OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • SENTIMENT DE LA PERFECTION (1)
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 167-170.
  • CO 47
Informations détaillées
  • 1 ACTE DE PERFECTION
    1 BEAUTE DE DIEU
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CONTRARIETES
    1 DEGOUTS
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 FAIBLESSES
    1 IMITATION DE DIEU
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 INGRATITUDE ENVERS DIEU
    1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 NEGLIGENCE
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PECHE
    1 PERFECTION
    1 SPIRITUALITE TRINITAIRE
    1 TRISTESSE
    1 VOIE UNITIVE
  • 1875
La lettre

Ce sentiment produit en général dans l’âme deux impressions: il l’écrase sous le poids d’une grande tristesse; il l’embrase de grands désirs.

I. Impression de tristesse.

Cela semble étonnant, il en est pourtant ainsi pour qui veut y faire quelques sérieuses réflexions.

1° Du moment que je mets la main a l’oeuvre, quels regrets ne dois-je pas éprouver à la vue de mes imperfections, de tout le temps perdu, de ma vie écoulée sans résultats [pour mon avancement], de mes chutes si nombreuses et si déraisonnables, car les religieux manquent bien souvent de raison, et d’autant plus qu’il leur est plus facile de voir clair! D’autre part, l’âme qui tend avec sincérité à la perfection a des lumières plus abondantes, et ces lumières lui dévoilent encore plus ses propres misères; elle voit mieux ce qu’elle est quand elle sait plus exactement ce qu’elle doit être. Et quelle tristesse d’être si loin du terme qu’il faut atteindre.

2° Je dois voir mes chutes. J’en ai fait, j’en ferai encore. Ah! quelle tristesse de tendre à la perfection, de commencer à marcher et de tomber sans cesse. Il est vrai que la résolution de ne plus tomber désormais n’implique pas la certitude que je ne tomberai plus; mais qu’il est triste de ne pouvoir jamais être assuré de soi-même!

3° Tristesse de mes ingratitudes. Elles sont comme infinies. Dieu m’a prévenu d’une multitude de bontés; je lui ai répondu par une multitude de négligences. Je n’ai pas apprécié sa tendresse, je n’ai rien compris à ses avances, et, au moment où le sentiment de la perfection se réveille en moi, je me demande si, malgré les touches les plus délicates du Saint-Esprit, je ne me hâterai pas de m’endormir de nouveau.

4° Tristesse du temps perdu. Quoi de plus affreux que de voir écoulé pour jamais un temps pendant lequel j’aurais pu devenir un saint! Et Dieu sait ce que je suis! Le temps a été accordé aux saints comme à moi; seulement ils l’ont employé d’une autre façon.

5° Tristesse à propos des obstacles qui surgissent de toute part. Eh! oui, sans doute, ils sont nombreux; mais ne puis-je pas les transformer en moyens? Les ennemis qui m’attaquent me sont une occasion de combat, mais aussi de victoire. Il s’agit de vouloir. Mais quelle vie dure que celle où il faut être sans cesse les armes à la main!

6° Tristesse au sujet du dégoût de Dieu. Ah! si je voulais toujours d’une ardeur égale! Mais il n’en est pas ainsi. Je veux et je ne veux pas. Je veux appartenir à Dieu, et puis le service de Dieu m’écrase et me dégoûte. Lutte incroyable et pourtant trop réelle.

Telles sont les diverses tristesses qu’excite le sentiment de la perfection, et contre lesquelles je dois lutter.

II. Désir de la perfection.

Je ne puis porter au fond du coeur le sentiment de la perfection, sans [en] éprouver le désir. Je veux en étudier les épanouissements.

1° C’est d’abord une impression de ce qui est parfait. Dieu m’a parlé au coeur par une instruction, une lecture, une conversation, une prière, un mouvement secret dont je ne puis me rappeler l’origine. Dieu m’appelle, je l’ai senti, et j’ai eu ensuite l’impression que si rien n’est grand, si rien n’est beau comme Dieu, il n’y a après lui rien de beau, rien de grand comme le chrétien qui cherche à l’imiter.

2° J’ai été épris du désir d’aimer Dieu. C’est une flamme allumée au fond de mon être, j’ai voulu qu’elle me consume et j’ai été saisi du désir d’aimer toujours davantage.

3° Mais cet amour n’a pas été une contemplation stérile: Si quis diligit me sermonem meum servabit(2). Celui qui m’aime obser vera ma parole et la pratiquera. Aimant Dieu de toute mon âme, j’ai le plus grand désir de lui prouver mon amour, et je ne puis lui en donner une preuve plus forte que de réaliser le sentiment de la perfection qu’il a mis en moi. Ce n’est qu’en Dieu seul que peut s’accomplir un désir pareil, et encore ne s’accomplit-il en Dieu que par Jésus-Christ.

Ah! voilà où je dois tendre: prendre Jésus-Christ pour mon docteur, ma lumière, ma force, mon modèle: tout est là.

Sauveur Jésus, rendez-moi parfait de la perfection que vous voulez communiquer à vos amis, et faites que cette perfection, but de tous mes désirs, réalisée en moi par votre grâce, soit la source de mon union avec votre Père et le Saint-Esprit par vous. Ainsi soit-il.

Notes et post-scriptum
1. Cette méditation est une des vingt de la *Retraite intime*.2. "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole." (Ioan. XIV, 23.)