 PECHES CAPITAUX
  1 SATAN
  1 TENTATION
  1 TRIPLE CONCUPISCENCE
  2 RAPHAEL, SAINT
  2 TOBIE, BIBLE
• 1875

Les causes des tentations sont: 1° la corruption originelle; 2° la haine de Satan; 3° la permission de Dieu(1).

I. La corruption originelle.

Quand j’envisage le fonds de malice et de faiblesse qui est en moi, puis-je être surpris d’être sans cesse tenté? A chaque instant, de mauvais désirs montent de mon coeur et cherchent à se satisfaire. C’est l’orgueil, l’ambition, le désir de plaire, la critique, le murmure, l’imagination avec ses folies, le plaisir avec ses excès, l’envie, la jalousie, la haine, enfin je ne sais quelle impiété pratique qui, sans attaquer Dieu directement, cherche à se passer de lui. Je suis si disposé à me faire centre de toutes choses et à ne compter Dieu pour rien! Or, tout cela est mauvais, et si je ne réagis pas, le poids de ma lâcheté m’entraînera bientôt et me précipitera. Je n’ai donc pas à me plaindre des autres: je suis à moi-même une su fisante cause de tentations de toutes les espèces, et de séductions plus ou moins subtiles, mais d’autant plus dangereuses qu’elles naissent de mon propre fonds.

II. La haine de Satan.

Je sais sa haine contre moi. Il me déteste, et parce que je suis la créature de Dieu et parce que je dois occuper la place qu’il a laissée vide au ciel. Hélas! que de choses tristes il médite sans cesse contre moi! Avec son intelligence si étendue, avec ses expériences si prolongées, il connaît à fond les côtés faibles de ma nature, et les victoires qu’il a remportées lui servent de leçons pour en remporter de nouvelles. Par sa nature, il est supérieur à l’homme, et sa haine ne peut pas avoir plus de fin que son supplice.

Condamné à haïr Dieu, qu’il ne peut atteindre, il a l’infernale consolation d’avoir puissance sur ses oeuvres, et c’est sur elles qu’il se venge des douleurs éternelles auxquelles sa révolte l’a condamné. Tel est l’ennemi que j’ai en face de moi. Que de précautions ne me sont pas nécessaires pour résister à ses coups déclarés et à ses embûches secrètes!

Seigneur, Dieu de tout bien, secourez-moi contre le prince du mal et des ténèbres, et que mon amour pour vous me mette à l’abri de sa haine et de ses fureurs!

III. La permission de Dieu.

Que ma corruption originelle, que la haine de Satan me soient une source de tentations, je le conçois; mais que Dieu permette et rende comme nécessaire la tentation, n’est-ce pas trop fort? Pourtant, il en est ainsi: « Parce que vous étiez agréable au Seigneur, il a fallu que la tentation vous éprouvât »(2), dit l’ange Raphaël à Tobie, privé si longtemps de la vue.

Ainsi, Dieu veut que je sois tenté, et c’est de sa part une preuve d’amour, parce que c’est pour moi une source de mérites et de récompenses, si je sais résister à la tentation. Seulement, il faut que je résiste, ce qui m’est quelquefois pénible. Jésus-Christ m’a appris, dans l’Oraison dominicale, à demander d’être préservé des tentations, et quand saint Paul demande, à trois reprises, d’en être délivré, Dieu lui répond: « Ma grâce te suffit! »(3) Oui, Dieu aime que nous soyons tentés, pour nous secourir dans les tribulations que nous causent les tentations. Iuxta est Dominus iis qui tribulato sunt corde(4).

O mon Dieu! s’il vous plaît que je sois tenté à votre exemple, je ne refuse pas, pourvu que votre force m’assiste. Ah! sans doute, votre grâce me suffit, mais qu’il me la faut grande, à cause de mon extrême indigence et de mon extrême misère! Donnez-moi, mon Dieu, toutes les armes dont j’ai besoin pour combattre mon ennemi, la force de les porter et la science de m’en servir. Faites de moi un bon soldat, luttant sous votre étendard, et méritant, après voir été par vous vainqueur, d’être un jour couronné par vous.

Ainsi soit-il!