OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • L'AMOUR DES AISES
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 118-121.
  • CO 36
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AMOUR DES AISES
    1 AUSTERITE
    1 AVARICE
    1 DEPENSES
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 LACHETE
    1 OUBLI DE SOI
    1 PARESSE
    1 PAUVRETE
    1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
    1 PENITENCES
    1 PEUR
    1 SANTE
    1 TRAVAIL
    1 VERTU DE FORCE
  • 1875
La lettre

Quelle triste chose que de se laisser amollir et de perdre l’énergie chrétienne et religieuse dans l’amour de ses aises! Pourtant, que de chrétiens, de prêtres, de religieux, tombent dans cette vie! Je sais bien que j’y ai une sorte de penchant; dans quelle mesure dois-je le combattre?

Je veux avoir le courage de descendre au fond de mon coeur et de voir: 1° les effets de l’amour de mes aises; 2° les points sur lesquels je dois insister pour combattre cet amour si peu glorieux.

I. Effets de l’amour de mes aises.

1° La recherche de tout ce qui est contraire à la pauvreté. -On ne se procure pas certaines aises sans dépense; et à quel point la pauvreté en souffre, c’est une question sur laquelle il peut m’être désagréable d’insister. Il est sûr que j’ai à faire, à cet égard, un examen très sérieux, parce que, après tout, je donne peut-être un scandale.

2° La paresse. -Si j’aime mes aises, je n’aime pas à me déranger, je n’aime pas à me gêner, je n’aime pas à travailler. Qu’est-ce que cette disposition, sinon la paresse? Mais suis-je libre de mon temps? Ne suis-je pas, comme religieux, lié par la sainte pauvreté? Ne suis-je pas obligé de gagner mon pain à la sueur de mon front? Or, l’amour de mes aises trouve cela révoltant. Pourtant, il faut que je travaille.

Suis-je religieux ou ne le suis-je pas? Et, si je le suis, pourquoi suis-je paresseux, pourquoi succombé-je si souvent à l’amour de mes aises?

3° La peur. -Je suis sans cesse préoccupé de ce qui peut m’arriver: ma santé devient mon idole; je crains toujours que quelque chose ne me manque, et, à mesure que mes jours avancent, je crains d’en voir finir le cours. J’ai peur de la mort, j’ai peur de la souffrance, j’ai peur de tout.

N’est-ce pas là mon état vrai? Encore une fois, quel rapport entre un état pareil et l’état religieux? Et quand voudrai-je me souvenir de mes engagements?

II. Comment dois-je combattre l’amour de mes aises?

1° C’est bien simple, en réagissant constamment contre ce que les sens me demandent, et en m’exerçant, autant que ma santé me le permet, à une vie dure. Quand une fois on entre dans la voie des retranchements, nul ne peut dire jusqu’où il ira. Sans doute, la vie d’un religieux appelé à la vie apostolique ne peut être celle du religieux voué à la pénitence ou à la contemplation, et pourtant, que de retranchements ne peut-on pas s’imposer? Et si je veux m’y mettre sérieusement, quel degré de vertu n’atteindrai-je pas?

2° En me portant courageusement à l’action que Dieu veut de moi. -En agissant, je m’use. Il est vrai qu’il s’agit que ce soit pour Dieu, mais rien ne s’y oppose. Sans doute, les divers âges comportent une action diverse. Mais la question vraie est celle-ci: Que fais-je pour prouver à Dieu que je le sers de toutes mes forces? Si je n’agis pas, les preuves que je puis donner sont nulles. O mon Dieu, que de lâcheté dans mon action passée, parce que j’ai préféré mes aises à votre service!

3° En m’efforçant d’acquérir le courage chrétien. -Rien ne ruine une armée comme la facilité à y vivre mollement; rien ne ruine un couvent comme la vie aisée, commode. Quel rapport entre les aises et la pénitence? N’y a-t-il pas là une fondamentale contradiction?

O Dieu, naissant dans une crèche, vivant dans un atelier et mourant sur une croix, après n’avoir pas eu où poser votre tête pendant votre vie évangélique, faites-moi comprendre comment je dois fuir mes aises pour vous ressembler, et n’être pas condamné avec le monde qui les recherche avec tant de passion!

Notes et post-scriptum