OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • TENTATIONS
    LEURS AVANTAGES
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 98-101.
  • CO 31
Informations détaillées
  • 1 CIEL
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 HUMILITE
    1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 POSSESSION DE DIEU
    1 SATAN
    1 TENTATION
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIGILANCE
  • 1875
La lettre

Puisque Dieu permet que ses amis soient tentés, la tentation doit être un bien et porter d’heureux fruits. Quels sont-ils?

I. L’humilité.

J’ai été tenté. Ou j’ai résisté, ou j’ai succombé à la tentation.

Si j’ai résisté, j’ai pu juger avec quelle peine, j’ai pu voir quels efforts m’étaient nécessaires, et combien par moi-même j’étais incapable de remporter la victoire. Cela ne me donne pas une haute opinion de moi, sans compter que je ne me suis pas retiré du combat sans emporter quelques blessures.

Si j’ai été vaincu, j’ai encore moins sujet de m’enorgueillir. Or, que de luttes contre les sens, le monde ou Satan ne se terminent-elles pas par des déroutes? Que de fois j’ai dit: je résisterai; et que de fois, le danger arrivé, j’y ai succombé! C’est très dur, très pénible, et pourtant c’est ainsi.

En tout cela, quel aliment à mon orgueil? Aucun. Seigneur, que le sentiment de ma faiblesse me rende humble!

II. La vigilance.

Notre-Seigneur recommande la vigilance et, certes, quiconque étudie son âme avec ses combats sent combien la recommandation est nécessaire. Oui, je dois veiller sur moi, sur mes défauts, sur mes côtés faibles; je dois être toujours en garde contre l’ennemi invisible, contre Satan qui cherche à me dévorer et qui m’attaque sous toutes les formes et par tous les moyens (1).

Cette vigilance, j’en vois la nécessité dans le souvenir de mes chutes passées. Si j’eusse veillé, serais-je tombé si honteusement, en tant de circonstances?

III. La prière.

Je dois veiller, mais je ne dois pas veiller seulement: il faut encore que je prie avec autant d’insistance que l’ennemi en met à m’attaquer. Oh! que la tentation est bonne pour me forcer à recourir à Dieu que j’oublie si facilement dans les temps de calme. La tentation, en me faisant sentir le besoin urgent de secours, ravive en moi du même coup le sentiment de la prière, si souvent négligée, quand j’ai moins à craindre.

Ce m’est, sans doute, une grande honte d’avoir ainsi besoin d’être excité par de tels moyens pour me tourner vers mon Père; mais il est ainsi.

Seigneur, je prierai parce que, sans vous, je succombe et que je trouverai ma perte, dans la tentation, si vous ne venez vous-même m’arracher à ses dangers.

IV. Le combat.

La vie de l’homme est un combat incessant. Il me faut sans cesse lutter. La paix, en un sens, n’est pas de ce monde. Donc je lutterai jusqu’au dernier moment.

Mais que d’avantages dans cette lutte puisque, par la vigilance j’apprends à me connaître, par la prière je me rapproche de Dieu, et par le combat aidé de la grâce, ma vertu se fortifie et mes mérites s’accroissent. Je combattrai donc comme un vaillant soldat.

Ah! Seigneur, si, comme saint Paul, votre Apôtre, je pouvais dire: « J’ai combattu le bon combat, bonum certamen certavi! »(2) Je le dirai, mon Dieu, si je vous suis fidèle, et vous poserez alors sur ma tête la couronne de justice.

V. Le désir du ciel.

La continuité de la guerre inspire le besoin du repos. Or, je ne me reposerai qu’au ciel. Ah! que mon exil est pénible!

J’ai à combattre chaque jour, ô mon Dieu, vos ennemis et les miens! Quand viendra l’heure de mettre bas les armes? Voilà, Seigneur, mon désir en pensant à votre royaume. Quand m’y recevrez-vous? J’en vois tant qui succombent avant d’y parvenir! J’ai moi-même été si souvent blessé! Mon Dieu, quand vous posséderai-je, après le combat, dans la paix éternelle et l’éternel bonheur?

Notes et post-scriptum
1. *Fratres sobrii estote et vigilate, quia adversarius vester diabolus tanquam leo rugiens circuit quaerens quem devoret*. (Petr. V, 8.)
2. II Tim. IV, 7.