OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • LE CARACTERE
    [TROISIEME MEDITATION]
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 141-145.
  • CO 42
Informations détaillées
  • 1 CARACTERE
    1 CHATIMENT
    1 ENERGIE
    1 ESPRIT FAUX
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 FOI
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 IMITATION DES SAINTS
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MAITRISE DE SOI
    1 PAIX DE L'AME
    1 PATIENCE
    1 PREVOYANCE
    1 PURETE D'INTENTION
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 TENTATION
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VIGILANCE
    2 PAUL, SAINT
  • 1875
La lettre

Quel est mon caractère? Est-il mauvais? Tant pis; et qu’il doit faire souffrir les autres! Est-il bon? Tant pis, car rien m’expose à l’illusion comme un bon caractère. On se croit un saint parce qu’on a une nature facile.

Quel caractère dois-je avoir? Un caractère chrétien. Il y a un fond sur lequel je dois travailler. Si mon caractère est mauvais, je dois le dompter; s’il est bon, je dois le sanctifier.

I. Comment dompter mon caractère?

1° par la prévoyance. -Si j’ai l’habitude de succomber à certaines occasions, le parti le plus simple à prendre est de les éviter, et, pour cela, je suis obligé de prévoir. Cette conversation m’irritera? je m’arrangerai pour ne pas l’avoir. Cette confidence m’impressionnera? j’éviterai les confidences, d’autant plus que certaines confidences n’ont d’autre résultat que de rétrécir les points de vue. On tourne dans une roue, et l’on revient sans cesse sur soi-même. Qu’y gagne-t-on? La perte de la charité. Il me faut prévoir les occasions d’aigreur, d’impatience, de faiblesse, de jalousie, tout ce qui peut dégrader ou rapetisser mon caractère.

2° La vigilance. -Le caractère, c’est une maison à entretenir, surtout si elle est mal construite. Si je la surveille, si je fais les réparations dès que c’est nécessaire: tout va bien, peu de frais y suffisent. Mais si je laisse des gouttières aux toits, des lézardes aux murs, des fentes aux portes: bientôt tout s’en ira en ruines. De même pour le caractère. Si je surveille un mouvement d’humeur, un léger accès de jalousie, de caprice, une vivacité, une parole, contraire à la charité, si je tiens constamment mon caractère en bride: tout ira bien; mais si je me laisse entraîner, hélas! hélas! où n’arriverai-je pas?

3° La lutte. -Il est des circonstances où il faut prendre le taureau par les cornes pour le jeter à bas. L’effort sera pénible, j’y serai meurtri, mais il faut vaincre. C’est un ennemi découvert et dont il faut venir à bout à guerre ouverte. Ainsi, plus de ménagements envers moi-même. Je souffre et fais souffrir.

Il faut que cet état cesse.

Veux-je être écrasé par mon caractère? Un chrétien n’accepte pas cela. Alors si mon caractère est violent, il faut que je l’écrase.

4° Par le châtiment. -Saint Paul châtiait son corps, c’est bien autre chose de châtier son caractère.

Et comment le châtier?

D’abord en m’imposant certaines pénitences quand je verrai que j’ai été vaincu; puis, en me rappelant que les meilleures pénitences sont celles qui sont prises dans la nature du défaut ou du vice que je veux corriger. Orgueilleux, je m’humilierai; fier, je serai prévenant; haineux, je serai bienveillant; vindicatif, je pardonnerai, et le reste. Mais je ne passerai jamais, rien à mon mauvais caractère.

Au fait, la ressource et la consolation des mauvais caractères, c’est que les autres ne leur font pas beaucoup de mal. Ils s’en font bien assez à eux-mêmes!

II. Comment sanctifier mon caractère?

1° Par l’esprit de foi. Les caractères doivent être non seulement exempts de défauts, mais doués de vertus. Que me font les vertus purement naturelles? Sans doute, ces vertus peuvent étre une préparation éloignée, mais il me faut quelque chose de plus: il me faut la vertu divine, il me faut les lumières et les forces de la foi, sans lesquelles je ne puis rien [pour me sanctifier].

2° Par la pureté d’intention. -Que de caractères faux, parce que les intentions sont fausses. Il faut que je veuille sincèrement le bien, que j’agisse par les motifs les plus nobles, les plus élevés, les plus généreux, et dès lors, les plus purs. Mais qu’il importe que j’écarte le mensonge! On peut, il est vrai, rencontrer la sincérité avec la faiblesse, l’étroitesse et l’entêtement. Mais ce sont là des défauts dont je puis ne pas être responsable, si je suis réellement humble.

3° Par l’humilité. -L’entêtement et l’étroitesse sont guéris par l’humilité, car l’humilité produit l’obéissance, et dans l’obéissance s’assouplit l’entêtement. Et alors, peu importe que j’aie le caractère étroit, pourvu qu’en m’abaissant par l’humilité j’obéisse. De plus, ce qui peut se trouver d’aigre, d’impatient, d’emporté, de prétentieux, d’exigeant, disparaît avec un caractère humble. L’humilité m’apprend que je n’ai droit à rien. Voilà la source des discussions sur mes prétendus droits supprimée. Je n’ai qu’un parti à prendre, me taire accepter en silence, et posséder mon âme dans la patience(1) et la paix: grand fruit de l’humilité, et qui transforme le caractère.

4° Par l’énergie. -Quelque faible que je sois, je puis tout en Celui qui me fortifie, et c’est sur quoi je dois compter. Oui, il faut de l’énergie pour sanctifier mon caractère, mais cette énergie, je ne la puiserai pas en moi, je la puiserai en Dieu.

Seigneur, faites que je prenne pour modèle de mon caractère votre caractère divin, dont les perfections resplendissent à travers tous les détails de votre vie ici-bas.

Faites que, pour m’approcher de vous, je descende au fond de mon âme et que j’y grave les traits principaux de vos grands serviteurs dont le caractère pourrait servir de type au mien.

Le caractère des saints a brillé par quelque trait distinctif. Que ces traits me soient présents, a fin que je les imite, et que, par leur réalisation en moi, je m’approche toujours plus de vous, ô mon Dieu, par la ressemblance de votre sainteté.

Notes et post-scriptum
1. *In patientia vestra possidebitis animas vestras*. (Luc. XXI, 19.)